« Qui est celui qui me dira qui je suis ? » Lear (Acte I, scène 4)
Spectacle en langue des signes et en langue française. C'est par le jeu des signes, des mots, des regards que l'humanité prend son sens.
Le roi Lear a trois filles : Goneril, Regan, et Cordelia. Goneril et Regan sont mariées ; Cordelia ne l’est pas. Lear décide de mettre un terme à son règne et de diviser son royaume entre ses trois filles. Il veut que ses filles lui déclarent leur amour pour pouvoir décider de quelle part reviendra à chacune. Goneril et Regan font d’extravagantes déclarations ; Cordelia en est incapable. Elle confesse que lorsqu’elle se mariera, elle aimera son époux plus que son père. Lear est furieux.
K.Lear s’ouvre sur le crépuscule d’un monde et s’achève sur une aube incertaine. En cette nuit symbolique, Lear et Cordélia revivent ensemble ce long cauchemar qui les a menés à la prison où ils se trouvent. Terrible traversée nocturne, au cours de laquelle, Lear, sous la conduite de sa fille, refait le chemin inverse de sa vie ; il en ressortira nu, prêt à la mort. Au terme de cette nuit, le roi démasqué, débarrassé de tous les attributs et illusions du pouvoir se découvre n’être plus… qu’un homme.
Et comment Cordélia peut-elle lui faire entendre cette vérité ? Comment dire le vrai dans un monde où le langage est devenu un instrument de corruption et de perversion ? Si le choix du langage des signes s’est d’abord imposé comme un axe majeur de ma mise en scène, une ligne de partage entre les personnages et un symptôme de la « conversion » de Lear, il est aujourd’hui devenu pour moi un véritable engagement, une volonté partagée d’ouvrir l’univers de Shakespeare au public sourd.
Marie Montégani
D’après La Tragédie du Roi Lear de William Shakespeare. Traduction de Jean-Michel Déprats. Adaptation en Langue des Signes Chantal Liennel, Philippe Galant et Anne-Marie Bisaro. Avec la participation de David Ayala, Gaëlle Belot (flûte), Christelle Séry (guitare), Lin Chin Pin (percussions).
7, cité Chaptal 75009 Paris