Le collectif espagnol KOR’SIA s’empare de Giselle, ballet romantique par essence, pour le faire entrer dans notre époque. L’amour fou est ici magnifié par une troupe à la folle espérance.
À l’origine du jeune collectif KOR’SIA, nous retrouvons les chorégraphes Antonio de Rosa et Mattia Russo ainsi que deux directeurs artistiques associés Giuseppe Dagostino et Agnès López-Rio. KOR’SIA avait déjà revisité des classiques auparavant, comme ce fût le cas de Somiglianza, une réinterprétation de L'après-midi d'un faune, ou leur dernière création, Giselle, une co-production avec les Teatros del Canal, Madrid, en décembre dernier. Réinterpréter des œuvres du passé afin de les situer dans l'actualité leur permet de récréer un imaginaire et comme disait le philosophe Paul Valéry : « Il n'y a pas des poèmes terminés. Il n'y a que des poèmes abandonnés ».
Giselle, qui s’inscrit dans ce répertoire turbulent, est l’une des plus belles histoires d’amour du ballet. À l’heure des technologies nouvelles bouleversant nos relations y compris sentimentales, que peut la danse… Dans un décor lumineux, Giselle devient sous nos yeux la figure de toute une génération juvénile, connectée et néanmoins à la recherche de l’amour vrai. L’écriture gestuelle de KOR’SIA s’appuie sur les ensembles, fougueux et l’engagement permanent des interprètes. Travail au sol, duos au plus près du corps, emprunts à la partition musicale d’origine, tout ici fait sens. Et si au final les cœurs se brisent renvoyant Giselle à elle-même, la danse nous aura, un temps, transportés.
1, Place du Trocadéro 75016 Paris