KVS - Mission

du 8 au 19 juin 2010
1h50

KVS - Mission

Un homme se tient devant nous. Immense comédien, il interprète un missionnaire belge, Père Blanc. Il parle de l'Afrique, du Congo. Et voilà que s'ouvre une incroyable méditation sur l'engagement, et sur la direction que prend notre monde. Bruno Vanden Broecke nous tord, nous bouleverse. Du grand théâtre.

La pièce
La presse
Entretien avec David Van Reybrouck

  • La pièce

On ne dira jamais assez la puissance des créateurs flamands. Un homme se tient devant nous. C’est un missionnaire. Il parle de l’Afrique. Il nous tord, nous bouleverse, nous sommes au pied du mur de nos vies. En Flandre c’est debout que les spectateurs ont salué ce spectacle. Une émotion immense et une gratitude. C’est un texte et un acteur. Mais quel acteur et quel texte ! Bruno Vanden Broecke, immense comédien, campe le rôle d’un de ces vieux prêtres qui ont voué leur vie à l’Afrique. Père blanc au Congo. Et voilà que s’ouvre une incroyable méditation sur l’engagement. Et sur la direction que prend notre monde. Parce que le moment est venu de réfléchir sur le rapport que nous entretenons avec la pauvreté, et sur la fidélité que nous donnons à nos principes, voilà ce que ce texte bouleverse.

Il parle du Congo comme si on y était, on pourrait fermer les yeux et se croire au milieu de ces conversations d’Afrique, avec leurs saveurs, le poids obsédant et tragi-comique des problèmes concrets. Et en même temps, c’est tout ce que nous sommes devenus qui remonte en nous. Et c’est à notre déchirure moderne que nous pensons. De son poste d’observation, avec sa naïveté et son opiniâtreté, le vieux missionnaire voit passer le monde présent : les humanitaires, le Congo voué au veau d’or, les guerres et l’insupportable violence. Mais lui, c’est autre chose. Un engagement de toute une vie. Une bataille sans merci pour maintenir la confiance.

  • La presse
  • « Grande performance d’acteur, Bruno Vanden Broecke restitue l’immensité et la complexité de l’ancien Congo belge, la pièce livre un regard vrai, plein d’interrogations, sur un pays insondable. » Libération, Sabine Cessou

    « Mission vous transperce comme une pluie d’Afrique, vous réveille à la vie et au monde. Miracle d’un auteur, qui, à partir de témoignages a su bâtir une tragédie moderne. Miracle d’un comédien, souverain tout au long de son monologue, il arrache rires, larmes et effroi à un public hypnotisé. » Les Echos, Philippe Chevilley

    « Les anecdotes sont toutes plus bouleversantes les unes que les autres, mélange de proximité et d’humour, d’émotion à vif et de vie coûte que coûte… On est au théâtre et on l’a oublié. On est au théâtre et on s’est laissé prendre par la charge de réel et de vrai qui émane de ce spectacle admirable. » Pariscope, Marie Plantin

    « Un don du ciel. » Knack

    « Une représentation époustouflante, dure et émouvante. » De Morgen

    « Un texte superbe... Une interprétation exceptionnelle. » Le Soir

    « Le spectacle de théâtre de l'année. » Klara

    « Un très grand acteur... Du vrai théâtre. » La libre Belgique

    « Bruno Vanden Broecke signe là son interprétation la plus bouleversante. Chapeau » De Standaard

    « Van Reybrouck enchaîne avec maestria les moments humoristiques, furieux, choquants et désespérés... et nous laisse sur le carreau. » NRC Handelsblad

    « (...) Bruno Vanden Broecke, impressionnant de vérité. » La Libre

    • Entretien avec David Van Reybrouck

    (Extrait)

    Dans quels lieux as-tu été et quelles personnes as-tu rencontrées ?
    J’ai parlé avec une quinzaine de personnes de divers ordres catholiques : des Jésuites, des Pères Blancs, des Pères de Scheut, des Oblats, des Capucins, des Franciscains, des Salésiens, etc. Partout au Congo : à Kinshasa, Kikwit, Bukavu, Goma, Kalima, Kamina, Lubumbashi et Likasi.
    Mais les entretiens cruciaux pour moi se sont passés dans l’est - ce n’est pas un hasard - à Bukavu et à Goma, le territoire entre le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, qui a souffert le plus pendant la toute dernière guerre et qui baigne toujours dans une atmosphère de guerre.
    Pour moi, ce contexte était crucial : je ne voulais pas obtenir le monologue d’un missionnaire qui vit ici dans une maison de repos, mais de quelqu’un sur place, qui a vécu la guerre et se débat avec la souffrance de cette guerre.
    Toutefois, ce n’est ni cette guerre ni le contexte historique du Congo pendant les 15 dernières années qui m’intéressent avant tout. Mais cela m’aide pour mener ma réflexion sur l’engagement du missionnaire.
    Comment peut-on encore réfléchir sur son Dieu quand on a vu quelqu’un passer avec un seau rempli d’yeux d’êtres humains ; comment peut-on encore croire en la bonté de l’être humain, quand on a été soi-même plusieurs fois plaqué au sol de son poste de mission et qu’on a crié : « Mais tirez donc ! »

    Que font les missionnaires que tu as rencontrés ?
    Ils sont souvent actifs dans des écoles, ou aumôniers dans les prisons, il y a ceux qui occupent les postes de brousse - les fameux « broussards » -.
    Très souvent aussi, ils travaillent dans le secteur paramédical. Près de Kikwit par exemple, ils s’occupent des victimes de sicklémie, une maladie héréditaire effroyable qui se caractérise par des anomalies des globules rouges et peut provoquer des douleurs intenses.
    Ce qui frappe, c’est la créativité incroyable dont ils font preuve : ils apprennent à faire eux-mêmes des prothèses, à bricoler des chaises roulantes. Et ils se démènent inlassablement pour trouver des fonds, notamment pour construire une clinique pour les yeux.
    Être missionnaire, en fait, c’est improviser pendant 90% du temps. Ils arrivent quelque part un mardi soir et le mercredi matin, ils donnent les premiers cours au petit séminaire de Bongolo, par exemple.
    L’un d’eux m’a raconté qu’il devait enseigner toutes les matières - français, économie, histoire, théologie… - mais pas le néerlandais, parce qu’il venait de la Flandre occidentale et qu’il avait un accent. Mais il pouvait donner le grec. Un autre missionnaire m’a dit : « Il y a trois choses à ne jamais oublier : votre moustiquaire, votre coffret de messe et une pince pour arracher les dents. »

    Aujourd’hui, ce n’est plus si simple de prendre la foi catholique au sérieux ou de comprendre comment cette foi peut être un terreau si éminemment fertile pour son engagement.
    C’est comme ça, tout simplement, et de ce point de vue, l’écriture de cette pièce est une lutte. Une lutte avec l’héritage de la foi catholique. Après une rencontre approfondie avec le catholicisme, je suis devenu athée, en conscience, assez jeune.
    Ce projet est pour moi une sorte de nouvelle rencontre avec le catholicisme et en même temps aussi un adieu définitif. Certains points de départ de la foi catholique sont devenus inacceptables à mes yeux. Il s’agit des axiomes très essentiels, comme l’existence de Dieu, de l’au-delà et du sens de la souffrance.
    En même temps, j’ai été très impressionné par plusieurs de ces missionnaires et je sais que mon admiration pour ces personnes, pour le travail qu’elles font, n’est pas détachée de leur foi.
    Camus a dit : « Il faut être un saint sans Dieu » . La question est de savoir s’il est possible « d’être missionnaire sans Dieu » . Même pour un artiste, c’est sacrément difficile de développer un engagement s’il n’est lié à aucune foi. Même si ce n’est que la foi en une sorte de dignité humaine.

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    Spectacle terminé depuis le samedi 19 juin 2010

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