L’Affiche décrit la violence insupportable d’un impossible quotidien sous occupation. La parole est donnée à ceux qu’on n’entend jamais, aux gens simples qui en subissent les impacts, des deux côtés du mur. En Palestine, lorsque quelqu’un meurt d’une cause reliée directement à l’occupation, des factions s’approprient sa mort, font une affiche avec la photo du martyr et en tapissent les murs du pays. Les murs en sont complètement recouverts…
La martyrisation est une arme de guerre extrêmement présente dans les deux camps. Abou Salem est imprimeur de ces affiches. Un jour, il se retrouve à imprimer l’affiche de martyr de son seul fils, mort par balle lors d’un affrontement avec les soldats qui hantent son camp de réfugié. On suit les destins des deux côtés de la balle…
« Tous les matins, je meurs. Comment un homme peut-il continuer à vivre ici ? Cette maudite terre sainte n'a aucune pitié. » Philippe Ducros
Un camp de réfugiés, les douanes d'un aéroport, l'intérieur d'une baraque délabrée, la boutique d'un barbier, une imprimerie, un hôpital, les couloirs de la morgue, une salle de prison ou le lit d'un couple... Autant de lieux où se retrouvent la famille et les amis de Salem, le martyr palestinien tué il y a peu. Sa mère et son insupportable douleur, son père imprimeur chargé de réaliser l'affiche qui sera placardée sur tous les murs pour saluer la mémoire de son fils ; sa soeur Shahida qui se sent trahie lorsque son amant lui apprend qu'il a accepté de travailler à la construction du mur séparant les deux camps...
Et puis, il y a Itzhak, le militaire israélien qui a tiré sur Salem et qui n'en peut plus de cette guerre et veut fuir vers les Etats-Unis, Sarah son épouse. Et le lieutenant Levi et le soldat Samuel et le soldat Ben Yoshua et le soldat Yehouda et tous les soldats de tous les interdits, de tous les contrôles, de tous les check points, de toutes les balles tirées.
ll y a aussi un barbier, un rabbin et un médecin, un berger et un charpentier conversant sur le Jourdain, un fils et son père prêt au sacrifice, un homme et son oiseau... Et, au milieu d'eux, un journaliste québécois, témoin de ces scènes de survie et de mort aux enfers quotidiens d'un peuple... Et dans les moindres recoins, cette haine tapie et entretenue au feu des spoliations, des humiliations et des déraisons. Et partout alentour, l'ombre des mythes pour décrypter la folie des hommes et des dieux...
« Et les bruits des bottes et des fusils. La chanson des hommes »...
Parc de la Villette 75019 Paris