Daniel Mesguich donne voix à tous les personnages de L’Arlésienne d’Alphonse Daudet : drôle et poignant.
C'est comme si c'était l'histoire d'un homme qui se racontait une pièce de théâtre. Ou c'est comme si une pièce de théâtre traversait un seul homme. Dans les deux cas, le présent a un goût de souvenir. Théâtre radical : de quoi s'agit-il là, sinon de voir les voix, et de tenter de les faire voir ? L'art de la "mise en scène" attendra. Nous arrêtons ici le "spectacle" à sa seule rêverie.
Dans la pièce de Daudet, on ne voit jamais L'Arlésienne, n'est-ce pas ? Cette fois, on ne verra pas davantage les autres, Frédéri, Vivette, Rose Mamaï, le Gardian ou Balthazar... mais on entendra leurs spectres, ou plutôt leurs audres (si sur spectare on a pu construire spectre, il faut, sur audire, construire audre )...
Et pourquoi L'Arlésienne ? Parce que c'est la Provence, et, derrière la naïveté apparente de ses accents, tendez l'oreille, plusieurs Provence. Et parce que c'est autrefois, et, tendez l'oreille, c'est encore maintenant. Et parce que c'est l'amour, enfin. Tendez l'oreille : celui, ici, maladie infantile et mortelle, de tous pour tous.
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