L'Epuisé

Paris 11e
du 8 au 10 juin 2010

L'Epuisé

Ce projet est le résultat d'un questionnement autour de la figure d'Ivanov d'Anton Tchekhov. Mais c'est également une réflexion sur l'épuisement physique et moral que la vie nous inflige et que nous ne pouvons éviter. Ivanov est alors cet être en suspension entre le malheur et la joie qui s'évertue à croire que "ça ira", mais qui est incapable d'expliquer la source de son mal être.
  • Rêverie d'après Ivanov

Ce projet est le résultat d'un questionnement autour de la figure d'Ivanov d'Anton Tchekhov. Mais c'est également une réflexion sur l'épuisement physique et moral que la vie nous inflige et que nous ne pouvons éviter. Ivanov est alors cet être en suspension entre le malheur et la joie qui s'évertue à croire que "ça ira", mais qui est incapable d'expliquer la source de son mal être. L'épuisé, c'est en somme une rêverie qui convoque des images, des corps, des voix pour tenter de faire apparaître cette insoutenable légèreté de l'être, comme l'a si bien défini Milan Kundera.

Nous avons essayé d'interroger la révolution, de bâtir des utopies, de créer un mouvement d'ensemble... Mais la vie nous a rattrapé, comme une faucheuse. Nous avons essayé vraiment de toutes nos forces d'y croire encore et encore, de persister, de monter le synopsis de nos propres aspirations, de réunir sur la scène une forme d'humanité, mais la vie nous a encore rattrapé. Alors nous voilà, ici, ce soir... Nous voilà... Vous allez assister à quelque chose. Quelque chose qui a du sens dans notre aventure. Quelque chose d'imparfait volontairement... Pas d'histoire, pas vraiment. Des possibles d'histoires, des nouvelles perspectives de vies. Des vies à réinventer après la catastrophe.

Rêverie d'après Ivanov d'Anton Tchekhov. Par le collectif P.I.L.S. (Pour Investir des Langages Scéniques).

  • Note d'intention

"Si nous allons au théâtre, c'est pour pénétrer dans le vestibule, dans l'antichambre de cette mort précaire que sera le sommeil. Car, c'est une fête qui aura lieu à la tombée du jour, la plus grave, la dernière, quelque chose de très proche de nos funérailles." Jean Genet, Le funambule

C'est important de se questionner sur soi, sur son endroit d'équilibre, sur sa capacité à se battre dans une vie qui n'apporte pas que des moments de bonheur. C'est important aussi de trouver des soupapes de vies, des respirations, des points d'ancrages pour avancer encore et encore. Oui, c'est important.

Nous évoluons dans une société qui prône et vend le bien-être et qui l'annule dans le même instant. Nous sommes des dépressifs joyeux, des mélancoliques enthousiastes, des fous épuisés. Bien en rang, les uns derrière les autres, nous avançons sur des lignes et parfois une catastrophe fait dévier notre trajectoire et transforme notre ligne en cercle. Alors, on tourne en rond... Certains auront la chance de trouver une issue, les autres se perdront dans le tourbillon.

Ivanov est cet être à la dérive, qui tourne sur lui-même et ne trouve pas d'issue. Il n'est plus fatigué, il est épuisé par quelque chose qui le dépasse. Avec la pièce de Tchekhov, nous pénétrons dans le vestibule du sommeil comme le dit si bien Jean Genet. Comme endormis, les comédiens évoluent sur scène à la recherche d'une sortie de secours. Mais elle semble déjà trop loin et il n'est alors plus possible de remonter le temps et d'atténuer la chute. Et l'amour ne guérira pas la dépression latente qui rode comme une jeune fille mal peignée...

Ivanov est pour moi le reflet de la jeunesse qui se perd, qui court après la réussite et qui se retrouve épuisée à 30 ans. C'est un personnage complexe qui évolue dans une société déterminée par le travail ou celui qui n'y arrive plus devient superflu, absent, minable. Mais c'est aussi un être doté d'une extrême lucidité. Une lucidité qui l'use, le rend inactif et paralyse ses rêves. C'est en somme une réflexion sur l'homme moderne. J'ai souhaité questionner notre rapport au monde lorsque la mort submerge nos jours et nos nuits. La dépression, c'est une petite mort, une vanité vivante, un paysage figé sur un écran.
Est-ce que la dépression n’est pas au final le résultat de la perte de son âme ? L’âme, cachée derrière la porte, attend encore et encore de retrouver le chemin qui l'animera à nouveau... L'épuisé, lui, ne trouve plus la force d'aller jusqu'à la porte. Mais son épuisement contamine les autres, devient presque banal. Soudain la mort arrive vraiment, elle fauche brutalement, et les autres se souviennent alors qu'ils auraient du... pu... regarder derrière la porte.

Clémence Gross

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Spectacle terminé depuis le jeudi 10 juin 2010

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