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Monumentale trilogie
Calendrier
La tragédie n'est pas seulement politique
Extrait
La presse
Auteur, c'est avec une comédie qu'Olivier Py aura ouvert la saison ; metteur en scène et meneur de troupe, c'est par une tragédie qu'il la conclut. Ou plutôt sur trois, car Py aime le théâtre dans les grandes largeurs et les histoires sans fin. Admirateur des Grecs et de Claudel, il songeait depuis longtemps à se mesurer aux « voix endeuillées » de la monumentale trilogie d'Eschyle ; son arrivée à l'Odéon lui en fournit l'occasion magnifique.
Olivier Py retrouvera dans cette Orestie (dont la version française sera traversée de fragments en langue originale) des éléments qui sont au coeur de son idée du théâtre : l'énergie de rôles surhumains ; le souffle d'une langue souveraine assez puissante pour faire parler hommes et dieux, prêtant aux esclaves comme aux triomphateurs des accents d'une égale noblesse ; l'ampleur d'une vision où chant, musique et dramaturgie mettent leurs ressources, par-delà la réflexion civique, au service d'une théodicée.
Adaptation d'Olivier Py. Stéphane Leach a reçu le prix du syndicat de la critique dramatique pour la musique de scène de L'Orestie.
Attention, tout billet acheté vous permettra d'assister à l'intégrale (soit en deux parties en semaine, soit le même jour le week-end).
Pour voir le spectacle en deux parties, il faut impérativement venir un soir pour la première partie, et son lendemain pour la deuxième (soit le mardi et le mercredi ou le jeudi et le vendredi). Les deux billets vous seront délivrés le premier soir.
1ère partie les mardis et jeudis : Agamemnon (durée 1h45)
2ème partie les mercredis et vendredis : Les Choéphores et les Euménides (durée 3 heures)
Intégrale les samedis et dimanches (durée 6 heures environ)
Durées :
Agamemnon : 1h45
Les Choéphores : 1h20
Les Euménides : 1h10
Le week-end : intégrales avec une pause dîner (d'une heure) vers 19h30. Restauration légère au bar pour ceux qui le souhaitent.
Le théâtre de Dionysos n'est pas sur l'Agora. Ce qui, dans cette simple phrase, se donne à entendre sous forme d'un constat est beaucoup plus qu'un constat, si l'on
précise que, dans l'espace civique des cités (poleis), c'est sur l'Agora, lieu par excellence du politique, que le théâtre a généralement sa place. De fait, en creusant ainsi symboliquement l'écart entre le théâtre et la politique, d'entrée de jeu j'entends marquer une rupture avec les lectures toutes politiques, voire toutes civiques, qui ont dominé les études sur la tragédie durant les dernières décennies. […]
L'intelligence de la tragédie grecque commence par celle du théatron, c'est-à-dire le théâtre à la fois comme lieu et comme collectivité assemblée, dans l'espace civique et dans le temps de la cité.
Deux faits retiennent donc l'attention. Le premier est placé sous le signe de la séparation. Au lieu de se côtoyer dans le même espace, le théâtre et l'assemblée ont quitté le lieu commun de toutes les manifestations civiques pour s'installer chacun en un lieu qui lui soit propre. Le second est marqué comme par une sorte de solidarité, car ils l'ont quitté en même temps et comme du même mouvement. Reste bien évidemment à déterminer sur lequel de ces deux faits l'accent doit porter. Si je choisis malgré tout d'insister sur la séparation plus que sur la solidarité, c'est d'abord parce que la politique n'est pas du théâtre, mais aussi, mais surtout parce que […] la tragédie n'est pas seulement politique.
Depuis plusieurs décennies, pour tous ceux qui s'attachent au théâtre comme institution athénienne, la cause semblerait entendue. Politique, de part en part politique – et l'on ajoutera, pour faire bonne mesure, civique et démocratique –, est le théâtre, en l'occurrence la tragédie – et la comédie, mais Aristophane n'est pas ce qui m'occupe ici. Et de dérouler, à l'appui de cette affirmation, une longue liste de preuves […]. Un pas de plus, et l'on fait du théatron, entendu comme rassemblement des citoyens, une sorte de double à peine différencié d'une assemblée (ekklesia), « oubliant » apparemment – ce que les orateurs attiques, eux, n'oublient jamais – que la présence d'étrangers (sans même évoquer la question si controversée de celle des femmes) était constitutive de ce type très particulier d'assemblées. Pour éviter le risque de pareilles simplifications, dues à un trop évident désir de « politiser » intégralement tout ce qui est athénien, il n'est pas d'autre ressource que d'instaurer, une fois encore, un va-et-vient entre le théatron et les textes dont il accueillait la représentation. Quel que soit l'accent mis sur le caractère civique du théâtre, force est alors de reconnaître la profonde ambiguïté du fait théâtral, à la fois civique et tellement ouvert à ce qui n'est pas civique. […] En d'autres termes, l'univers tragique est tout sauf un fac-similé de la cité – cité dont Pierre Vidal-Naquet écrit qu'elle est, « dans sa structure même, une machine anti-tragique ».
Mieux vaut entrer résolument dans l'espace même de la représentation pour questionner ces textes qui sont tout ce qu'il nous reste des longues journées de théâtre auxquelles étaient conviés les citoyens.
Nicole Loraux : La Voix endeuillée. Essai sur la tragédie grecque, Gallimard, 1999, pp. 28-30 et 35-37.
LE GUETTEUR
Ô dieux, délivrez-moi de mon preuve, depuis un an que je veille, couché la tête sur les coudes comme un chien sur le toit des Atrides à contempler le cortège nocturne des astres, messagers pour les mortels de l'hiver ou de l'été, maîtres brillants qui se distinguent dans le ciel, quand déclinent ou se lèvent leurs constellations et que je guette comme aujourd'hui la réponse d'une torche et son message en flammes surgi de Troie pour annoncer sa chute – puisque tels sont les ordres d'une femme au coeur d'homme et tel est son espoir. Dans la rosée de la nuit tourmentée, quand je me tiens sur ma couche sans rêves – car ce n'est pas le sommeil qui m'assiste, mais la crainte que le sommeil ne joigne mes paupières – ou quand je songe à siffloter, à chanter une chanson, pour en frotter la plaie de mon sommeil, alors mes larmes coulent et je gémis sur le malheur de ce palais où le plus noble des seigneurs ne règne plus comme autrefois.
L'Orestie, traduction Daniel Loayza, (éditions Garnier Flammarion 2001).
"Cris, douleurs, espérance, terreur de l'homme perdu face aux dieux et un destin qui lui échappe, tout y est, dans un jeu de pulsions et de passions qui, comme toujours, dans le théâtre d'Olivier Py, se déchainent jusqu'à l'excès. Mais cet excès est maîtrisé. Le trivial alterne avec le tragique, le baroque avec le cérémoniel, au rythme d'une progression sûre." Didier Méreuze, La Croix, 25 mai 2008
"Py réunit ici une belle foule de comédiens, dont beaucoup de fidèles, ainsi que son compositeur fétiche Stéphane Leach. Il a traduit Eschyle avec ses mots, gorgés de sève, pleins de terreurs et de fulgurances, sur un rythme tranchant. [...] Son théâtre hybride est emporté par un incroyable bonheur de jouer. Il sait marier la fête et la pensée, être généreux avec son public. [...] Et signe, avec cette première création depuis sa nomination, une farouche prise poétique de l'Odéon." Odile Quirot, Le Nouvel Observateur, 29 mai 2008
Place de l'Odéon 75006 Paris