Tout public à partir de 6 ans. Des tarifs pour les moins de 18 ans sont disponibles au théâtre.
Une fable merveilleuse
Entretien avec Nino D'Introna
Chapitre I : Les racines de l’histoire
Chapitre II : Les ramifications de la création
Chapitre III : Une mise en espace arborescente
Chapitre IV : Un arbre… généalogique ?
C’est un arbre majestueux, solidement ancré dans la terre, et dont l’ombre joue à saute-mouton avec les rayons du soleil. Un être fort et rassurant, doué de pensée, qui va faire la connaissance d’un petit être en devenir. De cette relation pleine de tendresse, naîtra une amitié inconditionnelle, qu’eux seuls pourront comprendre. Mais jusqu’où peut-on aller au nom de l’amour ?
En écrivant cette fable merveilleuse, Nino d’Introna s’est intéressé tout particulièrement aux liens qui unissent les hommes, depuis les premiers pas de l’enfance, jusqu’au crépuscule de la vie. Avec pudeur, il a puisé l’inspiration aux racines de nos sentiments, pour faire de cet Arbre, l’observateur de toutes les saisons de l’existence. Habillée de lumières féeriques, bercée de respirations musicales, cette histoire est une formidable réflexion sur le sens de la vie, de l’amour et du don à l’autre.
Chapitre I : Les racines de l’histoire
L’arbre s’inspire très librement de L’arbre généreux écrit par Shel Silverstein en 1964 (éditions Ecole des Loisirs), comment avez-vous découvert ce livre ?
Je l’ai découvert tout à fait par hasard il y a cinq ans. Il faut savoir que depuis toujours, je suis attiré par la littérature jeunesse, je suis sensible aux illustrations de ces ouvrages. Il me semble que leurs textes ont une respiration qui correspond davantage à mon univers de créateur. Ils sont plus intuitifs, laissent la place à l’évocation. Et ce livre-là a une histoire particulièrement belle, puisque je l’ai trouvé dans un théâtre, où il traînait depuis plusieurs semaines, oublié ou abandonné. Un jour je l’ai pris, j’ai commencé à le lire et je me suis dit qu’il fallait absolument que je fasse un spectacle à partir de cette idée. Je suis littéralement "tombé en amour" avec ce livre, comme on dit au Québec.
La même chose m’était déjà arrivée avec Le pays des aveugles (d’après H.G. Wells), spectacle que j’ai mis quinze ans à monter, et avec Les derniers géants (d’après François Place), que j’ai découvert en 1996 et présenté en 2003. Ces trois textes sont pour moi des actes d’amour.
Ce projet de création "germe" donc dans votre esprit depuis cinq ans ?
Oui, j’ai commencé à mettre les choses en marche dans ma tête à cette époque, sans savoir comment j’allais faire. Et quand on m’a donné la direction du Centre Dramatique National, je me suis dit que ça serait ma première création pour le TNG, parce que l’histoire correspond à l’idée même de Nouvelle Génération. Ce conte reflète bien ma vision du théâtre jeune public : toujours essayer de faire cohabiter l’idée de l’enfance et celle de l’âge adulte, essayer de donner au public une interrogation constante. Qu’est-ce que c’était "être enfant" ? Qu’est-ce que ça veut dire "être adulte" ? Qu’est-ce qu’on conserve de ce temps qui est passé, et jusqu’à quel point, dans notre présent d’enfant, nous sommes projetés, toujours, dans le futur ? Voilà pourquoi j’aime parler de confins, l’enfant étant toujours aux confins de l’âge adulte et l’adulte restant aux confins de l’âge des enfants. Observer le comportement des enfants, m’oblige à me réinterroger sur mes origines. Or, cette création parle de racines, d’un arbre qui est à la fois adulte et naïf comme un enfant, généreux mais également stupide, et d’un enfant qui devient adulte en restant touchant, naïf, mais cruel aussi.
Comment définiriez-vous L’arbre ?
C’est une histoire d’amour entre deux êtres, un enfant et un arbre, qui ne savent pas ce qu’est l’amour, et qui vont peut-être le découvrir à leurs dépens. Une sorte d’apprentissage de l’amour. Ingmar Bergman disait qu’en amour, nous sommes tous des analphabètes. L’homme et l’arbre de cette histoire sont des analphabètes.
Le texte parle de métempsycose, de cette vie qui commence et qui évolue jusqu’à la fin, pour recommencer à nouveau.
Ce personnage qui vit dans le futur, a toujours besoin de quelque chose de plus pour être mieux. Il en oublie de vivre le présent. En même temps, c’est un être qui fait du mal à l’autre. Si l’autre peut être considéré comme stupide, il est aussi très généreux. Personne ne l’oblige à donner autant et cela détermine son identité.
On peut dire à la fois que l’homme est cruel de dépouiller l’arbre de tous ses biens, mais que l’arbre décide aussi de se faire dépouiller… Un peu comme le bouc émissaire : on ne sait jamais jusqu’à quel point il acceptera d’être la victime, ni jusqu’à quel point les autres le choisiront pour jouer ce rôle. Il y a quelque fois une dynamique perverse, diabolique, qui fait qu’il est difficile de trouver une solution tant les racines se mélangent.
Dans la version américaine d’origine, l’arbre est désigné par le pronom « She », ce qui lui donne une dimension féminine que l’on ne retrouve pas dans la traduction française. Cela vous a-t-il influencé ?
C’est un élément qui m’a beaucoup inspiré. L’auteur fait parler l’arbre au féminin, et il le fait volontairement, puisqu’en anglais le mot n’a pas de sexe. Il veut donc affirmer ce conflit, cette dialectique entre un être masculin qui devient grand, et un être féminin qui est déjà grand. Un être qui se fait manger, comme la mère qui offre son sein pour nourrir son enfant. Mais je ne veux pas trop creuser cet aspect-là, de peur de réduire la portée de l’œuvre. Je pense que la dynamique est plus intéressante si on la garde dans son universalité. Je crois même que si l’arbre était masculin, on pourrait trouver toutes les relations possibles entre l’homme et l’homme, celui qui donne et celui qui prend. Or c’est la dimension universelle qui m’intéresse. Ce que j’essaie de faire depuis toujours dans mes spectacles de théâtre, c’est trouver l’élément qui peut parler à tout le monde. Un thème qui soit vraiment universel. Toutes mes créations veulent toucher le cœur de tous les hommes de la terre, quel que soit leur âge. Pigiami, par exemple, est l’anthropologie universelle des relations ludiques entre deux êtres humains. Terra Promessa est un spectacle sans paroles, sur l’histoire du monde. Difficile de faire plus universel que ça ! C’est pourquoi je me demande souvent ce qu’on entend par jeune public. Moi, je fais des spectacles pour tous les enfants et tous les adultes qui n’ont pas oublié d’être des enfants. Est-ce qu’on dit que Le Petit Prince est un livre pour les enfants ?
Chapitre II : Les ramifications de la création
Comment avez-vous construit ce spectacle ?
J’ai imaginé un arbre doué de pensées, qui parle, réfléchit et entre en relation avec une petite fille. Celle-ci l’investit d’un amour pur et innocent. Elle en fait son ami.
Entre ces deux personnages naît un dialogue essentiel. Les années passent, la fillette grandit. Elle découvre la vie, ses difficultés, et continue à se confier à l’arbre, qui ne bouge et ne parle qu’en sa présence. Les parents de l’enfant n’ont pas accès à son monde. Puis va venir le moment de la séparation, la jeune femme va partir et l’arbre restera seul.
Avec le scénographe, nous avons voulu que cet être végétal soit le plus humain possible. A travers son mouvement théâtral, l’arbre devient une « horloge-arbre » qui marque la course du temps. Tout comme le sol devient le narrateur des mouvements essentiels de la vie de la jeune fille, qui devient mère, grand-mère, et fait alors recommencer l’histoire du début, en donnant naissance à un nouvel arbre, qui lui aussi s’interroge sur le sens de l’amour, du donner, du recevoir, du pourquoi et pour qui nous existons.
Combien y aura-t-il de comédiens sur scène ?
J’ai choisi de faire appel à quatre comédiens plus une comédienne pour incarner l’arbre, auquel je donne un corps et une voix. Elle est comme l’âme de l’arbre, un être qui représente sa conscience. Il me fallait une comédienne particulièrement communicative, capable d’être à la fois jeune et vieille, puisque l’arbre grandit aussi au cours de cette histoire, qui se déroule sur environ 80 ans. Pourquoi ne pas jouer avec le maquillage, la voir se maquiller tout au long du spectacle et vieillir ainsi peu à peu ?
L’enfant sera sans doute incarné par une comédienne qui aura le physique et l’énergie nécessaires au début de la pièce, moment où s’établit la relation avec l’arbre.
Pensez-vous rester fidèle à l’histoire initiale ?
Non, j’ai besoin d’explorer avec les comédiens, d’élargir la dimension du spectacle avec notre touche philosophique. En fait, j’aimerais me rapprocher de l’univers à la fois métaphysique et ludique du théâtre contemporain.
Chapitre III : Une mise en espace arborescente
Le décor est l’un des éléments clefs du spectacle, comment l’avez-vous imaginé ?
Je l’ai conçu avec Charles Rios dans l’idée que le plateau est le lieu d’une métaphore, mais qu’il est lui-même une métaphore. Le décor nous parle d’une racine coupée sur laquelle un arbre a poussé… Le spectacle commencera sans doute avec le bruit des tronçonneuses, un conflit terrible avec la poésie du texte initial. Ce texte qui est rempli de respirations, permettra des espaces sonores et visuels. De la musique et peu de paroles. Des textes répétés en canon dans l’esprit de la tragédie grecque. C’est important de faire exister le texte avec les silences, l’auteur n’a pas choisi ses mots par hasard.
Je souhaitais aussi que de temps en temps, le décor puisse disparaître et réapparaître. J’ai donc demandé à Andréa Abbatangelo de créer un jeu de lumières onirique, une sorte de peinture en mouvement. A travers les changements de couleurs du plateau, les mouvements de l’arbre, le spectateur sera transporté plus loin. L’arbre bougera aussi sur lui-même pour permettre des points de vue différents, ce qui donnera l’idée du temps qui passe sur le cadran d’une horloge.
Je veux que ce soit très riche au niveau visuel, pour donner une image jubilatoire, faire un spectacle qui soit aussi un plaisir des yeux. Et surtout qu’il y ait un sens à tout cela, puisque l’arbre est le protagoniste principal. La métaphore reste joyeuse, c’est beau, ça reste évocateur, ce qui offre une lecture personnelle à chacun.
Comment avez-vous choisi la musique ?
Généralement, pour tous mes spectacles, je trouve une musique trois ans avant de créer et je l’écoute en boucle pendant des heures, comme une comptine qui me berce et alimente mon imaginaire. Parfois je l’utilise dans le spectacle, mais pas toujours.
Je travaille de façon très musicale, j’adore la touche sonore sur le plateau. Pour L’arbre, j’ai fait appel à Patrick Najean, un grand spécialiste du travail de la voix.
Chapitre IV : Un arbre… généalogique ?
On sent que cette histoire vous touche tout particulièrement, pourquoi ?
Je ressens de plus en plus ce spectacle comme un rendez-vous auquel je ne peux pas échapper. Parfois je me considère moi aussi comme l’arbre ou l’enfant-homme, ça renvoie à quelque chose de terriblement beau et inquiétant à la fois. J’aime faire des choses qui posent des questions sans être forcément capable d’y répondre. C’est l’interrogation de l’homme par rapport à la femme, par rapport à la mère aussi. Comme disait August Strindberg, on est quand même tous nés d’une femme, nous les hommes !
Au-delà de la technique théâtrale, qu’allez-vous mettre de vous-même dans ce spectacle ?
Comme je l’ai fait dans beaucoup de mes pièces, je vais mettre ma poésie dans L’arbre. C'est-à-dire une vision poétique qui alimente, enrichit, apporte un point de vue, un parti pris. J’espère que je pourrai développer quelque chose sur le sens de la vie. Si je fais ce métier, sans aucune prétention, c’est parce que j’ai des choses à dire, qui ne sont pas toujours rationnelles. Je fonctionne à l’intuition et si je porte cette intuition sur le plateau, c’est pour faire vibrer le public, l’émouvoir, le faire rire.
L’arbre serait-elle votre œuvre la plus personnelle ?
Ça pourrait l’être. J’ai 50 ans et ce n’est pas par hasard que je crée ce spectacle maintenant. C’est un âge magnifique pour un homme. Une sorte de digue au-delà de laquelle on saute, et on regarde la vie d’une autre façon, sans angoisse, sans stress, sans peur. Je lis ce texte en pensant que j’ai la maturité pour le présenter devant des enfants et des adultes.
Je suis fils unique, j’ai une mère très présente dans ma vie, mon fils qui va avoir 10 ans, quittera bientôt le premier âge de ce conte, tandis que mon aîné aura 18 ans cette année… J’ai beaucoup d’âges de la vie autour de moi. Il me semble qu’on passe sa vie à chercher à comprendre, et quand on pense avoir compris, la vie est finie. C’est terrible toutes ces angoisses pour construire un bateau, une famille, une carrière… alors que c’est si simple au fond la vie. J’attends avec impatience de voir côte à côte, dans la salle, les grands-parents, parents et enfants devant « L’arbre ». Cette magnifique communion, cette émotion-là me fait rêver.
Extrait de l'entretien de Nino D'Introna avec Blandine Dauvilaire, journaliste, à propos de la création du spectacle, avril 2005.
Vu à Lyon : très beau spectacle, toute la famille a apprécié (2 enfants de 9 ans et une de 5 ans). Très joli, très sensible, et simple à la fois, facilement compréhensible pour les enfants. A ne pas rater !!
ça a été pour moi un moment magique!J'ai ressenti des émotions qui étaient au fond de moi depuis l'enfance,tous les sentiments y passent.Bravo aux comédiens,tout simplement magnifique!!!j'ai meme un peu mal de me dire que je ne pourrais pas le revoir.annabelle.vu à bourg en bresse.
Vu à Lyon : très beau spectacle, toute la famille a apprécié (2 enfants de 9 ans et une de 5 ans). Très joli, très sensible, et simple à la fois, facilement compréhensible pour les enfants. A ne pas rater !!
ça a été pour moi un moment magique!J'ai ressenti des émotions qui étaient au fond de moi depuis l'enfance,tous les sentiments y passent.Bravo aux comédiens,tout simplement magnifique!!!j'ai meme un peu mal de me dire que je ne pourrais pas le revoir.annabelle.vu à bourg en bresse.
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