Ils arrivent du bout du monde ou du fond des campagnes, du 4ème étage de la tour excentrée ou du centre piéton où ils errent depuis… sais plus. Seuls, ou en famille, certains ne manient pas la langue française administrative, française tout court, administrative surtout. D’autres la connaissent mais restent silencieux, n’exprimant que quelques mots : CADA, RSA, fin de droits, non accès, MDPH… L’urgence de la situation électrise les uns, paralyse les autres. Ils viennent voir l’écrivain public.
L’écrivain public, si bénévole, de qui on espère tant, à qui l’on prête tant de pouvoirs. Ne pas sombrer. Cet humble héros écoute, il comprend, il ne sort pas du cadre, il contient le « patient » dans le cadre. Il ne se laisse pas déborder, prétend-il. Il fulmine secrètement. Il est les sept mercenaires à lui tout seul. Il voudrait ajouter des lignes dans les dossiers pour les enfants nombreux, pour les liens conjugaux, pour les multi-employeurs à contrats courts.
Au fond ce qu’il aimerait, c’est écrire des lettres d’amour.
« Si tu veux parler des pauvres, parle des riches » Michel Pinçon-Charlot
78, rue du Charolais 75012 Paris