Avec leur création "Elle est là" de Nathalie Sarraute et la présentation d'un travail expérimental réalisé sur Sallinger de Bernard-Marie Koltès, Paul Desveaux et sa compagnie nous ont montré la saison dernière, de manière très palpable, très concrète, l'intérêt qu'ils voient dans l'apport de la chorégraphie au théâtre et cette poésie très organique qu'elle fait naître... Nous n'avons pas été les seuls à être séduits par la pertinence de leur recherche et leur sens du contact avec le public : aujourd'hui ils bénéficient d'un soutien important de la part de plusieurs salles en Normandie, réunies autour de leur projet, ainsi que du Théâtre de l'Aquarium à Paris qui les accueille du 27 mars au 29 avril 2001.
Avec la création de L'éveil du printemps, nous restons à leurs côtés pour les aider au mieux à développer leur recherche et ils nous invitent avec vous à être les premiers témoins du résultat de leur travail, ultime étape avant la diffusion du spectacle fini (qui sera présenté en tournée régionale à la rentrée de saison prochaine...). L'équipe du Centre d'art et d'essai
"Se confronter à L'éveil du printemps, ce n'est pas raconter une histoire mais des histoires. C'est au croisement des différents chemins empruntés par Melchior, Wendla, Moritz, et Hans...que la pièce fait sens en proposant une représentation de l'adolescence dans ce qu'elle a de plus complexe et de plus absolu. Wedekind déconstruit la trame classique théâtrale au profit d'une construction quasi cinématographique où chaque scène est un nouvel espace, et chaque discussion, chaque petit évènement une pierre à l'édifice de ce labyrinthe littéraire. Ici, il n'y a pas d'intrigue qui appellerait à une quelconque fin ou à la résolution d'un drame: L'éveil du printemps est un questionnement perpétuel. La pièce navigue dans les méandres, les remous intérieurs de ces êtres à mi-chemin entre Type et Personnage. La dernière scène n'apporte pas de réponse ; elle laisse seulement entrevoir le chemin du possible.
De même, Wedekind désamorce l'apparent quotidien par une poésie, une musicalité qui ne sont pas sans rappeler Le Sacre du printemps, et travailler sur L'éveil du printemps, c'est envisager le théâtre sous sa forme musicale : des motifs déconstruits dans un ensemble paradoxalement ordonné et nourris des mêmes changements de rythme, de tonalité que l'uvre de Stravinsky.
Par ces procédés, le lecteur et le spectacteur ne partagent pas seulement les parcours sinueux des personnages, mais tendent aussi vers ce point où ici coïncide avec nulle part : l'oeuvre ouverte par excellence. Cette oeuvre nous oblige donc à approfondir le rapport à l'espace théâtral et à creuser la capacité imaginative de celui-ci à travers les trois dimensions que sont le texte, l'univers sonore et le geste : c'est alors pour l'acteur et le metteur en scène vont partir à la recherche d'un territoire où choré-graphie (écriture des corps) et parole se complètent dans un chant en contrepoint". Paul Desveaux
rue Nicolas Poussin 76130 Mont-Saint-Aignan