La guerre n’est jamais fatale, mais elle est toujours perdue. Ce constat de Gertrude Stein amène Philippe Ulysse à l’oeuvre maîtresse et prolifique de Shakespeare, qui nous convoque à interroger la soif du pouvoir que seul le sang peut épancher. C’est par la co-présence de Macbeth, d’interviews de jeunes soldats ou anciens combattants, de différents emprunts à des auteurs et poètes que le spectacle s’irrigue.
Macbeth est bientôt un soldat brisé ne trouvant plus le repos, un homme terrifié, au visage éclaté, qui ne sait plus comment sortir de sa nuit, et qui s’appuie sur sa femme pour se faire recoudre un visage humain… une figure du soldat d’aujourd’hui dans une époque traversée par les guerres qui ne font plus ni vainqueurs, ni perdants, mais que des victimes.
A travers l’observation (au purgatoire) de Macbeth, dénonçant la violence guerrière et sa folie meurtrière, sorte d’opium de la haine qui pousse les hommes à combattre pour gagner, ce grand poème dramatique nous parle de la nuit, du sommeil et de l’immortalité, comme pour tenter d’exorciser les fantômes qui nous hantent.
« J’ai choisi de présenter ce spectacle dans un dispositif « bi-frontal » afin de renforcer la proximité entre les interprètes et le public et que les spectateurs soient pris dans l’espace et le temps de la narration. » Philippe Ulysse
Je ne pouvais sans doute choisir meilleure bataille que celles des drames de Shakespeare pour évoquer le véritable sujet de L’odeur du sang..., à savoir l’absurdité de la guerre. Le contexte historique n’a en fait aucune incidence réelle sur le spectacle et c’est d’ailleurs une question qui sera évacuée rapidement.
On verra un général (Macbeth) justifier l’action, on le verra tuer un roi en compagnie de sa femme. Cette opération traitée, le rythme du spectacle se ralentira alors et nous prendrons le temps de voir évoluer les personnages. L’odeur... suit en effet le parcours d’une poignée d’hommes et d’une femme.
Il n’y a pas vraiment de héros, même si quelques figures reviennent plus souvent. Les personnages auront également droit, de manière temporaire, au statut de narrateur et on entendra alors leurs pensées.
Le spectacle s’enrichit de ce procédé qui permet d’en dire plus que par les dialogues. Le fait que plusieurs personnages y ont droit mettra en valeur la diversité des points de vue, les conflits, les doutes de chacun aussi.
Les lumières seront toujours crépusculaires, que ce soit à l’aube ou au coucher du soleil quand l’action ne se déroulera pas la nuit.
L’odeur du sang… est peut-être d’abord un spectacle sur la guerre et contre la guerre. Une guerre destructrice qui détruit autant les hommes que la nature. Une des grandes leçons de l’Histoire est certainement qu’une Nation ne se construit jamais mieux que dans l’opposition contre une autre Nation.
Nous tenterons d’interroger à qui profite ces guerres… Plusieurs scènes montrent comment la guerre peut détruire un homme, physiquement bien sûr — le spectacle contiendra son lot de cadavres et morceaux de chair humaine —, mais aussi et surtout moralement. Dans l’enfer de la guerre, quand l’ordre envoie à coup sûr jouer le rôle peu enviable de chair à canon, un homme réagit différemment. Certains craquent et deviennent des loques incapables même de tenir debout ; d’autres sont comme galvanisés par l’afflux d’adrénaline et deviennent des bêtes capables d’aller bien au-delà de leurs capacités habituelles pour se transformer en tueurs. Nous pourrons observer cela en revenant au drame de Shakespeare.
Au-delà de cette guerre, au-delà même de la guerre en général, le spectacle interroge des concepts plus généraux sur l’homme. Ses personnages s’interrogent, souvent implicitement sur la nature de l’homme, ce qui fait qu’un homme est un homme. L’humanité disparaît souvent en temps de guerre et l’odeur… pour se demander alors si le monde dans lequel nous vivons prête à rire ou à pleurer.
Je choisis une structure narrative utilisant des allers venus dans différentes temporalités et multipliant les « voix off » ; j’utiliserai les questionnements intérieurs de plusieurs personnages ouvrant des voies d’exploration différentes. Pour tenter d’assister à une autopsie des notions impalpables de bien et de mal, et de l’impuissance de l’homme devant l’immensité de la nature humaine. Montrer les hommes comme des pions incontrôlables d’une nature qui les a abandonnés à leurs querelles destructrices. Les poser dans un lieu aussi idyllique que ce paradis artificiel vient créer un contraste saisissant avec l’idée du champ de bataille.
L’odeur du sang… tentera d’interroger des notions difficiles mais sans jamais être didactique ou tomber dans le pathos. Le spectacle pour tenter de montrer une humanité futile, qui croit faire de grandes choses mais détruit tout sur son passage pour pas grand-chose… et pour s’interroger si le monde dans lequel nous vivons prête à rire ou à pleurer.
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