« vos yeux sur moi… existerais-je ? »
Un amour de vieillesse
Lettre de Noëlle Châtelet
Regard de Thérèse Roussel
Note(s) de Yann Le Gouic de Kervéno
La presse
La Femme Coquelicot parle d’un amour « tabou » accompli par Marthe, une jeune femme de soixante-dix ans. On pourrait croire que ce n’est plus l’âge de la passion. Pourtant elle va s’autoriser à la vivre avec un homme, son aîné de dix ans. Une passion faite de l’émerveillement des âmes et aussi des corps. Le public devra assister à sa métamorphose en cette « femme coquelicot », éclatante et fragile, toute au bonheur d’aimer et d’être aimée.
C’est un sujet occulté sur lequel la romancière de La Dame en bleu, lève ici le voile, dans une époque où la vieillesse se voit intimer l’ordre d’être honteuse ou vaincue. Elle le traite avec une grâce, une émotion, un humour aussi qui lui ont valu un accueil enthousiaste, et que l’adaptation théâtrale de Yann Le Gouic de Kervéno serre au plus près.
Après le succès critique et public de L’accommode sans tiroir, poétique de Jean Cocteau, avec Jean-Claude Dreyfus, au théâtre Molière - Maison de la poésie, et Le théâtre d’Emma Santos, avec Cristina Pinheiro au Guichet Montparnasse, crées au printemps 2000, ce dernier volet vient clore la trilogie des monologues sur l’amour. De la jeune fille folle à l’homme enfermé, on passe ici à l’éclosion de la femme aux sens endormis. Une femme forte de sa vie à venir.
Par la Compagnie Calyste.
Quand Yann Le Gouic me propose d’adapter La Femme Coquelicot pour la scène, je suis à la fois surprise et dubitative. Je n’avais pas imaginé pour ce roman une forme théâtrale. Yann Le Gouic, lui, était sûr de son désir et de son projet.
Je me suis délicieusement laissée faire … La première lecture par Thérèse Roussel, que Yann avait d’emblée choisie pour ce rôle, m’a aussitôt séduite. En transposant le roman du « elle » au « je », en quittant le point de vue de la narration pour un monologue, une sorte de rêverie à haute voix, l’héroïne, Marthe s’incarnait magnifiquement. Elle devenait, sans conteste, un personnage de théâtre. Tous les textes romanesques ne se prêtent sans doute pas à cette prouesse scénique. Il faut pour cela l’intuition, le regard aigu d’un metteur en scène. Il faut la conviction et le talent de l’interprète.
Que dire, à la fin, de l’émotion de l’écrivain qui, pour la première fois, retrouve son texte, sa propre rêverie d’écriture, dans le corps, la voix, la sensibilité d’une autre, cette comédienne complice à qui revient le devoir et la grâce de « porter » ces mots, à elle seule, dans une salle plongée dans le noir ?
Noëlle Châtelet, dimanche 2 juillet 2001
Marthe est romanesque. Marthe est éphémère. Comme le théâtre, elle passe de la vie rêvée à son accomplissement entier, définitif. La passion qu’elle va découvrir auprès de Félix, cette passion couleur coquelicot, couleur du désir, couleur interdite intervient alors qu’elle a soixante-dix ans. Apothéose, cet amour s’inscrit dans sa chair et dans sa mémoire avec toute l’impétuosité des sens ranimés.
Que ce soit à ce moment là, et à ce moment là seulement de son existence, n’est-ce pas pour elle le signe que la mort deviendra une amie, une alliée ? En fait, le plus beau cadeau de la vie ? C’est ce que je ressens quand je m’approprie les phrases ciselées par Noëlle Châtelet : "La lettre ouverte sur mes genoux fait danser les mots. Lue et relue, la lettre d’amour brûle mes genoux. Le feu a dû partir de là, de cet excès d’amour, de ces étincelles…"
Noëlle Châtelet écrit ses romans à haute voix. Elle a débuté comédienne, elle sait l’importance des mots dits. C’est certainement pourquoi il m’a été facile de voler l’envolée de ses phrases et de les offrir à une actrice, Thérèse Roussel. La femme coquelicot, c’est elle. Je suis le passeur, le passant heureux des rencontres qui se font.
La réflexion de Noëlle sur le corps, son écriture « tatouée » est d’aujourd’hui. Nulle échappatoire. Le désir, la sexualité sont mis à nu avec toute l’élégance dont l’intelligence est capable. Ce texte féministe ne se prive pas de dresser un fort beau portrait d’homme, et dépasse ainsi tous les clivages de sexe et de génération. Sujet tabou, sujet qui se joue de tout, La Femme Coquelicot est « re-belle » à l’âge où elle se réveille.
"Quand on quitte Marthe, que le sourire de Félix fait rougir, on se dit que l’avenir est glorieux pour celles qui auront le courage d’être de vieilles dames." Josyane Savigneau, Le Monde
"Noëlle Châtelet poursuit une œuvre romanesque, poétiquement féminine, qu’habite une grâce légère et où souffle cependant le feu des passions." Dominique Bona, Le Figaro Littéraire
Très beau texte, plein d’un sens profond de la réalité de la vie. Interprété avec beaucoup de justesse. De l’impudeur qui n’en est pas, juste ce qu’il faut pour être en total adéquation avec le texte. Les personnes d’un age mùr à mon sens apprécieront encore d’avantage le sujet : privilège des ans supplémentaires ajoutés à leur vie. Félicitations.
Très beau texte, plein d’un sens profond de la réalité de la vie. Interprété avec beaucoup de justesse. De l’impudeur qui n’en est pas, juste ce qu’il faut pour être en total adéquation avec le texte. Les personnes d’un age mùr à mon sens apprécieront encore d’avantage le sujet : privilège des ans supplémentaires ajoutés à leur vie. Félicitations.
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