Rendez-vous est pris chez le professeur, pour préparer « mademoiselle » au « doctorat total ». La progression du savoir sera méthodique : géographie, arithmétique, linguistique et philologie. Au départ, les échanges respectent le strict cadre des codes sociaux. C’est par le langage que tout va basculer, s’affoler. Le professeur s’empare peu à peu de la parole et la leçon prend un tour magistral et sadique qui nous entraîne dans un tourbillon jusqu’à l’improbable fin.
Dans la reconnaissance d’un savoir et d’un non savoir - donc dans la reconnaissance de la transmission - il y a un ferment qui est spirituel et qui, au fond, s’est affadi, affaibli dans notre monde commerçant. Nous sommes trop souvent dans une rentabilité à court terme. On évalue, on contrôle, on quantifie, on essaie de se rassurer et de se donner des quotas vérifiables. En fait il y a bien d’autres choses dans la transmission, et tout d’abord le rapport à l’effort.
Le théâtre est justement le lieu où l’on vérifie la réalité de cette perte.
Un des enjeux de cette mise en scène va être de réfléchir à tout cela. Pas pour l’exprimer directement car l’œuvre n’est pas faite pour cela. Elle est ludique. Elle ne peut pas, ne doit pas supporter le poids de toutes ces interrogations, elle les appelle simplement en écho.
Pour ma part je suis d’ailleurs plus sensible à l’humour sur les mathématiques que sur la linguistique. Ionesco était parti des manuels de sa fille et c’est ce fonds d’enfance, commun à tous, qui nous fait toujours rire. C’est une autre des dimensions de la pièce, et non la moindre. Ionesco veut être drôle et il l’est. Il l’est toujours.
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