Le cerf, en-dessous d’un certain poids et sans les bois, on appelle ça un sanglier !
Deux hommes partagent une barque à la dérive. Lui, c’est Davy comme Crockett sous une toque de castor. L’autre c’est Bull, un indien ordinaire, coiffé de plumes, armé d’une canne à pêche. Les deux hurluberlus voguent de gag en gag, au gré des vagues loufoques qui les agitent, et des soubresauts d’un rêve de gosse.
Ils glissent sur les bons mots, assistent aux surgissements des petites choses de la vie : un sanglier qui se prend pour un cerf, un astre lunaire à portée de main, ou le chien nommé Killer d’un homme grenouille. Entre une chute de lapin et les caprices d’un canard, on se fait un sandwich.
Les intrusions cocasses fleurissent comme des champignons de poésie dans cet heureux bordel. C’est l’aventure humaine d’une amitié naissante, d’une fratrie de pitres plongés au milieu des adversités du monde, qui unit deux zouaves dans une fantaisie aquatique, où il peut être aussi question de choses graves.
Air comme ahuri, émerveillé d’un rien, surpris par tout, Ged Marlon promène depuis les années quatre-vingts son clown, sans fard à joues ni chapeau à fleurs. Gueule d’ange déçu mais souriant, avec un air de « je l’ai pas fait exprès », il écrit avec Farid Chopel les mythiques Aviateurs, joue son premier solo sous la houlette de Jean-Michel Ribes au Splendid.
Depuis, il tourne avec Lelouch, Leconte, Zulawski, Tavernier. Sur scène, il joue sa Comédie fluviale, première version, puis Un simple froncement de sourcils (au Rond-Point en 2002). Il incarne dans Palace le barman agité et agitateur de shaker à cocktails. On le voit dans Brèves de comptoir. Ged Marlon revient enfin et à la nage au Rond-Point.
Il pose sa barque, navigue dans une comédie trempée d’absurdité et de loufoquerie. Un rêve tendre comme des fesses de dauphin, où il décroche la lune à qui la lui demande.
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