Spectacle en espagnol surtitré
Présentation
Sur la mise en scène
« La vie est un opéra au rabais »
Maudite façon d'écrire !
L’orchestre de chambre du Teatre Lliure
La compagnie Romea
Oeuvre de commande pour un théâtre privé de Berlin, L’Opéra de
quat’sous fait partie de ce que Bertolt Brecht appelait son théâtre
“culinaire”.
Écrit en trois semaines lors d’un séjour au Lavandou en 1928, il est le résultat
de la collaboration artistique entre Bertolt Brecht, auteur des poèmes et des
chansons, Elisabeth Hauptmann, traductrice de l’œuvre originale de John Gay L’Opéra
des gueux et Kurt Weill, compositeur.
Triomphe immédiat et absolu lors de la création, cet opéra est à la fois un mélodrame et une revue de music-hall pour cabaret, maniant l’humour et la poésie au service d’une satire sociale pleine d’ironie. Originale dans sa composition dramatique, l’œuvre l’est encore plus par sa musique qui mêle les rythmes de jazz au lyrisme de l’opéra traditionnel.
Dans la version espagnole de Calixto Bieito, il s’agit non pas de moderniser l’œuvre de Brecht, mais de la confronter au présent dans un corps à corps qui lui redonne la force et la violence d’un brûlot bouleversant et très actuel. La distraction agréable devient malaise lorsque l’on prend conscience que tout s’achète, que tout se vend, même les êtres humains.
Retraduit à l’occasion de cette mise en scène, L’Opéra de quat’sous devient un jeu de massacre, tout en conservant l’idée de Brecht selon laquelle “S’agissant de théâtre la raison et l’émotion ne peuvent être séparées.”
Toutes les “misères” de l’Allemagne des années trente ne sont pas à ranger aux rayons des accessoires de musée… elles résonnent fortement et cruellement dans notre quotidien. Comme toutes les œuvres d’art, L’Opéra de quat’sous porte à jamais les germes du présent.
La mise en scène de l’œuvre de Brecht/Weill constitue toujours un événement théâtral, d’autant plus qu’il s’agit d’une œuvre majeure, fondatrice de la dramaturgie du XXe siècle.
Cela dit, l’événement essentiel réside dans le fait que Calixto Bieito se mesure à Brecht dans la pleine possession de ses moyens créatifs. Bieito, qui s’est imposé comme l’un des grands metteurs en scène européens actuels, et dont les spectacles sont accueillis dans les théâtres les plus importants du continent, a fait le pari d’une dramaturgie sans concession, éloignée de toute rhétorique ou artifice, engagée dans un corps à corps avec notre présent et mettant toujours au premier plan les émotions humaines. En ce sens son approche des classiques, de Shakespeare à Calderón ainsi que du répertoire de l’opéra, a puissamment contribué à renouveler les modèles esthétiques et le langage scénique.
Un combat théâtral de haut vol. Face à face, deux adversaires usant d’arguments dramatiques en apparence opposés : l’intelligence analytique de Brecht et l’intuition viscérale de Bieito. Passionnant, sans aucun doute.
L’Opéra de quat’sous, écrit et mis en scène en 1928, a constitué le premier et le plus grand succès commercial de Bertolt Brecht et Kurt Weill, s’imposant ainsi comme une œuvre majeure du XXe siècle, dont l’influence aura été décisive sur l’évolution postérieure du théâtre musical. La comédie musicale américaine et son prolongement européen, qui ont nourri le travail de Weill, ont subi en retour son influence, y compris après la mort de celui-ci.
Comment expliquer ce succès sans précédent ?
Chacun sait que le processus de création de cette pièce a été hasardeux, chaotique et, au début, infructueux, que les répétitions ont été catastrophiques, entraînant le départ de plusieurs des acteurs principaux. Des coupures et des rajouts ont été opérés jusqu’au soir de la première : il est bien connu que Weill et Brecht ont introduit l’immortelle chanson de Mackie-le-surineur au dernier moment.
Je crois qu’à l’époque où il a écrit le livret de L’Opéra de quat’sous, Bertolt Brecht était à la recherche de sa propre façon de comprendre le monde et le théâtre, et qu’il n’était pas encore tombé dans l’orthodoxie communiste qui caractérise son œuvre postérieure. Picasso a dit : « une œuvre d’art achevée est une œuvre morte ». À mon sens, c’est précisément en raison de son inachèvement que le livret de cette pièce est si étonnant. Toutes ces prostituées, tous ces délinquants travestis en honorables bourgeois comme tout droit sortis d’une soirée de gala à l’opéra, tous ces policiers corrompus et ces misérables mendiants brossent le portrait d’une société de pacotille, dont on pourrait dire : « la vie est un opéra au rabais ».
À cet univers vient s’ajouter la fascination et la séduction de la musique de Kurt Weill, qui mélange les styles, depuis le cabaret jusqu’à la musique savante, en passant par la parodie de l’opéra classique. Cet alliage inédit a fait de L’Opéra de quat’sous une œuvre phare du théâtre du XXe siècle, à présent reconnue comme un classique.
Brecht se maudissait lui-même chaque fois que sa façon particulière d’écrire conduisait à une mauvaise interprétation ou à une déformation de ses écrits et de ses textes théoriques. Toute sa vie il a dû lutter contre l’image qui faisait de lui le principal représentant d’une certaine forme de dogme politique et esthétique, monolithique et immuable. Le Brecht à la fois communiste et égocentrique, voire même tyrannique, a souvent empêché d’apprécier la richesse de son œuvre et l’influence - décisive - qu’elle a exercée sur le théâtre du XXe siècle, influence qui s’étend jusqu’à nos jours.
Il convient par conséquent d’établir une distinction nette entre le Brecht des années vingt et trente, libertaire et juvénile, nourri d’expressionnisme, de Chaplin et du cinéma muet américain, du théâtre politique de Piscator, du cabaret de Wedekind et du music-hall de Karl Valentin, et le Brecht postérieur, celui des Lehrstücke, ces artéfacts scéniques à vocation didactique au service d’une idéologie révolutionnaire socialiste.
Une fois libéré de ces clichés, Brecht apparaît sous un jour nouveau et son influence atteint d’autres latitudes théâtrales. Son œuvre aura toujours puisé dans la pensée, la philosophie et la science pour les convertir en substance dramatique. Mais surtout en spectacle.
Disons le : sans les trouvailles musicales de Kurt Weill et les innovations scéniques de Brecht, le théâtre musical et le music hall (y compris celui de Broadway) se seraient difficilement affranchis du corset rigide de l’opérette ou du vaudeville. Dans ce processus d’affranchissement, L’Opéra de quat’sous a constitué une étape décisive.
Tous ceux qui, un soir de l’année 1928, ont assisté à la répétition générale de L’Opéra de quat’sous - spectacle inspiré du Beggar’s Opera de John Gay, créé à Londres en 1728 - ont perçu comme une mauvaise plaisanterie ce spectacle inclassable qui n’était ni un opéra, ni une opérette, ni du cabaret ni un drame bourgeois, mais qui se nourrissait de tous ces genres et qui introduisait de la musique de jazz. Une telle élucubration était vouée à l’échec.
Cependant le public en a décidé autrement et l’œuvre a connu un succès retentissant qui s’est vite transformé en phénomène social. Depuis lors, L’Opéra de quat’sous n’a cessé d’être représenté sur les scènes du monde entier.
Au-delà de la satire et de la parodie, la grande réussite de l’œuvre est d’avoir su traduire scéniquement toute la misère sociale de l’Allemagne pré-nazie, grâce à un prodigieux travail de recyclage de matériaux considérés comme mineurs (opérette, cabaret, musique populaire…), le tout au service d’une structure dramatique on ne peut plus raffinée.
En inaugurant cette nouvelle forme théâtrale, Brecht et Weill ont ainsi concrétisé de façon éclatante un principe énoncé par Brecht lui-même : « Au théâtre, la raison et l’émotion ne peuvent être séparées. »
L’orchestre a été créé en 1985 à Barcelone au sein du Teatre Lliure que dirigeaient alors Fabià Puigserver et Lluís Pasqual. Josep Pons en est le chef titulaire depuis sa fondation et Lluís Vidal, le directeur artistique. Conçu en tant que formation permanente (disposant de sa propre salle de concert et répétant régulièrement), l’orchestre s’est dès le début consacré exclusivement à la musique du XXe siècle, centrant sa programmation dans une perspective monographique sur des compositeurs, des écoles, des époques ou des tendances.
Dans sa structure de base (quintette à vent, quintette à cordes, trompette, trombone, piano et percussion), l’Orchestre de Chambre du Teatre Lliure a présenté les compositeurs les plus importants de notre siècle et accueilli des solistes de renommée internationale parmi lesquels, Victoria de los Angeles, Walter Boeykens, Susan Chilcott, Dave Liebman, Sergio y Odaïr Assad.
L’orchestre a passé de nombreuses commandes à des compositeurs, dont les œuvres ont été créées sous la baguette de Josep Pons, mais également de José Ramón Encinar, George Benjamín, Ernest Martínez- Izquierdo et Antoní Ros-Marbà. Au-delà de sa propre programmation, l’orchestre est fréquemment invité à donner des concerts hors les murs, en Espagne, en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, au Portugal, en Israël, en Hollande, en Bulgarie, en Belgique et ailleurs.
L’une des lignes de force de l’orchestre est son travail spécifique sur la musique de scène, que le Teatre Lliure a développé dès sa première saison à travers de nombreux spectacles, (musique pour le théâtre, théâtre musical, opéra, musique pour la danse et musique pour le cinéma). Après sa version scénique du Retablo de Maese Pedro de Manuel de Falla, qui a accompagné la recréation en Espagne de la première version (1915) de El Amor brujo, l’orchestre a réalisé diverses productions scéniques de grande envergure, telles que Pierrot Lunaire de Schoenberg, l’opéra Pepita Jiménez de Isaac Albéniz, la comédie musicale Company de Stephen Sondheim, le ballet Le Jardinier, coproduit avec la compagnie Gelabert-Azzopardi et La Nouvelle Babylone de Chostakovitch interprétée lors de la projection du film pour lequel elle fut composée.
Sous la direction artistique de Calixto Bieito, la compagnie Romea, implantée au théâtre Romea de Barcelone, s’est imposée au cours des dernières années par la rigueur de son travail artistique et son engagement dans le sens de l’innovation et du risque. Ses acteurs, qui occupent une place de premier plan dans le théâtre catalan, sont parvenus à mener à bien la difficile aventure de constituer une troupe permanente, l’une des rares à exister actuellement en Espagne.
Les spectacles les plus significatifs de la compagnie, depuis son implantation au Teatre Romea de Barcelone, sont : Le Barrage, de Conor McPherson (saison 1999/2000), mis en scène par Manel Dueso (prix de la critique théâtrale de Barcelone pour la meilleure mise en scène ; prix de la critique théâtrale de Barcelone pour la meilleure interprétation, décerné à Boris Ruiz) ; Ils étaient tous mes fils, d’Arthur Miller (saison 1999/2000), mis en scène par Ferran Madico (prix de la critique théâtrale de Barcelone, pour la meilleure interprétation, décerné à Roser Camí). La Vie est un songe, de Calderon de la Barca (saison 1999/2000), mis en scène par Calixto Bieito (prix de la critique théâtrale de Barcelone pour le meilleur spectacle prix de la critique théâtrale de Barcelone pour la meilleure interprétation décerné à Boris Ruiz ; prix Butaca pour la meilleure mise en scène, la meilleure scénographie et le meilleur éclairage ; prix de la Asociación de Directores de España pour la meilleure mise en scène ; prix Ercilla pour la meilleure création dramatique ; prix Teatre BCN pour la meilleure œuvre) ; Woyzeck, de Georg Büchner (saison 2001/2002), mis en scène par Àlex Rigola ; et Macbeth, de William Shakespeare (saison 2001/2002), mis en scène par Calixto Bieito.
9, bd Lénine 93000 Bobigny
Voiture : A3 (Porte de Bagnolet) ou A1 (Roissy) ou RN3 (Porte de Pantin) sortie Bobigny / centre-ville ou A86 sorties N° 14 Bobigny /Drancy.
Parking à proximité (un parking gratuit dans le centre commercial Bobigny 2 est accessible les soirs de représentation)