Brecht est en exil aux États-Unis lorsqu’il finalise en 1941 cette pièce où, comme le relève Bernard Dort, la distanciation est plus que jamais une « entreprise de déconditionnement et de destruction des idéologies ». Le dramaturge allemand vise à démonter les mécanismes de l’ascension d’Hitler au pouvoir en les transposant dans le Chicago des années 1930 avec le trust du chou-fleur en crise. D’Hitler à Al Capone, du nazisme à la pègre, les procédés sont les mêmes : intimidation, chantage, détournement d’argent, menace, meurtre, jusqu’ au cours grotesque de diction, chaplinesque, pour mieux haranguer les foules. « Le ventre est encore fécond... » prévient Brecht. A l’heure du soixantième anniversaire de sa mort en 2016, Arturo Ui traverse l’Histoire et parle toujours au présent.
C’est à une figure historique du Berliner Ensemble qu’est confiée l’entrée au Répertoire de La Résistible Ascension d’Arturo Ui. Katharina Thalbach, fille de Benno Besson et de Sabine Thalbach – actrice chez Brecht –, a grandi après la mort de sa mère sous la protection de la troupe, particulièrement d’Helene Weigel, veuve de l’auteur qui lui succéda à la direction du Berliner. Metteure en scène de théâtre et d’opéra reconnue, c’est hors de tout dogmatisme et dans la grande tradition de ces histrions inspirés qu’elle saura partager le souffle épique de cette « farce politique ».
« Il y a ainsi, à la Comédie-Française, un côté théâtre de foire, un jeu très rapide, un goût marqué pour l’efficacité, et une vision revendiquée d’Arturo Ui : ce n’est pas seulement une figure politique – le double d’Adolf Hitler –, mais aussi une figure sociale – celle d’un gangster. (...) Tous apparaissent comme des pantins pris dans les rets non pas de l’Histoire, mais d’une histoire que Katharina Thalbach traite comme une parabole sur les mécanismes implacables de l’argent et de la volonté de puissance. » Brigitte Salino, Le Monde, 7 avril 2017
« De ce triste sire, Laurent Stocker fait un boufflon sanglant d'anthologie (...) il nous arrache des cascades de rires mêlés d'effroi. (...) Katharina Thalbach (...) en donne une version fidèle à l'esprit de Brecht (...) Ne lésinant pas sur les effets, elle en rajoute dans le clownesque, va vite et frappe fort. » Jean-Luc Porquet, Le Canard enchaîné, 19 avril 2017
Très bonne mise en scène (visuellement, sans temps mort, etc). Mais la diction de certains comédiens est insuffisamment claire : à la Comédie Française, c'est quand même regrettable.
Vu aujourd'hui 2 avril 2018, avec le même plaisir qu'en Novembre 1960 au TNP avec Vilar et Wilson entre autres. L'esprit de Brecht y est même si le texte m'a semblé un peu allégé. La mise en scène est magnifique de nature à convaincre de jeunes générations. Bravo à toute la troupe et merci à tous pour le plaisir de retrouver un théâtre"critique" et ancré dans l'époque ce qui se fait rare.
Enfin du theatre avec un propos, du jeu, de la jubilation, et des idees pour la mise en scène. Ils s amusent et nous aussi comme quoi on peut rire de tout
Parfait en tout point. J'espère que les jeunes auront pu comprendre toutes les métaphores de Brecht sur l'avènement du nazisme
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Très bonne mise en scène (visuellement, sans temps mort, etc). Mais la diction de certains comédiens est insuffisamment claire : à la Comédie Française, c'est quand même regrettable.
Vu aujourd'hui 2 avril 2018, avec le même plaisir qu'en Novembre 1960 au TNP avec Vilar et Wilson entre autres. L'esprit de Brecht y est même si le texte m'a semblé un peu allégé. La mise en scène est magnifique de nature à convaincre de jeunes générations. Bravo à toute la troupe et merci à tous pour le plaisir de retrouver un théâtre"critique" et ancré dans l'époque ce qui se fait rare.
Enfin du theatre avec un propos, du jeu, de la jubilation, et des idees pour la mise en scène. Ils s amusent et nous aussi comme quoi on peut rire de tout
Parfait en tout point. J'espère que les jeunes auront pu comprendre toutes les métaphores de Brecht sur l'avènement du nazisme
Très belle mise en œuvre et beau jeu d acteurs. 2 critiques: un des acteurs avec une mauvaise diction, difficile à comprendre, les coûts de feu un peu trop fort à mon goût surtout quand plusieurs d affilé. Enfin, des spectateurs très irrespectueux: téléphone, papotage, départ en plein spectacle. J avais l impression d être dans une cours de récréation d école !
Si le texte de Brecht conserve sa force de dénonciation , si les comédiens se livrent à un exercice éblouissant , la mise en scène par contre m'est apparu lourde , très lourde et de nature à nous faire perdre le côté tragique qui n'est jamais loin de l'apparence burlesque. Passe encore les premières minutes pendant lesquelles l'on découvre la toile d'araignée, le plan incliné, les trappes ... au bout d'une heure on aurait juste envie d'écouter le texte hors des hurlements , des gesticulations et de la confusion. Faire hurler et courir les comédiens ne donne pas un supplément d'âme à cette œuvre fondamentale. Peut être ce spectacle s'adressait il à des spécialistes qui auraient déjà vu 20 fois la pièce et auraient eu besoin d'un violent renouvellement ... ? J'avais besoin d'écouter et de laisser aller ma propre imagination : Mme Thalbach ne l'a pas permis elle tenait tellement à saturer nos capacités cognitives de bruits et de fureurs ! J'aimerais trouver une interprétation plus modeste et au fond plus respectueuse !
Un très bon point pour la mise en scène avec cette toile d'araignée qui enveloppe la ville de Chicago, le jeu de portes sur le plan, le travail des ombres, etc... Depuis le balcon notamment, l'effet était saisissant. Le parti pris clownesque renforce la caricature, même si ceux de l'époque étaient de dangereux clowns, le tout magnifiquement joué par les comédiens du français. Malgré ça, après un départ tonitruant, la pièce s'endort doucement à partir de la scène du garage. Peut-être le didactisme est-il également un peu trop appuyé? Au final, la dénonciation suscite plutôt l'indifférence, ce qui est contraire à l'objectif visé. Préférez "les damnés" qui vous prend à la gorge du début à la fin de la pièce...
Excellente mise en scène et excellent jeu des acteurs. Hélas: les textes annonçant les scènes sont fort mal éclairés et donc peu lisibles: une grave erreur! L'acoustique dans cette vieille salle laisse à désirer alors que la visibilité à partir de bien des places, y compris dans la catégorie B, est mauvaise. Dommage, car la pièce elle-même est d'une grande qualité!
Le parallèle avec l'actualité saisissant, le jeu des acteurs (UI, HINDSBOROUGH, ROMA, Gobbola, Le Comédien, Gori) jusqu'à l'explication de texte pédagogique du programme, excellents. Costumes, bien vus. Certains partis pris de mise en scène et de décor intéressants, mais pas tous... En revanche, certaines dictions (entre ceux qui hurlent et ceux qui "boulent"), le niveau sonore, la musique ... comment vous dire...hâte de sortir...
Très bonnes mise en scène et scénographie. Interprétation de très haut niveau.
La pièce est formidable ! sa force, pas une ride ! Intéressante expérience que de voir les comédiens du Français dans un exercice de style si différent de leur style à eux. Ils n'y sont pas complètement convaincants mais c'est bien de s'y être frottés. D'accord avec Betty sur les intermèdes musicaux, superflus. Mais réentendre cette grande pièce, quel plaisir !
Impressionnante mise en scène et incroyable scène Vuillermoz / Stocker ! A voir rien que pour cette scène !
Je rejoins l'appréciation d'André J. Comme lui j'ai eu le privilège(de l'âge)de voir la mise en scène de J. Vilar. Je croyais l' avoir oublié et elle m'est revenue en suivant celle-ci. Ici, présence trop forte du dispositif scénique, jeu trop appuyé des comédiens. Stocker "fait" du charlot (cf. Le Dictateur). Quant aux "intermèdes" musicaux (cf. "Cabaret") ils diluent la force du texte. Heureusement, il résiste! D'accord aussi pour la diction des comédiens parfois difficile à entendre et à comprendre. B.M.
Une mise en scène très intéressante, souvent captivante, mais qui mettait parfois le texte au deuxième plan.
Une effrayante toile d'araignée mouvante dont les pièges se referment petit à petit sur les protagonistes... La mise en scène est troublante, vertigineuse et sert admirablement le texte. Belle fresque à la fois clownesque et horrifique, faisant écho à l'actualité et dont on ne sort pas indemne tant elle donne à penser... Mention spéciale à Laurent Stocker et sa performance incroyable de créativité et de justesse. La Comédie Française renoue ici avec un théâtre populaire et intelligent.
Place Colette 75001 Paris