Possibilité de voir la Trilogie d'Euripide en intégral.
Hécube est la première des quatre pièces de cette tétralogie. Elle instaure les principes dramaturgiques qui s’appliqueront aux trois autres. Quatre comédiens jouent tous les rôles. Toutes les parties chantées sont chantées par les comédiens accompagnés par une accordéoniste. L’espace est modulable pour les quatre pièces. Les différents tableaux seront créés à partir d’un jeu de rideaux mobiles accrochés à des patiences. Le décor peut être renouvelé très rapidement. Ce n’est pas du théâtre statique. L’ensemble des éléments rythme le jeu et l’action. La pièce commence à la fin de la guerre de Troie par le partage des trophées de guerre : les femmes des vaincus, dont Hécube fait partie. Et nous suivons, dans les trois pièces suivantes les retours difficiles des grecs vers leurs patries, Ulysse, Agamemnon, Ménélas et Hélène. À l’arrivée à Sparte du couple célèbre, nous assistons au jugement d’Oreste.
La pièce d’Hécube est la plus tragique des quatre. Elle fini mal, mais les trois autres finissent bien. Cela contredit l’idée qu’une tragédie fini toujours mal.
Après la défaite troyenne, Hécube va perdre encore deux enfants. Une fille, Polyxène, qui sera sacrifiée en offrande sur la tombe d’Achille et un fils, Polydore, qui a été supprimé par celui qui était sensé le protéger, Polymestor. Pour se venger, Hécube lui crève les yeux, et tue ses deux enfants. Une vengeance radicale qui sera finalement acceptée et rendue possible grâce à Agamemnon. Une réalité incroyable, cruelle, violente, et implacable. Pourtant le tragique grec n’est pas exactement celui que nous connaissons. La représentation du tragique contemporain, même dans les pièces dites classiques, est traversée par les horreurs du siècle dernier et conditionnée par l’idée de la tragédie ressuscitée à la Renaissance. La tragédie grecque a elle-même évoluée pendant l’antiquité, ainsi la différence entre Eschyle et Euripide est immense, ce n’est pas du tout le même théâtre. Tout le travail consiste à montrer toutes ces différences.
Hécube, c’est une parole concrète, dénuée de mysticisme. Il n’y a pas de mythes, mais seulement des humains en proie à la dure vérité de la nature de l’homme. Tout est dans le texte. Le mouvement scénographique, la profération des comédiens, l’action de la lumière, doivent nous entrainer dans un tourbillon d’évènements ancrés dans un présent possible et accessible.
La plus belle femme du monde n’a jamais été à Troie, à sa place a vécu un clone envoyé par les dieux. Aphrodite l’avait promise au fils de Priam, Pâris, s’il lui donnait en échange, le prestigieux prix de la beauté. Mais les dieux ne voulurent pas qu’Hélène fût infidèle. Pâris n’emporta à Troie qu’un clone et le dieu Hermès en personne apporta Hélène au vertueux roi Prothée en Egypte. C’est à partir de ce postulat que se construit la pièce. Euripide, utilise une variante connue qui circulait en Egypte et qui fut rapportée par Hérodote. Il a su adapter cette version avec beaucoup d’ingéniosité.
La guerre de Troie n’aurait pas du avoir lieu, dix ans de combat pour rien. Euripide dénonce l’inutilité de cette grande guerre. Le rapt d’Hélène est le prétexte pour s’emparer des richesses Troyennes convoitées par l’ensemble des cités grecques. Mais cette tragédie a une allure de comédie. Au début cela commence dans un climat très sombre où Hélène en compagnie d’un Choeur de femmes se lamente de ne jamais revoir son mari qu’elle aime tant : Ménélas. Elle se demande comment mourir. Mais au premier acte, on voit Ménélas échoué en Egypte, qui erre sur le rivage ayant pris soin tout de même de laisser la fausse Hélène en bonne garde avec ses marins.
Il tombe nez à nez avec son ancienne épouse, la vraie Hélène. Il y a donc deux Hélène. Alors la situation devient grotesque, et jusqu’au dénouement s’enchaîne une suite d’évènements qui obligera le couple célèbre à ruser pour s’enfuir de ce pays où les grecs sont systématiquement égorgés.
Le récit de la trame à lui seul fait comprendre l’intérêt de faire découvrir cette œuvre inconnue. Cela renouvelle complètement les ordinaires conventions que nous connaissons de la tragédie antique. Le contexte est tragique mais l’action est vivante, drôle, truffée de ruptures et de changements. Le travail de mise en scène est d’abord un travail de mises en situations. Tout doit aider à suivre toutes les finesses des ruptures de jeu et des mouvements de l’intrigue. On est proche de Molière.
En cela la composition musicale confiée à Martine Joséphine Thomas, ponctue, soutien le jeu des comédiens. Par exemple, pour la scène des retrouvailles du couple mythique, la musique vire à l’opérette. La musique accompagne les mouvements dramatiques du texte.
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