La Thérapie du rêve

Comédie dramatique
Le témoignage
Naissance d’un texte, naissance d’un spectacle

« Quand je suis arrivé dans un hôpital psychiatrique, j’ai eu l’impression d’entrer dans une immense salle d’anatomie, où la vie avait l’aspect et l’odeur de la mort » Franco Basaglia.

En Italie à la fin des années 70, la loi Basaglia fait fermer les hôpitaux psychiatriques. Les patients s'inquiètent, que vont-ils devenir ? Dans le même temps la Toscane installe l'école régionale de théâtre dans l'hôpital psychiatrique de Sienne. Les jeunes comédiens rencontrent les patients...

Un acte, une chambre d'hôpital, un personnage, l'amour en piteux état, des souvenirs tendres et tragiques, l'avertissement : "ce qui est fini est fini."

Par la Compagnie de l'escargot. Traduit de l'italien par Maxime Giglio.

« A la fin des années ‘90, je voyais encore revenir les malades à l’Hôpital Psychiatrique, à la Cour des Miracles, un pavillon de la structure qu’occupait une école de théâtre. Pourtant ça faisait déjà des années que l’Hopital était fermé. Mais ils revenaient comme une marée dans ce pavillon.

Nous, les jeunes comédiens, pendent nos ateliers de groupe nous avons joué avec leurs chaises (marquées A.S.L : Azienda Sanitaria Locale), nous avons vu les lieux où se déroulaient leurs activités, nous nous sommes assis à l’ombre des arbres de leur jardin. De la fenêtre de notre salle de répétition, je regardais les cellules où les hospitalisés avaient été internés. Un spectacle macabre. C’était un lieu désormais abandonné. De son coté, l’Université avait autorisé la construction des salles de L’Ecole d’Ingénieurs.

Maintenant il ne reste qu’une vielle pharmacie, la Cour des Miracles est devenue un centre de loisirs et l’atelier où les malades conduisaient leurs activités a été détruit. »

A la fin des années ‘60, grâce à la loi 180 (la loi dénommée Basaglia) en Italie, les hôpitaux psychiatriques ont été fermés. L’auteur de cette pièce, Maria Fonzino, suivait des cours de théâtre dans un atelier qui avait lieu dans les salles de loisirs de « La Cour de Miracle », le pavillon des divertissement des hospitalisés, à Sienne. Elle les croisait , quand elle allait en cours. Elle a fixé leur silhouettes, leur figures, dans sa mémoire, pour garder leur voix et leur souvenir à jamais.

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…sur la mise en scène

On a discuté des tics et des tocs, les nôtres et ceux de nos proches. A Paris, Caroline et moi avons aussi visité le plancher de Janneau exposé à l’Hôpital Saint-Anne.

Le texte mélange le langage poétique au vocabulaire de la psychiatrie. Dans l’effort de rester sobre, sans arrogance, cette mise en scène représente la synthèse de quelques moments de la dernière demi-heure fatale d’une patiente internée à l’hôpital psychiatrique St. Niccolò de Sienne.

Sur une scène dépouillée cette jeune femme tente de raconter la fermeture imminente de l’hôpital psychiatrique où elle a passé ses dernières années. Ce terrible désaccord de souvenirs donne vie à des silences et des reprises, des phrases absurdes qui viennent à l’esprit d’une femme qui veut dire l’essentiel, qui veut raconter son angoisse aux autres, qui veut faire entendre une dernière fois sa voix dans les couloirs blancs de l’hôpital.

Un acte, une chambre de l’hôpital, "la cellule noire", un personnage, l’absence d’amour, des souvenirs diaboliques et tendres, et l’avertissement "ce qui est fini est fini" sont les éléments qui composent cette création contemporaine pour le théâtre.

Tragédie éternelle de la séparation d’un lieu, La thérapie du rêve est un monologue tendre mais dangereux : l’actrice est à la fois la voix des hospitalisés et la voix de la femme qui aurait voulu faire partie du monde normal.

La figure révolutionnaire du psychiatre Franco Basaglia, qui dans la réalité a travaillé plusieurs années à l’hôpital psychiatrique de Gorizia, est située dans la fiction à coté de la protagoniste, au S. Niccolò, à Sienne. Elena, la protagoniste représente un des malades qui ont été soignés au sein cette structure.

On ne sait pas si elle a été internée pour des raisons réelles, si elle reste au pavillon de la Cour pour éviter la confrontation avec la réalité, si elle préfère rester à l’intérieur de l’hôpital dans l’oubli, sans passé, sans identité.

La Compagnie de l’Escargot a été crée a Paris en juillet 2007. C’est une équipe de théâtre, mais elle compte aussi sur la présence d’autres artistes dans le domaine de la photographie et de la musique. Cette année la compagnie présente sa deuxième production, La thérapie du rêve, une création originale, après la mise en scène de « Les bonnes » de Jean Genet, présenté à Paris pour la première fois au Théâtre de la Reine Blanche.

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