La Tragédie d'Hamlet

Oubliez Shakespeare. Oubliez qu'il y a jamais eu un homme de ce nom. Oubliez que vos pièces ont un auteur. Pensez simplement que votre responsabilité en tant que comédien est de donner la vie à des êtres humains.

La plus belle pièce du monde, le plus grand dramaturge de l'histoire, le plus grand maître du théâtre vivant... Ne lésinons pas sur les superlatifs. Pour la cinquième fois, Peter Brook se penche sur le motif Hamlet (...) Comme le peintre revenant interroger l'énigme de la lumière, de la matière, de la pensée, cherchant la constante dans la série, Peter Brook a repris son tête-à-tête avec le jeune homme au "manteau d'encre". Après plus d'un demi-siècle d'entretiens, le prince noir et le metteur en scène ont accumulé assez de réflexions intimes pour en présenter, ensemble, des échos inédits à leurs contemporains.

Arrêtez quelqu’un, n’importe qui, dans la rue, et dites-lui : « Que connaissez-vous de Shakespeare ? » Il y a de fortes chances pour que la réponse soit : « To be or not to be, être ou ne pas être… » Pourquoi cela? Qu’est-ce qui est caché derrière cette petite phrase ? Qui l’a prononcée ? Dans quelles circonstances ? Pour quelles raisons ? Pourquoi cette petite phrase est-elle devenue immortelle ? On monte Hamlet partout, tout le temps… en clochard, en paysan, en femme, en pauvre type, en homme d’affaires, en débutant, en star de cinéma, en clown, et même en marionnette… Hamlet est inépuisable, sans limites… Chaque décade nous en offre une nouvelle analyse, une nouvelle conception… Et cependant Hamlet demeure un mystère, fascinant, inépuisable… Hamlet est comme une boule de cristal, tournoyant dans l’air, immuablement. Ses facettes sont infinies… La boule tourne et nous présente à chaque instant une nouvelle facette… Elle nous éclaire. Nous pouvons toujours redécouvrir cette pièce, la faire revivre, partir à nouveau à la recherche de sa vérité… Après avoir crée, l’année dernière, une version d’Hamlet en anglais, nous poursuivons notre travail, cette fois-ci, en français.

Peter Brook

• La presse

Ce nouvel entretien place Hamlet, pratiquement de bout en bout, au centre du tableau. Le paysage est dégagé des silhouettes secondaires, fond propre à rehausser la "couleur nocturne" du personnage, de la première à la dernière note, retenue : "... le reste est silence". Jean-Louis Perrier, Le Monde