Leonardo : « Achetez des chandelles de Venise. Elles sont plus chères mais elles durent plus longtemps et sont plus belles. » Les Manies de la villégiature – Acte I, scène 1
L’aspiration à rivaliser, dans ses plaisirs dispendieux, avec l’aristocratie fortunée peut coûter cher à la nouvelle bourgeoisie marchande, ridiculisée et piégée par les pernicieux effets des apparences : quitter la ville pour quelques mois de résidence à la campagne, fût-ce au prix de dettes.
Deux familles se lancent avec fièvre dans les préparatifs d’un départ en vacances (La Manie de la villégiature). Dans la douceur de l’oisiveté bucolique, s’épanouissent les amours et les rivalités tandis que s’évapore la fortune chimérique (Les Aventures de la villégiature). De retour à Livourne, la réalité reprend ses droits dans son arbitrage de la raison et des sentiments (Le Retour de la villégiature).
La Comédie-Française accueille Alain Françon pour cette création. Se déployant dans trois lieux différents, cette fresque expose bourgeois et domestiques, sans que les problèmes des uns aient une quelconque prééminence sur ceux des autres. Plus de trente ans après Giorgio Strehler, la richesse de cette « pluralité d’individualités » est restituée sur la scène du Théâtre éphémère pour les trois parties de cette œuvre, rarement réunies.
Traduction par Myriam Tanant.
Les personnages de La Trilogie sont dans le « paraître », mais à l'inverse de l’aristocratie ils ont beaucoup de peine à en jouir. Ils ne savent pas très bien comment s'y prendre ; ils ne sont jamais au bon moment ni au bon endroit, ils ne maîtrisent pas la « bonne manière ». Dès Les Manies de la villégiature, rien ne semble aller comme il faut ; les préparatifs sont désorganisés, on se charge de beaucoup trop d'effets – toujours par souci d'imitation – on court chez le tailleur et on n'a pas d'argent pour le payer... Dans Les Aventures de la villégiature, les personnages se retrouvent dans une sorte de temps suspendu, le cadre même de la villégiature, propice aux relations amoureuses.
Un élément extrêmement contemporain, chez Goldoni, réside dans le fait que l’argent est toujours mêlé aux sentiments. Dans Le Retour de la villégiature, la dépense a été telle que les huissiers sont à la porte. Au final, le monde que décrit Goldoni est catastrophique. Nous assistons à la fin d’une société, au chaos de cette fin. Plus que de la mélancolie, on y trouve de la violence, tous les personnages y sont blessés, meurtris. À la différence de Tchekhov en Russie, ou de Beaumarchais en France, il n'y a pas, dans l'Italie de Goldoni, de révolution qui fera suite au déclin de cette classe. La fin de La Trilogie n'en est que plus triste.
On sait aujourd'hui que Goldoni ne peut pas être réduit aux emprunts qu'il fait à la Commedia dell’arte. Sa volonté de réformer le théâtre italien l'a poussé dans une description de la vie de ses contemporains plus « authentique », plus « naturelle ». Sa volonté de faire évoluer le théâtre italien était si grande, et ses adversaires si violents, qu’on ne peut que lui rendre hommage sur ce point : avoir à tout prix maintenu le choix d'être novateur sur le quotidien, sur la description de la vérité des rapports humains, des rapports de classes. Ajoutons à cela son immense talent pour construire une intrigue, ses pièces sont une horlogerie parfaite. C'est un théâtre profondément intelligent. On a presque envie de dire qu'il suffit de suivre le mouvement !
Comme chez Tchekhov, le texte des pièces est essentiellement constitué de motifs, d'expressions caractéristiques… Cela peut être un mot, et ce mot circule dans toute la pièce. Il n'est pas repris par un seul personnage (il n’est pas l’expression psychologique d’un personnage), mais il est partagé par
tout le monde. Pour moi, c’est la caractéristique des grands auteurs. La pièce est une architecture faite de l'ensemble de ces expressions, de tous ces mots, de ces motifs : ils sont véritablement le « texte de la pièce ». Chez Goldoni, la plupart des motifs sont centrés sur les rapports entre l’artifice et la sincérité ; le mot vérité apparaît souvent, il est suivi en général de l'adjectif vrai et du mode interrogatif. On est donc toujours amené à se poser la question de savoir si c’est « la vérité vraie ». C'est autour de cette question que tournent, pourrait-on dire, les trois pièces.
Alain Françon, 2011, propos recueillis par Laurent Muhleisen
« Françon fait sobrement valser la mélancolie et ce que Goldoni appelait le «comique saillant». (...) Françon n’ôte aucune légèreté au pas de la Trilogie, mais il l’approfondit et l’assombrit. » Philippe Lançon, Libération, 24 janvier 2012
« Alain Françon redonne le souffle attendu à La Trilogie de la villégiature de Goldoni, une comédie satirique – farce amère – avec des acteurs virtuoses. » Véronique Hotte, La Terrasse, 10 février 2012
« Une mise en scène fine, déliée, intelligente d'Alain Françon, une troupe au sommet de son art. Que rêver de plus ? (...) Goldoni, cœur généreux, parle des valets aussi bien que des maîtres et c'est ce que nous montre ce spectacle tout de grâce, de légèreté, d'esprit, de vérité et d'amour. » Le Figaro
« Cette Trilogie a tout d’une grande farce picturale, celle de la comédie humaine disposée à ne pas compter ses petits sous pour sauver les apparences de l’Amour. » Agora Vox
« La trilogie de la villégiature file très bon train. Que du bonheur ! Elle s'avale comme un flacon de barolo quand le soir tombe sur une terrasse toscane. Une sacrée pinte d'intelligence féroce, d'émotion trouble et de charme poivré. » Le Point
« Un pur délice d’espiègleries, de quiproquos et de cocasseries. » Sortir à Paris
« Françon signe une mise en scène classique mais efficace qui fait la part belle aux acteurs, tous formidables, et prend des partis personnels dans la distribution et la direction. (…) Un spectacle qui se joue à toute allure, et la frénésie qui s’empare de certains personnages au regard de la futilité de leurs préoccupations fait rire tout en soulignant leurs tares. » Rue du théâtre
Effectivement, magnifique soirée dans ce beau théâtre éphémère et sur cette grande scène une retrouvaille avec la trilogie e la villegiature... Les comédiens sont magnifique et j'ai vraiment adoré Georgia Scalliet... Le temps a passé trop vite !!
Enfin on retrouve la Comedie Française. Belle mise en scène, texte , decors, costumes et surtout acteurs excellents avec Anne Kessler ( Vittoria) et Georgia Scalliet ( Giacinta) toutes deux remarquables. Hervé Pierre (Filippo) et Michel Vuillermoz dans des rôles qui leur vont a merveille.Daniele Lebrun (Sabina) joue a merveille la farce et la coquetterie Et pour l'oreille une diction claire et travaillée. Un pur bonheur et les 5 heures passent comme une etoile filante. La salle applaudit a tout rompre et fait a tous un triomphe.
Effectivement, magnifique soirée dans ce beau théâtre éphémère et sur cette grande scène une retrouvaille avec la trilogie e la villegiature... Les comédiens sont magnifique et j'ai vraiment adoré Georgia Scalliet... Le temps a passé trop vite !!
Enfin on retrouve la Comedie Française. Belle mise en scène, texte , decors, costumes et surtout acteurs excellents avec Anne Kessler ( Vittoria) et Georgia Scalliet ( Giacinta) toutes deux remarquables. Hervé Pierre (Filippo) et Michel Vuillermoz dans des rôles qui leur vont a merveille.Daniele Lebrun (Sabina) joue a merveille la farce et la coquetterie Et pour l'oreille une diction claire et travaillée. Un pur bonheur et les 5 heures passent comme une etoile filante. La salle applaudit a tout rompre et fait a tous un triomphe.
Place Colette 75001 Paris