Pendant qu'elle écrit le texte fondateur de la pensée féministe du XX° siècle, Simone de Beauvoir vit une relation sensuelle et passionnée avec l'écrivain américain Nelson Algren. Deux actrices - l'une chante l'autre joue de l'accordéon - orchestrent ce moment : l'émancipation et la lutte des femmes à travers une histoire d'amour.
Sans chercher à faire le portrait de la reine de l'existentialisme, deux femmes d'aujourd'hui, de générations différentes, dressent un pont entre elles et la grande Simone de l’année 49. D'Un amour transatlantique au Deuxième sexe... de Simone à Beauvoir...
Une traversée drôle et musicale, entre correspondance amoureuse et essai philosophique, tendant à donner une autre vision de cette femme de tête et de chair éprise avant tout d'authenticité et de liberté.
Mais « qu'est ce qu'une femme libre ? » souffle l'accordéon...
Une femme emblématique face à son intimité, tel est le défi dramaturgique que propose Michelle Brûlé dans La ballade Simone. Le texte se pose comme une incitation à la pensée joyeuse ; et c’est la raison pour laquelle le théâtre peut s’en emparer sans céder à la tentation de « l’incarnation ».
Il invite deux actrices à rêver sur les différentes facettes de Simone de Beauvoir, l’intime, enfantine, joueuse n’étant pas la plus effacée. Réceptacles et « passeurs » de cette parole révolutionnaire en son temps et toujours bouleversante aujourd’hui, les comédiennes déchirent voluptueusement les voiles qui masquent la psyché féminine.
L’autre côté du simulacre perçu à travers les transparences de la scénographie de Denis Malbos. Ainsi sont définies les zones ludiques et obscures que Simone de Beauvoir traverse pour, toujours revenir au devant de la scène énoncer la nécessité d’un équilibre entre les sexes.
Les lumières conçues par Olivier Vallet révèlent les mystères et éclairent le discours… Nous sommes dans un no man’s land où se bâtit un pont entre les deux Simone de Beauvoir, mais aussi entre deux générations, entre ceux qui ont lu et ceux qui n’ont pas lu.
Et pour en finir définitivement avec l’idée de la dualité contre laquelle elle s’est souvent insurgée, le spectacle met en scène deux comédiennes, parce que « l’une ne va pas sans l’autre et que, pourtant, l’une à souvent servi de paravent à ceux qui ne voulaient pas considérer l’autre ».
Nadine Darmon
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