" Même dans La Cantatrice chauve, le comique n'est pas si comique que cela. C'est du comique pour les autres. Au fond, c'est l'expression d'une angoisse. " Eugène Ionesco
La Cantatrice Chauve était pour Ionesco : « Une parodie du théâtre de boulevard, une parodie du théâtre tout court, une critique des clichés du langage et du comportement automatique des gens ».
Résumer la pièce est une chose presque impossible tellement l’absurde est omniprésent. Toutefois, on peut dégager un semblant d’histoire : Les Smith, famille traditionnelle Londonienne, reçoivent les Martin. Le capitaine des pompiers leur rend visite. Celui-ci reconnaît en Mary, leur bonne, une vieille amie.
Ce court résumé ne retrace pas du tout l’ambiance de la pièce dans laquelle aucune intrigue n’est présente. La Cantatrice Chauve a pour origine l’apprentissage de l’Anglais par la méthode Assimil. Ionesco y découvre un langage décousu qui fonctionne à vide, dans un échange gratuit et conventionnel de propos anodins. C’est le point de départ d’une accusation de l’insignifiance et du superficiel des rapports humains.
Ionesco envisage le langage comme une mécanique absurde qui finit par se détraquer et exploser. C’est une variation sur la bêtise et paradoxalement un éloge du pouvoir du langage : dans l’absence de logique, la liberté de l’humanité est littéralement infinie.
La Compagnie Infraktus, créée en 2003 à l’issue de notre rencontre à L’Ecole Supérieure d’Art Dramatique de la Ville de Paris, est un collectif d’acteurs et de metteurs en scène. Trois spectacles ont été montés, Loretta Strong de Copi et Excédent de poids, insignifiant : amorphe de Werner Schwab et Accent Circonflexe ou " La tragédie ne fait plus effet depuis qu'elle court les rues " tous deux mis en scène par Françoua Garrigues.
Prix du Public Théâtre 13 - Jeunes Metteurs en scène en 2007.
M’attaquer à un illustre chef-d’oeuvre international du théâtre n’est pas chose facile. Je dois, d'abord, me laisser guider par les évidentes intentions de l’auteur qui sont, de-ci, de-là, parsemées dans le texte. Je souhaite donc souligner le rythme rapide et gaguesque des répliques, insuffler aux comédiens un jeu naturaliste au départ de la pièce qui se transformera tout au long en exagération d’effets théâtraux, et libérer la tension dramatique qui est inscrite dans le texte même s'il n'y a aucune véritable intrigue... Cette tension dramatique tournera, dans ma mise en scène, autour de l’enquête policière de Sherlock Holmes, détective déguisé en bonne qui s’introduit chez les Smith afin de savoir de quoi les soupçonner puis les accuser.
Puisque la pièce est une boucle sans fin, la question qui se pose est de savoir ce qu'il s'est passé en amont ; Les Smith sont-ils véritablement les Smith ? Les Martin sont-ils les amis qu'ils prétendent être ? Les Smith n'auraient-ils pas empoisonnés les Martin avec un sérum qui rend amnésique afin de prendre leur place dans cet appartement bourgeois ? Qui est ce pompier et que faisait-il pendant tout ce temps ? Enfin, qui a tué Bobby Watson ? ! " A propos, et la Cantatrice Chauve ? " ? !
Voilà le genre de questions que je veux me poser dans le travail avec mes comédiens. Questionnement absurde mais qui poussera les comédiens à jouer à jouer chaque situation afin de rendre " plus ou moins " crédible une histoire qui n'a aucun sens. (Il y a du mystère dans l’air, du suspense…)
Scénographie
L'intrigue repose sur les comédiens et le texte riche en " coups de théâtre " . Aucun décor, mais un théâtre " mis à nu " (sans pendrions) permettant une mise en scène dynamique et chorégraphique. Je voudrais donner l'illusion première d'une absence de sens, de temporalité et d'espace par une absence de décor. Rien n'existe vraiment, juste des costumes comme signes d'un monde bourgeois et les armes du Cluedo comme accessoires et signes de l'enquête policière.
Costumes
Pour les costumes, notre choix s'est porté sur une influence des années 30 : robe noire type Chanel et perles pour les dames , costumes type " gangsters " pour les hommes. Un costume classique de bonne et de pompier pour la bonne et le pompier !
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