La chose effroyable dans l'oreille de V

“(…) la secousse est nette, discrète, rapide, au besoin répétée, mais jamais installée.”

(Roland Barthes, Le bruissement de la langue)

Ils sont sept comédiennes et comédiens qui, sous la direction d’Ingrid von Wantoch Rekowski - une des plus passionnantes jeune metteur en scène formée au théâtre autant qu’à la musique -, mènent une extravagante écriture où le son, le vocal, le geste, le jeu constituent les éléments de vocabulaire. Sept à chercher la grammaire de ce spectacle où la scénographie et la lumière deviennent ponctuations, sept à chercher l’énergie, les modes d’expressions, les postures et les situations d’où jaillit le sens.

Ce travail renvoie aux confins du théâtre, du mime, de l’absurde mais aussi aux humeurs propres à tout collectif. Il se nourrit lui-même du chant et du verbe, construit pas à pas sa polyphonie singulière, exalte la virtuosité de ses interprètes. Les rôles sont ainsi distribués à la manière d’une partition baroque : les caractères surgissent d’un chœur stupéfiant comme des figures hantées ou des gargouilles d’une voûte de cathédrale.

Dans ses obsessions et sa volubilité, ce projet fait suite à A-Ronne II, pur chef-d’œuvre d’invention où l’œuvre de Luciano Berio constituait le matériau vocal, où Ingrid von Wantoch Rekowski analysait les multiples ambiguïtés issues de l’acte de mettre en scène.