Jean-Yves Duparc relate l’échec d’un étudiant, « Gérard », au concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure, ainsi que sa sensation de se couper de la vie durant les années de préparationau concours. Il parvient à se retrouver, retrouver son corps, son identité, les autres, et à dépasser cet échec scolaire, en devenant acteur.
Guillaume Clayssen incarne un jeune avocat ambitieux, " Antoine Cormie r " . Chargé pour lapremière fois d'une affaire très médiatisée, il recommande à son client, accusé de pédophilie, de plaider " la réduction du quantum de peine " , bref de plaider coupable. Il apprend le lendemain le suicide de son client, qui avait pourtant tenté de le persuader de son innocence. Débute alors la descente aux enfers : il perd la reconnaissance de son entourage et se laisse ronger par la culpabilité. Ses difficultés le rendront plus humain, plus à l’écoute, et il décidera de devenir juge, afin de pouvoir,lors d’un procès, prendre partie en son âme et conscience.
Françoise Cousin raconte la difficulté de « Corinne » à s’intégrer à un collectif quel qu’il soit -entreprise, famille, couple, amis… Son refus de tout mensonge se heurte aux compromis et aux masques de la vie sociale. Elle finit par vivre et travailler entièrement seule. Vitupérant un soir contre les cris insistants d’un bébé dans son immeuble, elle apprend le lendemain que l’enfant s’est fait étranglé par ses parents durant la nuit. Afin d’émerger de la dépression qui s’ensuit, elle décide de confier ses choix d’existence au hasard d’un jeu de dés, et retrouve la bienveillance des autres en apprenant à déguiser ses convictions.
Christine Gagnepain évoque les relations amoureuses de " Camille " , femme parvenue à la quarantaine. Revenant d'abord sur l'issue brutale de sa dernière relation, elle se remémore alors ses histoires passées et à y repère peu à peu des récurrences troublantes. Elle parviendra finalement, à l'issue d'un chemin évoquant celui d'une psychanalyse, à prendre conscience de son désir de l'homme idéal, et à accepter la finitude, le présent, dans sa relation à l'amour.
J’ai souhaité jusqu’à présent un plateau nu, sans décor. Seules quelques assises structurent l’espace : quatre chaises identiques et sans âge, alignées en fond de scène vers le public, séparées chacune par une vingtaine de centimètres et quelques accessoires de jeu ; un petit tabouret en bois, à cour, à mi-plateau.
Mon choix d’une scène quasiment nue ne dépendait pas que d’une nécessité économique ou d’un goût esthétique. Elle venait du besoin d’être cohérent avec notre propos : un tel dénuement suggère déjà un peu une situation d’échec à laquelle il faut remédier. Surtout, ce spectacle reposant sur le principe d’un frottement entre fiction et réalité, faire avec le plateau tel qu’il est à l’ordinaire, de manière brute, sans effet ou décor plaçant le spectateur dans un univers fictif, m’a paru évident.
Ce dispositif valorise le jeu des acteurs, puisque ce sont leurs déplacements et leursparoles qui créent ou effacent les différents espaces, les différentes durées. La légèreté de cedispositif le rend extrêmement fécond, il permet de passer aisément d’un univers à l'autre, de l’évocation d’un lieu réel à un espace mental et réciproquement. Quelques secondes de silence et d’immobilité séparent chaque séquence, et donnent au spectacle sa respiration.
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