La collection

Paris 15e
du 7 janvier au 7 février 2004
1H15

La collection

Le mari, la femme l’amant : loin des évidences, une intrigue entre vérité et mensonge, où comme toujours Pinter noie le poisson. Miaou-miaou…

Un jeu de masques
Note de mise en scène

Extraits de conversations avec Harold Pinter

Le théâtre d'Harold Pinter

La Collection (1961) est un chassé-croisé entre 4 personnages : 3 hommes et une femme.

Stella avoue à son mari James une aventure qu’elle aurait eue avec Bill. James entre en contact avec Bill, et développe avec lui une étrange amitié qui agace Harry, son colocataire.

La Collection est un jeu de masques où chaque personnage a une version contradictoire des événements. La vérité semble aussi insaisissable que sans réelle importance... La Collection montre des personnages résignés à l’absurdité de leur existence bourgeoise. La violence se cache alors sous un vernis de sérénité.

L’atmosphère est légèrement hitchcockienne. On y formule des accusations d’adultère. Bill est-il ou a-t-il été l’amant de Stella… à moins qu’il ne soit celui de James ou Harry son colocataire ? Les personnages de Pinter balancent entre vérité et mensonge, nouant et dénouant une histoire vieille comme le monde.

Pinter a construit sa pièce comme une intrigue policière. Comme toujours il brouille les pistes. Pinter est le maître du double jeu du langage. Ses personnages laissent entendre infiniment plus qu’ils ne disent ou ne font.

Chez Pinter, « les mots sont des armes que les personnages utilisent pour se déstabiliser ou se détruire les uns les autres et, défensivement, pour dissimuler leurs sentiments » Peter Hall.

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  • Un jeu de masques

La Collection (1961) est un chassé-croisé entre 4 personnages : 3 hommes et une femme.

Stella avoue à son mari James une aventure qu’elle aurait eue avec Bill. James entre en contact avec Bill, et développe avec lui une étrange amitié qui agace Harry, son colocataire.

La Collection est un jeu de masques où chaque personnage a une version contradictoire des événements. La vérité semble aussi insaisissable que sans réelle importance... La Collection montre des personnages résignés à l’absurdité de leur existence bourgeoise. La violence se cache alors sous un vernis de sérénité.

L’atmosphère est légèrement hitchcockienne. On y formule des accusations d’adultère. Bill est-il ou a-t-il été l’amant de Stella… à moins qu’il ne soit celui de James ou Harry son colocataire ? Les personnages de Pinter balancent entre vérité et mensonge, nouant et dénouant une histoire vieille comme le monde.

Pinter a construit sa pièce comme une intrigue policière. Comme toujours il brouille les pistes. Pinter est le maître du double jeu du langage. Ses personnages laissent entendre infiniment plus qu’ils ne disent ou ne font.

Chez Pinter, « les mots sont des armes que les personnages utilisent pour se déstabiliser ou se détruire les uns les autres et, défensivement, pour dissimuler leurs sentiments » Peter Hall.

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J’ai choisi de monter La Collection, parce que je retrouve dans celle-ci ce que j’aime énormément dans ses autres pièces, avec en plus un sujet très convoitée au cinéma et au théâtre : celui de l’adultère. Ce thème du trio classique mari - femme - amant a produit au théâtre soit le vaudeville, versus comique, soit le drame bourgeois, versus tragique de type strindbergien ou néo-ibsérien. La force de Pinter consista notamment à perturber ce traitement conventionnel en introduisant un doute ironique sur les causes, les effets et les rôles.

Je suis fasciné par l’écriture de Pinter, qui est à la fois simple et riche. Pour moi, le théâtre de Pinter rejoint celui de Feydeau dans l’esprit cartésien. Il y a une même précision au niveau corporel et une même énergie, sauf que celle-ci est contenue. Le théâtre de Pinter exige une interprétation sans faille où les silences, parce qu’ils sont toujours complices ou trompeurs, en disent au moins autant que le texte finement ciselé du dramaturge anglais.

La mise en scène peut être comparée aux films de David Lynch, c’est-à-dire qu’elle est mystérieuse, basée sur un rythme précis, mélangeant le côté formel et naturel, et à suspense pour tenir le spectateur en haleine jusqu’à la fi n de la pièce. Chacun fait sa propre version des faits et imagine ce qu’il lui semble selon sa rêverie.

J’ai souhaité jouer cette pièce dans un seul salon au lieu de deux, ce qui amènera la pièce plus ou moins à un huit-clos. Les personnages qui ne doivent pas normalement être sur scène restent par exemple en statues ou comme s’ils continuaient de vivre tout en ignorant les autres et réciproquement. Toutefois, cette ignorance peut avoir des limites…

La mise en scène mélange non pas le grotesque et le sublime comme est le roi Victor Hugo, mais le grotesque et le sérieux.

Jef Renault

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« Une des répliques les plus importantes que j’ai jamais écrite est dans L’Anniversaire : « Stan, ne les laissez pas vous dicter ce que vous devez faire. » J’ai suivi ce précepte toute ma fichue vie. »

« J’ai toujours été étiqueté comme - quel est le mot ? - « minimaliste ». Je le suis peut-être. Qui sait ? Mais j’espère qu’être minimal, c’est être précis et concentré. J’ai l’impression que ce que j’ai mis en lumière, ce sont des ombres assez longues - et profondes - qui s’étirent au loin. »

« Il n’y a absolument aucune certitude dans la l’interprétation. On ne sait pas ce qui va se passer l’instant d’après, même si on essaie de planifi er. On dispose d’une structure étrange. Mais, au cours du voyage, on peut glisser dans tant de trous de serrure, tant de gouffres. C’est vraiment une aventure. La tenter est un exploit extraordinaire. »

« Dans La Collection, je me rappelle que les comédiens se torturaient l’esprit sur la signification de ces maudites répliques et le reste. Je me rappelle leur avoir suggéré : « Pourquoi ne pas dire simplement votre réplique en accentuant tel ou tel mot plutôt que de vous creuser la cervelle ? Dites simplement votre réplique. Je vous recommande d’accentuer tel mot. Ca viendra et vous vous sentirez bien. Vraiment ! » Ils m’ont regardé comme si j’étais fou. J’allais à contre-courant. Je disais que la musique et le rythme vous donneront le sens. Vous pouvez vous tuer au travail sans jamais aller nulle part, à moins que vous ne trouviez l’accent exact, et alors le sens de la phrase devient clair. » 

« Je comprends les comédiens. Mon intention est de les servir en tant que metteur en scène, de faire avancer les choses, de repérer ce qui se passe. Voilà quelle est la mission d’un metteur en scène. […] Je donne aux comédiens une consigne tout à la fi n des autres consignes. Une seule : Merde au public ! Et chaque comédien sait de quoi je parle. Si vous voulez plaire au public, vous êtes fini ! Quand un public est un bon public, intelligent, je l’aime comme tout un chacun. Mais on est obligé d’avoir un point de vue très ferme, de leur dire : Vous aurez ce que nous vous donnons, pas ce que vous voulez. Il faut qu’il y ait un point d’ancrage à une entreprise théâtrale, et ce ne peut qu’être le travail lui-même. »

« Si on parle de théâtre, l’essentiel, c’est ce qui se passe sur scène  A quoi bon en dire plus ? Voilà pourquoi, en premier lieu, c’est une entreprise si délicate. Toutes ces composantes qui doivent être réunies, intégrées : les comédiens, le metteur en scène, le décor, les dialogues, les éclairages, la forme même de l’événement. Quand tout se fond bien ensemble, c’est palpitant. »

« Si on parle de théâtre, l’essentiel, c’est ce qui se passe sur scène ! A quoi bon en dire plus ? Voilà pourquoi, en premier lieu, c’est une entreprise si délicate. Toutes ces composantes qui doivent être réunies, intégrées : les comédiens, le metteur en scène, le décor, les dialogues, les éclairages, la forme même de l’événement. Quand tout se fond bien ensemble, c’est palpitant. »

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Obsédé par les situations de conflit dont la seule issue est l’assujettissement sinon l’anéantissement de l’autre, son théâtre se situe au carrefour du théâtre de l’absurde et d’un réalisme à la Wesker. Il est répertorié comme le créateur du modèle de ce qu’on a appelé le théâtre de la menace, et qui a suscité de nombreux disciples, tant en Angleterre que dans le monde entier.

La plupart de ses pièces se passe dans un lieu clos. Il traite du problème de la solitude, de la peur des autres, que l’on cache sous un masque ironique ou agressif. Une histoire ébauchée n’est jamais menée à terme, ou bien le spectateur y pénètre à mi-chemin et ne pourra jamais la comprendre ; les personnages qui doivent se rencontrer n’y parviennent qu’à contre-temps, la lettre qui peut tout expliquer n’est jamais ouverte. Finalement, les personnages doivent s’accepter tels qu’ils sont, c’est-à-dire incapables de se comprendre et de se rejoindre. Ils végètent confusément. On ne sait presque rien et soudain, le temps de la pièce, ils sont agressés, violés et réduits à un autre néant.

Les ressorts du réalisme pintérien sont essentiellement la peinture de comportements confus et contradictoires, la miniaturisation ou le grossissement démesuré d’un détail. Le dialogue, souvent cru, est composé de sous-entendus, de mal-entendus et de pas-entendus du tout, à travers lesquels les personnages tentent d’accepter leur désaccord fondamental. On y parle un dialogue quotidien, savoureusement banal, d’une économie précise et pourtant sibylline, qui débouche sur un impitoyable affrontement dans lequel les mots sont des armes mortelles. On prêche le faux pour savoir un vrai qui est encore plus faussé. Les questions que l’on pose ne sont pas celles qu’on a en tête, et la réponse ou le refus de répondre, ne fait qu’accroître le gouffre d’incompréhension. La pudeur se fait violence, le sourire menace, le désir impuissance, la victoire défaite.

Pour conclure, ces pièces englobent tous les mêmes ingrédients de base : l’absurde, l’humour, l’affrontement dominant-dominé, l’économie d’un langage étincelant, tantôt picaresque, tantôt lyrique… et, surtout, la dénonciation (feutré au début, véhémente depuis une vingtaine d’années) des totalitarismes, qu’ils soient domestiques ou planétaires, intellectuels, sociaux ou politiques, qui broient l’homme sous le poids de périls connus ou insidieux.

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Théo Théâtre
20, rue Théodore Deck 75015 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 7 février 2004

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