Ecrite alors que Hugo, en exil, recherche la plus grande liberté formelle, cette pièce n’est pas initialement destinée à faire partie du futur recueil du Théâtre en liberté. Sa rédaction précède une période créative riche, des Misérables, de La légende des siècles, des Chansons des rues et des bois dont elle rappelle l’inspiration printanière. La démarche de Hugo est originale : toujours sensible aux « voix », et juste au moment où se manifestent les tables parlantes, il donne la parole non seulement à des animaux, mais aussi à la pluie, à un caillou… sans que l’inspiration fantastique soit du tout inquiétante. Dans une nature enchantée et joyeuse, remplie d’odeurs sucrées et résonnant du concert amoureux des animaux, Denarius déverse sa bile contre ses frères humains et rêve d’être loup. Ce personnage sombre n’a jamais connu l’amour, et il s’en vante ; pourtant ce philosophe rêve d’entrer en communion avec la nature. Il aime les fleurs, qui le repoussent : toute nature, végétale, minérale ou animale, fleurs, abeilles, oiseaux, gouttes de pluie, voit en lui un personnage hostile, un étranger. Soudain une pomme lui tombe sur la tête, tandis que Balminette, la jolie lingère, apparaît avec Madame Antioche, une actrice déjà vieillissante. Balminette confie ses soucis sentimentaux : elle est promise à Oscar mais elle lui préfère Mahieu. La beauté et les charmes de Balminette auront-ils raison de la dureté de l’apprenti philosophe ?
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