Un homme se rend à Moret-sur-Raguse (village imaginé par l’auteur Patrick Kermann). Il s’endort sur un banc... Sa visite aux champs des morts peut commencer, il va (re)croiser une multitude de personnages qui ressassent leurs joies, leurs amours, leurs conflits, leurs regrets, leurs doutes, parfois leurs obsessions...
Il y a Jacques Rimey qui réfléchit à voix haute, Sophie Larguit qui dit ne pas être morte mais qui repose, nuance... Il y a aussi Jean-Marie Boutard qui ne se fait pas à « sa nouvelle vie », Alphonse Richet qui ne pense qu’à se réveiller... et puis les mort-nés de Moret, les poètes, la comtesse Juliette de Lespinasse, les enfants tombés au champ d’honneur...
Des corps et des gestes, des voix, des chansons, des souvenirs...
Cette polyphonie de l’au-delà redonne la parole aux défunts, bien vivants au théâtre...
« A mes morts et mes vivants » Patrick Kermann.
Pour cette nouvelle création de la Compagnie Olivier Lacut, j’ai souhaité un spectacle, à nouveau seul en scène, à partir de l’oeuvre de Patrick Kermann : La Mastication des morts, Oratorio in progress.
L’auteur nous a quitté il y a 10 ans et cette visite « aux champs des morts » sera pour moi une façon de faire (ré)entendre ce texte qui me touche. Cette possibilité de faire reparler les morts-vivants sur la scène est un bel hommage à la vie et au théâtre. Cette « chronique villageoise » est pleine de souvenirs, d’humour, d’amour, parfois l’occasion de révéler aussi des secrets du monde des vivants, avec tendresse ou férocité... Ces différents « témoignages » m’intéressent et m’interrogent... tant sur le plan du jeu que de la mise en scène « in progress »...
Et puis, il y a cette question posée par le titre, la mastication des morts... Alors, les morts mastiquent-ils « pour de vrai » ?... Peut-être, oui, comme au théâtre où les acteurs vont « mâcher et manger le texte... avaler... poumoner... gueuler... respirer... » pour reprendre certains mots de Valère Novarina dans sa Lettre aux acteurs.
Je pense également aux « fantômes » présents au théâtre, à la tragédie d’Hamlet, aux actrices et aux acteurs ancrés dans notre mémoire personnelle et collective... et aussi « à mes morts et mes vivants » comme dit Patrick Kermann.
Cette pièce traite de la présence ou de l’absence des vivants, de cette notion délicate et intime du manque éprouvé quand un proche nous quitte... de l’être aimé(e), de l’ami(e), de l’enfant disparus... Et comme l’auteur parle d’un « Oratorio in progress », il me semble important de penser à la « musicalité » du texte, ainsi qu’à la présence des voix, de la musique ou des chansons qui me touchent et m’accompagneront dans cette aventure théâtrale.
Ce spectacle parlera des souvenirs, des êtres, des corps, des voix, du passé et du présent, bref... du monde des vivants. Comme au théâtre, ici et maintenant... avec en mémoire la fameuse réplique : « être ou ne pas être... ». "
Olivier Lacut
« C'est un travail rigoureux avec des moments formidables d'émotion et d'humour. » Sylviane Bernard-Gresh, Télérama.fr
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