Faut-il porter le deuil de la démocratie ? A-t-elle disparu à force d’être confondue avec le consensus ? Nous avons eu l’envie de revenir aux fondamentaux, à Robespierre, à Saint Just, à Sophie Wahnich aussi, l’auteur du Radeau démocratique, à Rancière, celui de La haine de la démocratie. Radeau ou Méduse ? La démocratie pétrifierait-elle tous ceux qui la regarderaient en face ? Nous avons voulu imaginer une fantaisie picturale, se promenant dans l’histoire de l’art et du politique, pour interroger cette démocratie, la rendre vivante de conflits, et pourquoi pas, insurgeante.
Robespierre revient du passé pour commenter notre présent. Il prend position sur l’état d’urgence, dément les procès qui lui ont été intentés depuis quelques siècles…
« Ce spectacle s’inscrit pour moi dans la suite de No(s) révolution(s) où j’interrogeais la possibilité aujourd’hui d’une révolution. Partageant avec Damien Houssier le souci des questions démocratiques, nous avons voulu réfléchir ensemble à ces questions et en faire théâtre. Nous avons repris l’idée de l’entretien avec le fantôme de Robespierre que Sophie Wahnich avait écrit pour la revue Vacarme juste après l’attentat du Bataclan. Nous interrogeant aujourd’hui sur une haine de la démocratie répandue, sur la confusion entretenue sur le terme démocratie, souvent assimilée à un débat perpétuel et désorganisé, constatant l’intériorisation de la défaite vécue par la gauche, nous sommes retournés aux fondamentaux, à Robespierre qui a beaucoup écrit sur l’organisation du contrôle démocratique. La figure nous intéressait d’un point de vue théâtral, évidemment : incorruptible, présenté par l’historiographie comme un sanguinaire, premier à réclamer l’abolition de la peine de mort et de l’esclavage, voulant une révolution sociale et noirci par les thermidoriens aussi pour cette raison… Nous avons travaillé à partir des textes où Robespierre se défend des calomnies qui ont eu la vie dure et qu’on retrouve quasiment dans le texte chez les historiens de droite actuels, à partir d’articles et d’entretiens de l’historienne Sophie Wahnich qui met en rapport l’actualité et l’époque révolutionnaire.
Nous avons essayé de comprendre ce qu’entend Robespierre par la vertu, la patrie et la terreur, pourquoi le XVIIIe siècle, époque des sentiments, est aussi celle de la revendication politique.
Un dispositif très simple, une grande table, autour de laquelle sont conviés les spectateurs, avec qui Damien Houssier dialogue, passant d’hier à d’aujourd’hui, et une entrée progressive dans la théâtralité, par la lumière et par le jeu, où apparaît peu à peu la figure historique d’un Robespierre épuisé, tragique, luttant jusqu’au bout « pour le bonheur et pour la liberté. »
Anne Monfort
« La mise en scène d’Anne Monfort mêle judicieusement histoire et actualités, documentaire et fiction. Damien Houssier offre une interprétation magistrale et nous emporte dans un voyage suspendu dans le temps. » theatreactu.com
« L’interprétation intense de Damien Houssier, son air grave, les modulations subtiles de sa voix, donnent chair au personnage, qui cristallise des questions historiques irrésolues. » I/O Gazette
16, rue Marcelin Berthelot 94140 Alfortville
Voiture : périphérique Porte de Bercy / autoroute A4 direction Metz-Nancy sortie Alfortville.