Cette comédie est très certainement la plus aboutie des comédies shakespeariennes. Sous une apparente légèreté se dissimule une profonde réflexion sur le bonheur, l’amour et le désir. Shakespeare nous questionne au plus profond de notre être. Où est la vérité ? Seule certitude, la solitude est source de mélancolie, d’arrogance et de violence. La foi en l’autre est salvatrice mais dans ce grand jeu de rôles qu’est la vie il n’est pas toujours aisé de trouver chaussure à son pied. Les comédies shakespeariennes sont des chausse-trappes. Elles nous subjuguent et nous renversent à la fois. La nuit des rois donne libre place aux travestissements, à l’érotisme.
Je souhaite monter cette pièce avec irrévérence, laisser libre cours à notre imagination, faire la place belle à l’humour, au second degré. Cela n’exclut en rien la vérité des sentiments et des situations car trivialité, bouffonnerie, romantisme, trouble, émotion se juxtaposent allègrement dans le monde shakespearien. Je travaillerai sur ce projet avec des compagnons de longue date. La quasi-équipe d’Arlequin, serviteur de deux maîtres avec laquelle nous avons donné plus de 700 représentations pendant 20 ans de tournée. Il y aura des hommes jouant des rôles de femmes, des hommes jouant des rôles d’homme. Clin d’oeil à l’époque élisabéthaine où les femmes étaient interdites de plateau et mise en abime vertigineuse. Un homme joue le rôle d’une femme qui se déguise en homme et tombe amoureu(se) d’un duc joué par une femme et rend amoureu(se) une comtesse jouée par un homme. Vaste programme. Il suffit d’y ajouter une double intrigue qui donne naissance à l’une des plus belles scènes de comédies shakespeariennes, celle qui voit le vertueux et moraliste intendant Malvolio piégé en bas jaune par le démon de l’amour, un fou à l’humeur mélancolique qui chante le monde et sa folie pour faire de cette pièce une pépite du répertoire. Cette pièce célèbre les transgressions. Le carnaval et le charivari sont de mises.
Sur scène, un joyeux foutraque, propice à l’invention. Un espace élisabéthain stylisé, des signes de costumes intemporels qui s’enchevêtrent, de la musique composée et jouée sur le plateau.
Voilà le décor posé, permettant simultanéité, enchainement et changement de lieu rapides, voilà le cadre dans le lequel neuf comédiens réinventeront l’une des plus belles comédies shakespeariennes magnifiée par la très belle traduction de Jean-Michel Desprats.
Serge Lipszyc
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking : Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.