Oh, le beau scandale ! Quand le compositeur Sylvano Bussotti présente en 1965 La Passion selon Sade au festival de Palerme, l’émoi est considérable et le trouble à son comble. Dans ce « Mystère de chambre avec tableaux vivants », la célèbre soprano américaine Cathy Barberian crée le rôle de Justine «O» Juliette, à la fois Vertu et Vice, et aussi sœur lointaine de l’héroïne de Pauline Réage. Frissons, Frissons…
Homme de théâtre et de musique, tout à la fois metteur en scène, décorateur, costumier, acteur, Bussotti porte sur scène un hédonisme épanoui, s’empare des textes de Sade, d’un sonnet de Louise Labbé, et laisse à la partition une part d’aléatoire… Car il n’est pas de sensualité qui se puisse entièrement prévoir.
Une œuvre charnelle et sulfureuse que le metteur en scène Antoine Gindt permet de redécouvrir aujourd’hui. Dans cette partie à trois entre une chanteuse, un acteur et un orchestre, entre théâtre et opéra, il expose « les tourments et les extases de Justine/Juliette qui, après avoir été initiée par son créateur, finit par le dominer et lui échapper définitivement. »
« Inspiré de Justine et Histoire de Juliette de Sade, et d’un sonnet de Louise Labé, l’ouvrage est brillamment servi par les forces vives de l’Ensemble Multilatérale, dirigées par Léo Warynski » Wanderer
« En politicien sûr de lui, comme en maître d'oeuvre du désir et de la souffrance, le comédien Eric Houzelot est très sollicité ; il livre une prestation convaincante, où Sade se met véritablement à nu, dans un faux corps-à-corps avec Justine/Juliette, cette ambivalence entre le vice et la vertu. A ce personnage double, la belle soprano franco-portuguaise Raquel Camarinha apporte une séduction froide, comme blasée. Dans cette première partie chantée du « mystère » , elle impose une manière de virtuosité, passant du feulement aux aigus, dans une mélopée plaintive aux cris parfois déchirants, qui tient de la souffrance comme du plaisir... » Opéra magazine
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