« Ne vous fiez pas aux couples qui se tiennent par la main. S'ils ne se lâchent pas, c'est parce qu'ils ont peur de s'entretuer. » Groucho Marx
« Aimer, c'est donner ce qu'on n’a pas - à quelqu'un qui n'en veut pas. » Jacques Lacan
Un classique du vaudeville
Notes et procès d’intentions
La presse
Mensonges, alibis, billets parfumés et maris jaloux ; pulsions incontrôlables, impuissance, frustration et lubricité : bienvenue à l’hôtel du Minet Galant. Cette charmante maison des plaisirs se trouve à Montretout, et on n’y croise que des couples “mariés mais pas ensemble”… Que de va-et-vient entre les chambres et les étages, quelle frénésie et cependant, si peu de plaisir !
Dans le manège emballé des machinations de Georges Feydeau, quatorze personnages se trouvent précipités… Pensant prendre son mari sur le fait, Raymonde Chandebise en sera pour ses frais… Sûr d’y trouver sa femme en galante compagnie, Homenidès de Histangua aura bien des soucis. Ajoutez-y la roublardise de deux tenanciers, un phraseur imbécile, un sosie et vous ne saurez toujours pas ce que cet Anglais vient faire dans tout cela…
Au gré des quiproquos, des hasards et des malentendus, Georges Feydeau s’amuse des hypocrisies et des entraves de la société bourgeoise du Second Empire, qu’il expose avec une jubilation vacharde.
C’est dans une France contemporaine, repue et décomplexée, mais aussi avide et bourrée de complexes, que Paul Golub a choisi d’inscrire ce classique du Vaudeville, “où Groucho Marx rencontre Jacques Lacan”.
Pourquoi, en France, malgré des personnages aussi illustres et divers que Molière, Feydeau, Bergson et Charles Pasqua, dénigre-t-on ceux qui nous font rire ?
Enfant à New York, j’ai grandi à la lueur argentée des films des Frères Marx, de Charlot, de Buster Keaton, de Laurel et Hardy qui, à la fin des années 60 et au début des années 70, passaient inlassablement à la télévision et dans les cinémas d’art et d’essai. On peut dire que ces films ont irrévocablement formé (ou déformé) mon caractère et ma manière de voir le monde.
Venant en France, à la lecture de La Puce à l’oreille et d’autres pièces de Feydeau, j’ai découvert à ma grande surprise un auteur français qui était le frère spirituel de ces farceurs anglo-saxons (n’oubliant pas cependant que le père des Frères Marx était alsacien et ses fils l’appelaient Frenchy…)
Ils partagent tous un sens aigu de la forme comique, une maîtrise totale de leur art, un respect absolu de leur public et une vision de la condition humaine où l’individu, lui-même travaillé par ses pulsions incontrôlables, se trouve imbriqué dans les rouages d’un monde mécanisé qui le brime, le frappe, l’humilie. De la cruauté du monde, ils ont su distiller le miel du bonheur qui est le rire.
La Puce à l’oreille est à la hauteur des plus grands chef d’œuvres cinématographiques de ces farceurs hollywoodiens. Mais, parce que c’est une pièce de théâtre et parce que bon nombre de mises en scènes de ses pièces se contentent de jouer « à la manière de », il est facile de dénigrer Feydeau comme un auteur bourgeois qui se complait à divertir ses comparses dans la salle…
La pièce, comme toute vraie et grande comédie, interroge un nombre de sujets graves et potentiellement tragiques. Ici, il est question avant tout du désir, décliné succinctement par une panoplie de comportements ou de situations sexuelles, allant de la panne du personnage principal, Victor-Emmanuel Chandebise, au sadisme jouissif de Ferraillon, le tenancier de l’hôtel de passe le Minet Galant.
Feydeau dissèque une société, celle du Second Empire (qui n’est pas sans une certaine ressemblance avec la nôtre) où l’argent et les apparences, les signes extérieurs, dominent. Précurseur du théâtre de l’absurde, il lance un cri d’angoisse presque insoutenable de l’homme face à ses désirs toujours repoussés, tout en construisant un univers théâtral qui, de par la complication de ces intrigues, coups de théâtre et quiproquos, amène inlassablement au rire. Groucho Marx rencontre Jacques Lacan !
Avec 14 comédiens, La Puce à l’oreille représente un grand travail d’équipe. L’accent sera mis sur le travail des comédiens, sur cette jubilation presque hallucinatoire que seule l’écriture de Feydeau peut procurer par le biais du jeu de l'acteur. Une jubilation qui trop souvent manque au théâtre aujourd’hui.
David Ayala jouera les rôles clés Chandebise/Poche qui sont toujours couplés, tandis que les autres rôles seront joués par d’anciens et de nouveaux venus au Théâtre du Volcan Bleu, adeptes de son jeu physique et capables de se jeter corps et âmes dans la grande gueule de ce loup à plaisir qui est Feydeau.
Bien que nous ne soyons qu’au début de nos recherches, on peut dire déjà que les décors et les costumes évoqueront un milieu aisé dans la France contemporaine (watch out Neuilly ! Watch out Saint Cloud !), mais pour le reste il faut acheter son billet.
Paul Golub
" Deux signes qui ne trompent pas : le rire de la salle - constant - et le rythme pétaradant, qui permet à la mécanique infernale du vaudeville de se déployer. " Les Echos, 23 janvier 2009
" Paul Golub a réuni une distribution épatante. " Figaroscope, 14 janvier 2009
" Les spectateurs se laissent happer par ce train de drôleries, de folies et de cynisme " La populaire du Centre, décembre 2008
" Le metteur en scène Paul Golub réussit la montée en puissance des hasards et coïncidences jusqu'au délire final ! " AFP, 19 janvier 2009
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