Présentation
Notes d'intentions
Un théâtre pour acteurs
Revue de presse de
"La reine écartelée"
À quelques heures dintervalle, Elisabeth Tudor, fille dHenri VIII, reine
dAngleterre et le vieux Hugh de Robsart franchissent le seuil de Kenilworth, le
château de Robert Dudley, comte de Leicester. Elisabeth, la reine vierge, qui règne sans
partage sur lAngleterre depuis vingt ans vient avouer au comte de Leicester la
passion qui la dévore et lui offrir le trône dAngleterre.
Sir Hugh de Robsart, petit chevalier de Lidcote-Hall, est à la recherche de sa fille,
Amy, quil pense avoir été enlevée et séduite par Richard Varney, lécuyer
du comte de Leicester. Mais Amy Robsart na pas été enlevée et Robert de Leicester
ne peut épouser la reine. Amy et Robert se sont secrètement mariés sans
lautorisation royale. Et sans se rendre compte des forces quils ont mises en
mouvement, ils vivent à Kenilworth une lune de miel prolongée.
La rencontre de la souveraine et du vieux chevalier derrière les murs de Kenilworth
déclenchera le drame historiquement connu comme le mystère Amy Robsart.
Lorsque Jean Macqueron m'a demandé de travailler sur Amy Robsart, j'ignorais tout de
cette uvre de jeunesse de Victor Hugo. Cette pièce, tirée dun roman de
Walter Scott, Kenilworth, est celle d'un auteur de vingt-cinq ans. Elle porte en elle tout
l'appareil du théâtre romantique, père noble, jeune fille pure, serviteur traître,
pudeur, sacrifice de soi, portes dérobées, grands sentiments, etc... Les personnages
d'Hugo sont des archétypes de son époque.
Mais cette pièce porte également des mécanismes précis, de violents conflits,
d'implacables manipulations, et surtout de terrifiants affrontements dont certains restent
à l'état potentiel. J'ai envie de raconter ces affrontements, de faire parler, trahir,
vociférer dans cette Angleterre élisabéthaine des personnages d'aujourd'hui.
Plus de tension entre les personnages. Plus de haine. Plus de cris. Le seizième siècle
ressemble au nôtre, c'est un siècle bruyant, un siècle d'une extrême violence où la
vie d'un homme compte moins qu'une préséance, un siècle de langue de chair, de verdeur
de mots, où l'on a pas peur de parler des choses du corps. Jai lintention de
puiser dans la réalité historique mais de laltérer, de la métamorphoser au gré
du drame.
Jean Macqueron m'a donné cette envie, l'envie pour un auteur d'aujourd'hui de revisiter
un auteur du siècle dernier.
Christian SIMÉON
La pièce représentée ne sera pas lAmy Robsart de Victor Hugo mais le fruit de
la rencontre de cette uvre romantique avec un auteur daujourdhui :
Christian Siméon. Il est évident que si lon se permet ce genre de traitement
cest quil sagit là dune uvre mineure de Victor Hugo.
Il serait vain de lenvisager sur Hernani ou Ruy Blas par exemple, mais on ne fait
là que renouer avec une tradition ancienne : un auteur sinspirant dun autre
auteur. Hugo sinspirait de Walter Scott. Il ne sagissait pas alors de plagiat,
mais dun témoignage dadmiration ; il en est de même aujourdhui pour
cette réécriture de Christian Siméon.
La mise en scène sétablira sur la passion et non sur les idées. Jai
envie dun théâtre lyrique et épique en un langage et avec des personnages
traités de façon moderne. Je ne veux pas ici expliquer ce quest lamour ou
lambition, mais ce quils provoquent.
Le but de la mise en scène ne sera pas de clarifier, mais de laisser dans lombre
certains aspects des personnages. Cest cette part dombre qui les rend vivants.
Le spectacle nest pas là pour expliquer, il ne sagit pas dune analyse,
mais dune émotion à partager. Que le spectateur sorte du spectacle
" lourd dune pensée quil na pas connue " (Paul
Claudel).
Jean MACQUERON
Revue de presse de "La reine écartelée"
Victor Hugo revisité
Une scène nue, cinq comédiens, un vaste drapé de rouge, et, un peu comme dans LItalien des roses, un immense drap de lin blanc sous lequel commence laction de La Reine écartelée : pour être modestes, les moyens du metteur en scène Jean Macqueron nen sont pas moins ingénieux. Et son imagination scénique élégamment inspirée. Laction échevelée. Cest celle dAmy Robsart, une pièce de jeunesse méconnue de Victor Hugo, revisitée par lexcellent Christian Siméon, dans un " à la manière de " très finement second degré. Lhistoire, élizabéthaine en diable, est celle de la reine vierge, déjà vieille, décidant dépouser lun de ses favoris, qui la trahie en se mariant linstant davant avec une jeunesse, lAmy Robsart dHugo. Concentrée sur les personnages principaux, la pièce gagne en modernité. Et sans rien perdre de ses excès. Un vrai joli moment de théâtre.
LA CROIX 29 novembre 1999
Coup de cur La reine écartelée
Christian Siméon nous offre une très libre adaptation dAmy Robsart, une uvre de jeunesse de Victor Hugo. Luvre originale est, paraît-il, magnifique. Pourquoi alors ne pas la monter comme elle fut écrite ? Jean Macqueron, homme intelligent et metteur en scène remarquable, peut avoir ses raisons, il est toujours un peu triste de ne pas jouer le jeu. Dès lors, Macqueron est obligé de ne pas prendre luvre au sérieux. Il la met en scène avec distance, ou plus exactement avec décalage, soumettant le fol romantisme dHugo à la moulinette de lironie bienveillante. Cela étant dit, son spectacle est parfait : on samuse de lamour dElisabeth dAngleterre (la première, ne rêvez pas !) pour ce jeune bellâtre de comte de Leicester et, comme au boulevard du crime, on sourit des souffrances dAmy Robsart. Les comédiennes, Nathalie Savary et Françoise Vallon, sont excellentes. Parmi les hommes, on remarque surtout Christophe Garcia. Macqueron fait, comme dhabitude, un bien beau travail. Le plaisir est au rendez-vous.
LE FIGAROSCOPE 8 décembre 1999
Hugo revisité
Macqueron a du talent, un vrai sens de lesthétique et une poigne solide et généreuse pour diriger les acteurs. Avec lui, sauf limites de leur part, ils donnent le meilleur deux-mêmes. On pourra ainsi découvrir, dans son nouveau spectacle intitulé La reine écartelée, deux comédiennes excellentes, Nathalie Savary et Françoise Vallon, et un comédien à la forte présence, Christophe Garcia. Amy Robsart est une pièce de jeunesse de Victor Hugo. On est à la cour dElisabeth la Grande, Elisabeth 1ère, fille dHenri VIII, " la femme sans homme " comme lappelait Marcelle Maurette. Une jeune noble, jolie, grave et écervelée, Amy Robsart est lépouse cachée du jeune Comte de Leicester, lui-même favori de sa souveraine. On peut-être reine, coincée sexuellement, et éprouver des passions. Doù le drame Le jeune Hugo nous raconte cela à sa manière généreuse, iconoclaste et romantique. Et, sans doute luvre nest-elle pas dune maturité exemplaire. De là à demander à un auteur daujourdhui (Christian Siméon est, par ailleurs, un remarquable sculpteur) de ladapter, presque de la réécrire, il y a un pas quil était peut-être orgueilleux de franchir. Macqueron et son adaptateur commandité, Siméon, sen donnent à cur joie. Ils nous offrent ainsi un spectacle ironique et distancié qui peut agacer, mais qui savère un parfait divertissement. On est comme au Boulevard du Crime du temps de sa splendeur. Le sang, le sexe et la mort rôdent. Aucun personnage nest pris au sérieux, laction est sans cesse commentée, les grands sentiments sont exagérés, jusquà la caricature, mais le spectateur samuse comme à un guignol pour adultes. La perfection du travail rendant objective la démarche, on sort content du théâtre. Dans le marasme actuel, cest déjà énorme.
LE FIGARO MAGAZINE 11 décembre 1999
38, rue Guillaume-Puy 84000 Avignon