La soufrière

CLASSIQUE Terminé

 Plus de 30 ans ont passé depuis les émeutes en Guadeloupe et les procès devant la Cour de Sûreté de l'Etat qui ont suivi. Des femmes, dont les proches ont été inculpés, puisent dans leur propre vie le sens des paroles des hommes que certains silences de l'histoire risqueraient de dérober.

Théâtre et Histoire
L’écriture
La mise en scène
Le jeu des comédiennes
Contexte historique
Le procès : histoires d’identité
La troupe et son histoire

Librement inspiré de : Le Procès des Guadeloupéens (Éditions l’Harmattan)

Espace où la parole prend sa force, le théâtre donne à l’Histoire le revers des émotions que ni la chronique, ni l’archive, ni même le pamphlet ne peuvent totalement révéler. Plus de trente ans ont passé depuis le procès de 18 guadeloupéens devant la Cour de Sûreté de l’Etat, juridiction d’exception créée aux lendemains de la guerre d’Algérie et abolie en 1981.

La Soufrière est un spectacle qui, au-delà des événements et de l’issue judiciaire, confronte le spectateur aux ambiguïtés de notre Histoire contemporaine. Dans le lent processus de décolonisation qui marque ce siècle, on pourrait croire que les dossiers sont clos, les comptes soldés. Mais le vocabulaire politique a tendance à balbutier et des mots tabous hantent l’hémicycle et les prétoires, pour tenter de définir un statut des " Territoires d’Outre-Mer ".

Derrière les formules déclamatoires, existe la réalité, souvent paradoxale du monde caraïbe. Au pied du volcan de la Soufrière, l’île pourrait bien être la métaphore d’une société dont l’éloignement n’est pas tant celui de la géographie que celui d’une identité. La scène devient alors ce lieu mythique où le jeu théâtral cherche à rendre compte des évidences et des malentendus, à placer le doute derrière chaque certitude.

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L’écriture est principalement basée sur les sources du procès. Derrière les discours irréconciliables, cinq femmes proches des prévenus, cherchent à faire entendre la juste voix des douleurs enfouies, des humiliations et la quête légitime de la dignité. Telles les conteuses, elles donnent la parole aux différents protagonistes en même temps qu’elles assurent la transmission de la mémoire.

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La mise en scène organise à la fois l’univers politique du procès et le monde des femmes qui cherchent à reconstruire la trame d’une vérité plus large et plus profonde.

Le décor fixe, autour d’une charrette, le moment du récit de cet épisode oublié, occulté, qu’il faut alors rappeler de place en place pour que le débat public naisse de cette confrontation.

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Le jeu des comédiennes s’inspire dès lors de l’évidence des mots du procès pour puiser à leur source la lointaine douleur, souvent encore inavouée et définitivement conjointe, de la déportation et de la colonisation. C’est grâce à ces voix et à leurs résonances que le spectateur peut accepter de relire son Histoire de France dont quelques pages encore restent à écrire.

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Après trois siècles de colonisation française, la Guadeloupe devient, en 1946, un Département d’Outre-Mer. Si la départementalisation fut quasi unanimement approuvée, les courants autonomistes nourris par les désillusions de l’après-guerre se développèrent à partir de 1956.

Au début des années soixante, de nouveaux partis plus radicaux et partisans de l’indépendance apparurent sur la scène politique, notamment le G.O.N.G. (Groupe d’Organisation Nationale de la Guadeloupe).

En 1967, à la suite d’une grève des ouvriers du bâtiment, des révoltes violentes eurent lieu les 26 et 27 mai, à Pointe-à-Pitre. Accusés d’atteinte à l’intégrité territoriale, dix-huit " nationalistes guadeloupéens " furent déférés devant la Cour de Sûreté de l’Etat qui rendit un verdict de clémence.

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Aborder l’espace caraïbe c’est sans doute évoquer l’histoire d’une identité marquée par les déchirements d’hommes " qui cherchent en tâtonnant les contours d’une nation, d’une histoire propre ". ( J.C. Guillebaud). Le texte du Procès des Guadeloupéens (Editions l’Harmattan) sert de révélateur à cette quête, qui n’appelle qu’une réponse de la République : il n’y a outre-mer que des Français à part entière.

Les discours de l’accusation et de la plaidoirie illustrent un dialogue piégé par tous les paradoxes d’une histoire commune, tissée de sentiments contradictoires de haine, de respect, de solidarité et de frustration. Chaque accusé dira dans le prétoire ce que la justice ne peut entendre : l’anachronisme d’une société qui n’a exorcisé ni " le pacte colonial ", ni l’humiliation, ni l’angoisse de l’identité.

La départementalisation sous tous ses aspects, d’organisation politique, d’assistance économique, d’aide à l’exil en métropole, se fonde sur la démarche d’assimilation et de francisation. Comment alors revendiquer clairement le droit à la personnalité antillaise ?

" Ne faites pas de notre renoncement à notre patrie le prix de notre attachement à la France. " Jacques Rabemanangara, poète malgache

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Fondé en 1969, l’Atelier de l’Épée de Bois après deux spectacles, La Torture et Mythus et Sexus, s’installe à la Cartoucherie, accueilli par Jean-Marie Serreau au Théâtre de la Tempête pour la création de Martyrs.

Terre, Locos, Toro et Yuro marquent les premières étapes d’une recherche sur le travail de l’acteur, l’appréhension de l’espace scénique et l’implication du spectateur.

Dès 1979, commence l’aventure des comédiens bâtisseurs. Dans une nef de la Cartoucherie, récemment libérée, la troupe élève des murs. Le lieu prend peu à peu sa configuration actuelle avec les ateliers, le hall d’accueil et deux salles de représentations.

Federico Garcia Lorca habite le théâtre pour plusieurs spectacles : de La Maison de Bernarda Alba à Amour de Don Perlimplin et Belisa en son jardin en passant par Noces de Sang ou encore La Mort Travestie (d’après Sans titre et Le Public).

Volpone, débute le cycle élisabéthain, qui se poursuit avec Tamerlan et Le Marchand de Venise.

Succède le cycle bilingue français-espagnol : La Vie est un Songe, LAbuseur de Séville, Don Juan Tenorio. L’adaptation de plusieurs auteurs contemporains a confronté le théâtre avec l’Histoire, où nos sociétés cherchent encore le sens de leurs contradictions.

La Controverse de Valladolid de Jean Claude Carrière, Le Code Noir de Louis Sala-Molins, abordaient le thème de la Conquête et de l’esclavage.

Torquemada et le Converti de Diaz-Florian, évoquait l’univers tragique de l’Inquisition pour y découvrir les mécanismes de tous les totalitarismes.

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Informations pratiques

Cartoucherie - Théâtre de l'Epée de Bois

Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris

Accès handicapé (sous conditions) Bar Cartoucherie Restaurant
  • Métro : Château de Vincennes à 1 km
  • Bus : Cartoucherie à 210 m, Stade Léo Lagrange à 560 m
  • Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.

    En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).

    Parking : Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.

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Plan d’accès

Cartoucherie - Théâtre de l'Epée de Bois
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 25 octobre 2003

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