Le Baladin du monde occidental

du 6 au 16 février 2013
2h20 environ

Le Baladin du monde occidental

Jugée « diaboliquement immorale » à sa création, la pièce de Synge est une fable fantastique, un conte cruel écrit dans une langue archaïque et raffinée. Après L’illusion comique, Elisabeth Chailloux visite à nouveau le monde de l’illusion et de la magie des mots, pour faire vibrer le public avec l’histoire de Christy, le parricide merveilleux.
  • Une comédie sauvage

C’est à l’Hôtel Corneille que Synge rencontre Yeats en 1896. Il étudie la littérature française et écrit des poèmes. Yeats lui conseille d’aller chercher l’inspiration aux Iles Aran, à l’extrême Ouest de l’Irlande où Synge fait plusieurs voyages. Il entend la langue des habitants des îles - gaëlique ou anglais bizarre tout imprégné de gaëlique. Au cours d’un de ses voyages, un vieillard lui raconte l’histoire de l’homme du Connaught qui tua son père d’un coup de bêche. Voilà la source du baladin : la langue et la légende.

Jugé « diaboliquement immoral » à sa création, Le Baladin du Monde Occidental est une fable fantastique, un conte cruel écrit dans une langue archaïque et raffinée. Un soir qu’il fait nuit noire, un jeune homme, Christy Mahon surgit dans un débit de boisson perdu au Nord-Ouest de l’Irlande. Pressé par les curieux, il avoue qu’il vient de tuer son père d’un coup de bêche. Son récit lui vaut l’admiration de tous. Les hommes voient en lui un héros, les femmes sont fascinées et se battent pour lui. Quand le père apparaît, le crâne fêlé mais bien vivant, tout s‘écroule pour Christy.

Après deux ans à jouer L’illusion comique, j’ai ressenti le désir de travailler encore une fois sur une langue inouïe, de visiter à nouveau le monde de l’illusion et de la magie des mots, de faire vibrer le public avec l’histoire de Christy, le parricide merveilleux.

Il faut, pour dire cette langue et cette histoire, des acteurs funambules, des baladins. Le public doit être « baladé » à chaque représentation, séduit par la beauté et la sauvagerie du récit. L’Irlande est un horizon intérieur et poétique où peuvent se retrouver Baudelaire, Apollinaire et tous ceux qui ont « plus ou moins tenté de tuer leur père ».

Elisabeth Chailloux

  • La presse

« Le Baladin du monde occidental est au sommet de notre Panthéon théâtral. Le Baladin est du théâtre populaire à l’état pur. De tous les Baladin qu’on a vus, celui de l’excellente Elisabeth Chailloux, aux Quartiers d’Ivry, est un des plus achevés et des plus poétiques. D’abord l’authenticité de la traduction de Françoise Morvan. Ensuite la scénographie, limpide, aérienne de Yves Collet. Et enfin une interprétation remarquable d’homogénéité, de justesse, d’humour, avec dans le rôle-titre un jeune comédien qui a tout pour lui - la beauté, l’élégance, la poésie et un immense talent - Thomas Durand. » Philippe Tesson, Le Figaro Magazine

« On ne se lasse pas de voir, revoir cette pièce de Synge (1871-1909), chef-d’oeuvre très irlandais et très universel. Suivons l’énergie d’un groupe de comédiens très bien distribués, excellents dans les plus petites partitions comme dans le rôle de Christopher Mahon. Le baladin, le bonimenteur des terres de l’ouest, c’est un Thomas Durand aux allures d’ange blond, très “rimbaldien” dans son allure comme dans ses rêves. Fragile, fin comme un adolescent, intrépide mais prudent, obnubilé par la belle Peggen, qu’incarne avec grâce et finesse Cassandre Vittu de Kerraoul. Chaque personnage est parfaitement dessiné, incarné. Et l’art d’Élisabeth Chailloux est de trouver les justes tonalités, les mouvements, les rythmes. C’est beau, emporté, drôle, touchant. » Armelle Héliot, Le quotidien du médecin

« L’histoire de ce jeune homme survolté, qui débarque dans une taverne perdue du nord-ouest de l’Irlande et devient un héros en racontant qu’il a tué son père, flirte avec la tragédie (comédie) grecque et le psychodrame freudien. Avant de se transformer en ode au théâtre. Elisabeth Chailloux donne du chef-d’oeuvre de John M. Synge une lecture classique mais limpide - charnelle, presque sauvage - dans un beau décor stylisé d’Yves Collet : un bar ouvert sur un morceau de ciel tourmenté, dont le toit ressemble à une digue et les murs à des barrières parquant du bétail. Belle idée que ce final, où Chris le jeune homme se débat la corde au cou, comme un cheval fou qu’on veut brider ou un poète ivre qu’on veut priver de parole. La metteuse en scène fait respirer avec bonheur le vent glacé de la mer et le souffle court des hommes et femmes perclus de solitude. Thomas Durand dans le rôle de Christopher Mahon est le baladin. Tour à tour prince et voyou, homme et enfant, il est ce fabuleux conteur, cet acteur à facettes qui charme filles et garçons de sa prose volée aux étoiles. Quant à Cassandre Vittu de Kerraoul (Pegeen), elle incarne avec fougue
et justesse l’amoureuse éperdue, l’écorchée vive qui s’enivre de mots. Grisée de théâtre, comme nous. » Philippe Chevilley, Les Echos

« L’écrivain irlandais John M.Synge (1871-1909) avait carrément plongé la bonne société irlandaise dans le chaudron du scandale en évoquant le tabou du parricide dans Le baladin du monde occidental, mis en scène par Elisabeth Chailloux à Ivry. Les surréalistes, en leur temps, avaient encensé une pièce tournant autour d’un homme entouré d’un halot de mystère et qui lance à l’assistance médusée : “ J’ai tué mon père mardi en huit ”, expliquant ensuite qu’il lui a suffi d’un coup de bêche bien ajusté sur le crâne. En fait, le crime n’a pas vraiment eu lieu, mais c’est anecdotique. L’essentiel, c’est la puissance d’un texte décapant comme le vent sur les plages du Kerry et la force d’une poésie incandescente. La sauvagerie de l’histoire n’a d’égale que la couardise des braves gens aussi prompts à encenser un assassin qu’à repousser un fils torturé, au terme d’une oeuvre qualifiée, à juste titre, de fable “ diaboliquement immorale”. » Jack Dion, Marianne

« Elisabeth Chailloux a monté la pièce de John M. Synge comme un western. C’est terriblement efficace. Dans le rôle magnifique de Pegeen, jeune fille au caractère bien trempé comme une Maureen O’Hara dans L’Homme tranquille, Cassandre Vittu de Kerraoul est époustouflante. Thomas Durand incarne avec de belles nuances le personnage de Christy. Catherine Mongodin est fort touchante en veuve Quin, comme le sont David Gouhier en jeune homme trop sage, Etienne Coquereau, Jean Charles Delaume et François Lequesne, irrésistibles en vieux loups de comptoir. Tous font entendre la langue merveilleuse de Synge. » Marie-Céline Nivière, Pariscope

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Spectacle terminé depuis le samedi 16 février 2013

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