Le Concours

Lille (59)
du 14 au 16 mai 2002

Le Concours

Spectacle en Langue russe surtitré en français. Elles sont six, toutes différentes, avec chacune une revanche à prendre. Plus tellement jeunes, pas tellement belles, prêtes à tout, y compris participer à un concours dont les gagnantes seront engagées dans un cabaret de Singapour.

A propos du spectacle
Extrait du Concours
« Le fric ne peut pas tout »

Spectacle en Langue russe surtitré en français. Coulisses d’un vieux cinéma dans une petite ville de la Russie profonde. Quelques panneaux, des chaises, des femmes. Elles ont répondu à l’annonce d’une firme japonaise qui cherche des show-girls pour un cabaret de Singapour. Toutes ne sont pas jeunes, aucune n’est vraiment glamour. Elles n’ont pas d’idée précise sur ce qu’on peut leur demander, sont prêtes sinon à tout, du moins à beaucoup.

Elles sont venues pour se sentir exister, échapper à leurs frustrations, au machisme de leurs hommes, au capharnaüm qui les entoure, à l’obligation de se bricoler leur vie jour après jour. En quelque sorte une dernière chance qu’elles vont défendre bec et ongles, et même, dégorgeant leurs rancœurs et leurs espoirs, elles vont convaincre le japonais de les faire auditionner. Toutes, y compris les vieilles et les mariées, en dépit des maris qui viennent hurler leur désaccord…

Colette Godard

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«Vassili, elles croient que quelque chose les attend là-bas. Elles sont plus heureuses que nous. Moi, je n’attends rien et je ne crois plus en rien…»

«Je ne veux pas que mes gamines retournent à Rostov. Je leur dirai que nous devons recevoir très bientôt des nouvelles d’Aoki… On ne peut pas vivre sans espoir. Notre génération, on lui avait dit : vous vivrez en régime communiste, et elles, on leur dit : vous vivrez en régime capitaliste. Ce n’est pas possible que nos enfants vivent plus mal que nous, pas vrai ? » 

« Tamara : Ils nous ont parquées comme un troupeau de brebis dans ce ciné, et ils ne nous disent rien. Personne ne nous a rien expliqué au juste.
Lisa : Personne ne sait pourquoi ils nous font auditionner au « Cosmos ».
Katia : Ils vont nous mettre sur orbite sans scaphandre
Nina : Les Japonais se sont aussi adressés au cinéma « La Victoire », mais il vient d’être rééquipé en Salon du meuble. A la Galerie, il y a une exposition de « La bière des peuples du monde ». Au Palais de la Culture, on leur a dit : « Ne comptez pas sur nous pour encourager un marché d’esclaves…
Katia : C’est nous, les esclaves ?
Lisa : Nous sommes plus libres qu’eux.
Nina : Depuis que ce concours a été annoncé, Koursk est devenu fou. Vous avez vu cette foule, près du ciné ? Je me suis faufilée ici comme pour échapper à deux rangées de gendarmes. J’avais tellement honte… »

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Yannic Mancel : Comment aujourd’hui, à partir de ton expérience personnelle de directeur artistique du théâtre de Saratov, définirais-tu l’état du paysage théâtral russe ?

Anton Kouznetsov : Mon impression est que partout, à Moscou, à Saint-Petersbourg et dans les villes de province, on fait du « bon travail » mais qu’il y a un énorme danger que nous, nous appelons « entreprise », et que vous autres Français désigneriez probablement sous le nom de « boulevard ». Le problème est qu’il s’agit d’un boulevard de bonne qualité. Mais le boulevard, on sait ce que c’est, ça commence toujours avec une certaine tenue, et malheureusement ça se dégrade. Pour un directeur, ce théâtre-là est très avantageux : c’est celui qui sans difficulté devient vite rentable. Or aujourd’hui il y a, au plus haut niveau de l’Etat, des responsables politiques qui pensent que, si l’on obéit à ce schéma, le théâtre pourrait prochainement - et avantageusement ! - se passer de subventions : une aubaine ! Dans ce cas de figure, notre public, jadis et aujourd’hui encore si actif et si critique, deviendrait bien vite consommateur passif. Je suis donc très inquiet quand j’entends certains directeurs de théâtre à Moscou proclamer avec démagogie que l’avenir du théâtre russe appartient au libéralisme, comme l’ensemble de l’économie. Dans une telle conjoncture, quand je décrète une « saison française » au Théâtre de Saratov (Maupassant, Béranger, Genet, Koltès, Bailly…) et que je mets l’accent sur les contemporains, je fais figure de dangereux extravagant.

Yannic Mancel : Mais alors, en plaçant la barre à un tel niveau d’exigence et de difficulté, comment fais-tu pour attirer le public à toi et, plus trivialement, pour remplir les salles ?

Anton Kouznetsov : Je ne suis en poste ici que depuis à peine trois ans. Je bénéficie donc de l’état de grâce lié à l’effet de renouvellement. N’étant pas très vieux moi-même, j’ai la chance d’attirer un public jeune. Saratov est une ville universitaire très importante. Les étudiants russes sont très curieux. Ils considèrent que le théâtre fait spontanément partie de leur formation, de leur éveil à la vie et au monde. Ils n’ont pas encore adopté une attitude de consommateurs. Leurs rêves, comme les nôtres, ne sont pas encore déçus : nous sommes à égalité, prêts à prendre des risques ensemble sur la découverte d’un nouvel auteur ou d’un nouveau metteur en scène.

Yannic Mancel : Tu fais donc le pari d’une nouvelle génération de spectateurs et d’un public entièrement renouvelé ?…

Anton Kouznetsov : Pas tout à fait, car nous conservons toujours un public fidèle, celui d’une intelligentsia cultivée qui continue d’avoir envie d’aller au théâtre mais dont les revenus sont de toutes façons trop modestes pour pouvoir accéder au théâtre « d’entreprise ». Ceux-là continuent d’accompagner de nouvelles expériences artistiques, de nouvelles tentatives, et ils participent activement à l’évolution d’une pensée théâtrale - grosso modo, cela correspond à la génération de mes parents. Les seules difficultés de dialogue que nous rencontrions correspondent à la génération intermédiaire, celle de la trentaine, qui hésite, ne se reconnaît plus dans l’appétit enthousiaste des étudiants et ne peut pas non plus s’identifier à l’assiduité sereine de leurs aînés.

Yannic Mancel : Pourrais-tu, pour que nous puissions mieux faire connaissance, nous rappeler quel a été ton parcours avant d’être nommé ici, c’est-à-dire, en fait, de revenir au pays natal après, je crois, un long et prestigieux périple qui passe par Saint-Petersbourg et par Paris ?

Anton Kouznetsov : Je suis né à Saratov. J’y ai fait mes études secondaires au « Collège Anglais », une école spécialisée dans l’apprentissage des langues étrangères. J’ai ensuite intégré l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique où pendant quatre ans j’ai appris le métier d’acteur. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai travaillé une année entière à Saratov, à la fondation d’un Théâtre Studio, de régie municipale, qui s’appelle aujourd’hui l’ATX. Puis j’ai été admis à l’Académie Théâtrale de Saint-Petersbourg, dans la classe de Lev Dodine, pour y étudier la mise en scène. Par chance, c’est avec ma promotion que Dodine a eu l’idée de monter Gaudeamus, spectacle d’école que nous avons tourné pendant deux ans dans toute l’Europe. A la fin de mes quatre années d’études auprès de Dodine, j’ai rencontré ma femme qui était élève à l’Ecole du TNS, j’ai travaillé avec le groupe XXVIII sur les nouvelles de Tchekhov, puis nous nous sommes installés à Paris et j’ai commencé à travailler à l’Odéon Théâtre de l’Europe, d’abord en tant qu’acteur dans Les Estivants de Gorki, puis en tant qu’assistant de Lluis Pasqual. Je l’ai même suivi dans tout son parcours de metteur en scène lyrique : Falstaff à Amsterdam, La Traviata à Salzbourg, puis une seconde version de Falstaff à Séville. J ‘ai aussi pu présenter au Petit Odéon l’adaptation d’un récit de Nabokov : Camera Obscura.

Une autre chance est d’avoir été invité par Dominique Pitoiset à faire une création des petites tragédies de Pouchkine à Dijon dans le cadre de « Théâtre en mai » : c’est avec ce spectacle que j’ai obtenu mon diplôme de l’Académie de Saint-Petersbourg, spectacle que j’ai également eu la possibilité de présenter au public de Saratov grâce à l’échange de saisons - russe et française - que Patrick Sommier avait organisée en 1995. C’est aussi dans ce cadre, enfin, que j’ai été choisi pour assister Georges Lavaudant lors de la recréation russe de Lumières au Théâtre Maly de Saint-Petersbourg : de là datent ma rencontre et mon amitié avec Jean-Christophe Bailly…

De retour en France, j’ai créé une compagnie que j’ai appelée « Babel » non seulement en hommage à l’auteur de Marie et des Contes d’Odessa, mais aussi pour insister sur les origines et nationalités diverses de ceux qui en avaient accepté l’aventure. Notre première création fut, comme il se doit, Cavalerie rouge et autres récits, d’Isaac Babel précisément, et nous l’avons réalisée encore une fois à Dijon dans le cadre de « Théâtre en mai ». 

C’est alors que le directeur du Théâtre de Saratov m’a demandé de venir monter Les Bas Fonds de Gorki, après quoi, au cours de l’été 1998, des représentants de l’Etat et les acteurs de la troupe, d’une seule voix, m’ont demandé de devenir le « directeur artistique » de ce théâtre - poste qui jusqu’alors n’existait pas. En moins de trois saisons, nous avons pu monter quatorze spectacles articulés par une ligne artistique qui s’est développée essentiellement sur deux axes : les écrivains russes contemporains, et la découverte de la littérature et du répertoire français.

Yannic Mancel : Le Théâtre de Saratov est un théâtre de troupe. J’ai entendu parler de trente-six acteurs permanents. Es-tu en mesure de nous dire, après presque trois années d’expérience, quels sont les avantages et les inconvénients de cette troupe à demeure ?

Anton Kouznetsov : Je suis un enfant du théâtre russe, et le théâtre russe a toujours été un théâtre de troupe. Cela constitue pour moi un énorme avantage, car c’est ce qui rapproche le théâtre de la maison, qui le fait vivre comme une maison, comme une famille… Toutes les générations y cohabitent. Et pour peu qu’on parvienne à les réunir autour d’un projet artistique, on ne peut que retirer de riches bénéfices de ces différences de sensibilité, de ces échanges d’expérience. 

Le danger à Saratov, à cause de son éloignement de Moscou et de Saint-Petersbourg, vient de ce que les acteurs n’ont pas la possibilité de diversifier leurs activités avec la télévision, le cinéma ou la radio. Le risque est celui du repli sur le théâtre et sur soi : que la loge finisse par devenir une extension de la cuisine ou de la chambre à coucher… Le seul moyen d’éviter les écueils de la vie de famille - l’habitude, la routine, l’ennui, un excès de familiarité qui finit par tuer l’étonnement - est pour la troupe de pouvoir travailler avec des metteurs en scène différents, dont les méthodes singulières créent la surprise, réveillent le désir, et révèlent les acteurs sous un jour nouveau. Le directeur apparaît dans ce cas comme le garant de la ligne artistique, et les metteurs en scène invités comme les garants quant à eux de la variété et du renouvellement. De toutes façons, il faut bien comprendre qu’indépendance et intermittence seraient aujourd’hui impossibles en Russie. Nous ne disposons pas encore à ce jour des structures sociales qui puissent économiquement les rendre envisageables.

Yannic Mancel : Parmi les auteurs contemporains que tu as choisis pour ces trois premières saisons, il en est un qui, dans les milieux professionnels du moins, commence à être un tout petit peu identifié en France : il s’agit d’Alexandre Galine. Qui est-il pour toi et pourquoi l’as-tu choisi ?

Anton Kouznetsov : Galine est représentatif du maelström dans lequel la Russie s’est trouvée entraînée depuis maintenant une bonne vingtaine d’années. Son œuvre, apparue dans les dernières années du pouvoir soviétique, a toujours soulevé la polémique et le scandale. Très dérangeante et toujours progressiste, elle a évolué au fil des ans au rythme des changements de la société russe elle-même, mais en l’abordant toujours à contre-pied. Galine s’inscrit dans une tradition de la dramaturgie classique russe, celle de la polyphonie et de la choralité, mais en faisant toujours passer le souci de l’humanisme avant celui de l’avant-garde. C’est un auteur dont le talent à faire exister des personnages - à travers leur âge, leur histoire personnelle, leur condition sociale - est assez exceptionnel. On a pu le remarquer dès la première pièce que l’a révélé : Les Etoiles dans le ciel du matin, une pièce qui, à chaud, sans aucun recul, traite des Jeux Olympiques de Moscou en 1984 et, plus largement, des premières difficultés de la perestroïka. La pièce raconte comment, pendant la durée des Jeux, pour les soustraire au regard des organisateurs et des touristes, on a cantonné dans des baraquements à l’écart de Moscou tous les exclus de la société : les putes - toutes classes confondues, de la pute de luxe à la pocharde -, les SDF, les drogués, les dealers.. . Or malgré les choses épouvantables qui se passent à l’intérieur de cet espace concentrationnaire, la seule chose qui, à l’unisson, motive toute cette petite population disparate, est de grimper sur les toits des baraques pour voir passer la flamme olympique - le seul signe qui leur reste de la gloire universelle projetée pour quelques jours par les Jeux sur Moscou et la Russie.

L’image de la lumière - la flamme, les étoiles, le ciel matinal -, au-delà de sa déclinaison réaliste et concrète, renvoie bien sûr à une interprétation métaphorique, historique et politique : l’aube de la perestroïka. Et puis on décèle déjà aussi dans cette pièce l’une des constantes de l’écriture de Galine, à savoir l’écoute des femmes. Pour lui, la société est construite par les femmes. Il n’a pas son pareil pour entendre et retranscrire les souffrances et les rêves des femmes à l’échelle d’une société toute entière, comme si la capacité d’être mère amplifiait la résonance des problèmes fondamentaux de l’humanité.

Avec Le Concours, une vingtaine d’années plus tard, on retrouve ce même principe dramaturgique d’une microsociété représentative de l’évolution de tout un peuple. Aujourd’hui, en Russie, ce sont tous les membres de la société qui chaque jour passent un examen ou un concours. Tout est devenu concurrence et compétition. Chez nous désormais la société se divise en deux catégories : ceux qui suivent et ceux qui sont virés…

Yannic Mancel : Ce qui est étrange, mais est aussi le propre d’une œuvre en devenir, c’est que, des Etoiles dans le ciel du matin au Concours, à vingt ans d’écart, on retrouve des thématiques communes, avec leurs variations et leurs évolutions d’une pièce à l’autre : la compétition - sportive, « esthétique », et finalement sociale… ; le sexe - le mariage, la prostitution, la traite des femmes… ; l’argent - l’importation de devises étrangères, l’exportation, la mafia, les petits trafics…

Anton Kouznetsov : Et toutes ces thématiques finissent par se fondre en une seule, fondamentale, celle du doute et de la crise d’identité : l’être humain finit par douter qu’il est un être humain. Faut-il sans se poser de questions entrer dans le jeu social qu’on nous impose, ou bien au contraire vivre sa propre vie ? Au concours imposé par la compétition sociale venue du Japon ou de Singapour, il vaut mieux opposer son propre examen… de conscience. Le discours de la mère populaire, à la fin, renvoie dos à dos les deux utopies, communiste et capitaliste. Le Concours est une pièce sur la crise idéologique : à quoi croire ? à qui et à quoi s’en remettre ?

Yannic Mancel : A côté des questions existentielles qui sont d’ordre philosophique, et des questions idéologiques qui sont d’ordre historique et politique, ces femmes ont aussi des comptes à régler avec leurs maris, leurs pères, et les hommes en général, et les moyens formels qu’utilise Galine pour rendre compte de cette revanche des femmes relève tout à la fois du psychodrame, de la farce, voire du boulevard…

Anton Kouznetsov : Dans la plupart de ses pièces, Galine part du complexe éprouvé par les femmes à n’être rien, dans l’anonymat de la foule et de la société, et il leur permet d’accéder, au hasard d’une épreuve, à la conscience d’être quelqu’un.

Yannic Mancel : Tu abordes la question du vieillissement, et de l’angoisse qu’en éprouvent les femmes, avec beaucoup de pudeur et de délicatesse…

Anton Kouznetsov : Je n’ai fait que partir de la réalité de la troupe et des inquiétudes existentielles, artistiques ou professionnelles, ressenties par certaines de nos comédiennes parvenues avec la maturité à un tournant de leur vie et de leur carrière. Pour l’une d’entre elles néanmoins, je suis allé un peu plus loin et j’ai pris avec elle un vrai risque artistique. Celle à qui j’ai attribué le rôle de la mère populaire, revendeuse de vodka et quasi SDF, était en effet jusque là identifiée comme une grande tragédienne, héroïque et « noble ». Mais le pari était justifié et elle m’a remercié de lui avoir permis de se dégrader et de s’enlaidir ainsi à travers ce personnage nouveau. Elle a beaucoup contribué à rendre toutes ces femmes grandes et belles, même au plus profond de l’humiliation. C’est aussi ce qui nous permet, en dépit du sujet de la pièce, d’éviter l’écueil du dégoût et de la vulgarité.

Yannic Mancel : Il y a toujours beaucoup de musique, de chant et de danse dans les spectacles que tu mets en scène. Est-ce typiquement russe, est-ce une caractéristique du courant artistique auquel tu te rattaches, celui de Lev Dodine, ou bien s’agit-il simplement d’un goût personnel ?

Anton Kouznetsov : C’est un peu tout cela à la fois. J’aime la danse et j’ai engagé un comédien, Aliocha, qui s’est spécialisé dans l’étude de la danse contemporaine et qui est devenu récemment le chorégraphe du théâtre. Deux fois par semaine, il anime un atelier chorégraphique obligatoire pour tous les acteurs de la troupe, et c’est lui aussi qui est responsable des échauffements physiques. Même chose pour le chant choral et la pratique d’orchestre. Toutes ces activités annexes, qu’on retrouve ensuite dans les spectacles, doivent, à mon avis, être mises en relation avec le haut niveau des pratiques amateurs dans notre pays depuis la période soviétique. Mon père par exemple, dont le métier d’ingénieur n’a rien à voir avec les arts, est aussi un clarinettiste accompli, et c’est le modèle que j’ai sous les yeux depuis mon enfance. Pour moi, la Russie est d’abord un univers de sons, de musique, de rythmes et de mouvements corporels. Là réside un aspect très matériel et très concret de ce vous appelez l’âme slave. Nous avons en commun avec les Espagnols et les Irlandais d’avoir des danses populaires dont les pas s’enracinent dans la terre, avec les pieds qui frappent le sol et y puisent leur énergie.

Yannic Mancel : Il y a donc chez toi une tentation du spectacle « total », qui inclut toutes les formes d’expression scénique ?

Anton Kouznetsov : Oui, c’est pourquoi je suis très attiré par Brecht et ses opéras. Mon ambition à moyen terme est d’amener la troupe du Théâtre de Saratov à créer L’Opéra de Quat’sous. On s’en approche tout doucement, mais je sais qu’il y a encore du travail.

Yannic Mancel : Si l’on observe attentivement tes choix de répertoire, on constate que l’idéologie, l’histoire et le politique y occupent une place de premier plan…

Anton Kouznetsov : Ce que je vais dire est peut-être très subjectif et probablement excessif, mais personnellement j’ai parfois l’impression d’être en guerre contre la société russe et son paysage théâtral. Tout ce que je propose coûte énormément d’énergie. Tout est devenu motif et enjeu de bagarre. J’ai envie de dire aux gens, à partir de ma pratique théâtrale, que le fric ne peut pas tout. J’ai envie de contribuer modestement, à partir de l’assimilation critique de notre passé, à la définition d’un nouvel espoir.

Saratov, le 22 avril 2001

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Informations pratiques

Théâtre du Nord

4, place du Général de Gaulle 59026 Lille

Accès handicapé (sous conditions) Bar Librairie/boutique Salle climatisée
Spectacle terminé depuis le jeudi 16 mai 2002

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