Dans une société où l'on n'a jamais autant exploité la nudité publique des femmes et des hommes à des fins mercantiles, où la pornographie soft ou hard fait les beaux soirs de nombreuses chaînes de télévision, Jean-Michel Rabeux, empli le plateau du théâtre de ces corps nus hors de tout exhibitionnisme commercial. Femmes et hommes, chanteurs, contorsionnistes, accordéonistes, danseurs, peintres occuperont la scène en s'occupant à tout faire ou à ne rien faire, à tout dire ou à ne rien dire.
En s'exposant dans la vulnérabilité des corps offerts au regard, dans la beauté de la jeunesse ou dans celle due à l'usure du temps, ils diront la condition humaine dans ce qu'elle a d'éternellement limité au parcours qui va de la naissance à la mort. Corps furieux de se savoir mortels, corps furieux d'être des damnés de la vie, corps furieux de ne pouvoir échapper au destin commun, corps furieux qui, dans un même mouvement, se battent et s'amusent en dansant au bord du gouffre dans une recherche éperdue de douceur et de cruauté.
A l’image de ces corps errants croisés sur les trottoirs de nos villes dans une indifférence souvent coupable, vêtus d'empilement de vêtements improbables, ils se raconteront en se mettant à nu, révélant par cette nudité leur part irréductible d'humanité, faite de chair et d'âme, de paroles et de silences, de rires et des larmes, de prostrations et d'exaltations. C'est un théâtre hors des chemins balisés que nous proposent Jean-Michel Rabeux, un théâtre qui se construit autour du vivant et qui « n'est pas un théâtre d'images, pas du tout, pas du tout, du tout »…
76, rue de la Roquette 75011 Paris