« On s’est rencontrés chez Cécile, une amie qui parle beaucoup mais qui n’écoute pas tellement. Ce soir-là, on était une petite dizaine à fêter son premier CDI. Faut dire qu’on l’avait connue enchaîner les CDD comme d’autres enchaînent les plans cul. »
Ally tombe follement amoureuse d’Hugo lors d’une soirée. Mais leur histoire d’amour tourne rapidement au drame : déclaré en état de mort cérébrale, Hugo n’est plus qu’un fantôme qui hante le quotidien d’Ally.
« Je me souviens quand c’est arrivé. J’ai senti mes tripes se froisser d’un seul coup, comme une vulgaire feuille de papier. Puis, la chaleur d’une allumette venir l’embraser. En quelques secondes, tout ce qui palpitait jusqu’à présent dans mon ventre s’était consumé. Rien. Il ne restait plus rien. »
Concentré d’émotions, de poésie et d’humour, le récit d’Ally suit son parcours pour tenter de retrouver sa place parmi les vivants. Elle nous entraîne dans un ébouriffant récit peuplé de personnages hauts en couleur en nous faisant passer du rire aux larmes. Le Cri des Anges est le témoignage direct et sans filtre d’une jeune femme sur l’amour, le deuil et l’altérité, qui réussit le pari de nous faire vivre une bouleversante histoire d’amour, dont on ne sort pas indemne mais le sourire aux lèvres.
« Au fil des saynètes qui s’enchaînent, drôles et grinçantes, aussi efficaces que les dialogues, chacun en prend pour son grade. On applaudit le premier tome de cette mordante comédie humaine, signée Amélie Cornu. » Lepoint.fr
« Concentré d’émotion, de poésie et d’humour » FIP
« Ce spectacle est la première oeuvre d’Amélie Cornu, excellente comédienne, une jeune femme aux talents multiples. (...) Le public ressort épanoui ! » Sorties à Paris
« Une mise en scène intelligente, contemporaine et raffinée par la qualité du texte exprimé. » La théâtrothèque
« Satire intelligente et sans concession d’une société devenue par trop égoïste. (...) Foncez voir cette pièce les yeux fermés ! » Tamaculture
« Une bien belle comédie humaine écrite avec justesse et délicatesse. Une très belle performance d’Amélie Cornu. » Artqixmic
« Un spectacle intense, bouleversant, un cri du coeur où l’émotion n’est jamais forcée, le spectateur [...] en osmose parfaite avec le personnage, avec lequel il rit et pleure, parfois à chaudes larmes, comme on a pu le constater dans la salle ce soir-là. » Culturellement vôtre
Créer un seule en scène à partir d’un monologue offrait de nombreuses possibilités. J’ai choisi de donner à entendre plutôt qu’à voir, afin de faire découvrir un texte qui ne faisait référence pour personne. Le travail de création s’est ainsi concentré sur le texte, avec une mise en scène sobre et minimaliste, et une création musicale pour lui donner corps. En ce sens, la collaboration artistique avec Jean Barlerin et Nicolas Dessenne a été décisive car si le texte était la colonne vertébrale du projet, la musique en est devenu la chair, la mise en scène les membres, et la direction d’acteur le souffle.
Amélie Cornu - Auteure et interprète
Mettre en scène Le Cri des Anges, c’est créer une interface simple entre le texte et la comédienne, au service du spectateur. J’ai donc privilégié une mise en scène réduite à l’essentiel. Une chaise pour principal élément de décor, une bouteille pour unique accessoire, des éléments de costume sobres, en concentrant mon implication sur la direction d’acteur. J’avais en tête les mises en scène épurées de Joël Pommerat, et ses noirs cinématographiques pour créer des ruptures de tons et apporter du rythme entre chaque tableau.
Pour éviter l’écueil du récit, et donner vie au personnage d’Ally, j’ai axé le travail d’interprétation sur le ressenti permanent. En tentant d’apporter du contraste aux différentes scènes, et des ruptures de jeu suivant les tonalités de la pièce (comique, dramatique, poétique). La précision des indications et du travail réalisé avec Amélie ont eu pour buts d’apporter du relief à l’écriture, et de permettre à la comédienne d’incarner pleinement et de rendre paradoxalement vivant ce monologue sur le deuil.
Le choix des interventions musicales s’est fait en concertation avec Nicolas et Amélie, afin de créer un équilibre juste et harmonieux entre les scènes, souligner sans appuyer, irriguer les passages abrupts sans les noyer dans une émotion factice.
Jean Barlerin - Metteur en scène
Pouvez-vous nous résumer Le Cri des Anges, et nous dire en quelques mots quelles ont été vos motivations pour écrire et interpréter ce texte ?
L’histoire est très simple, Ally une jeune femme solaire, tombe amoureuse d’Hugo au cours d’une soirée. Leur idylle tourne court quand le jeune homme est déclaré en état de mort cérébrale. En une fraction de seconde, tous les repères d’Ally basculent entraînant avec eux ce qui jusque-là lui semblait acquis. Elle engage alors un monologue intérieur et fiévreux, plus proche de l’ode à la vie que de l’éloge funèbre, où l’humour fait sans cesse contrepoint à l’émotion. Comme de nombreuses personnes, j’ai dû affronter différentes formes de deuils au cours de ma vie. Je voulais notamment parler de la difficulté à faire le deuil de quelqu’un qui n’est pas encore mort. Mais c’est avant tout le travail de résilience que j’ai souhaité mettre en lumière. Valoriser la pulsion de vie qui traverse, transforme et transcende toute expérience de deuil.
Votre première pièce Tri(s) Sélectif(s), créée en 2011, était un huis clos à quatre personnages. Pourquoi avoir voulu cette fois-ci écrire un monologue et l’interpréter sous forme de seule en scène ?
J’avais initialement commencé à écrire une pièce à deux voix, celles d’Ally et d’Hugo. Et puis au cours de l’écriture, ce que j’avais imaginé comme un dialogue s’est intuitivement transformé en monologue. Pour traiter de l’absence, il m’a finalement semblé plus fort d’évoquer Hugo sans qu’il ne soit jamais incarné physiquement. Même si Ally parle de plusieurs personnages hauts en couleurs, que j’interprète sur scène !
Quelles ont été vos influences pour écrire cette pièce ?
Deux textes se sont imposés à moi en références Le Vieux Juif Blonde d’Amanda Sthers, et Confidences à Allah de Saphia Azzedine. Deux monologues, deux personnages féminins qui refusent de se soumettre face à l’adversité. Et qui usent de l’humour et du décalage comme boucliers pour tenir à distance le désarroi. J’ai eu à cœur de privilégier une écriture emprunte de poésie et d’humour. Parfois crue et dérangeante. Ce texte est écrit à la première personne. Est-ce une autobiographie ou une fiction ? Ma problématique en tant qu’auteure et comédienne était justement de trouver cette juste distance entre un texte écrit à la première personne et la composition d’un personnage de fiction, d’un autre je curieusement étranger et familier. Pour ce faire, je me suis appuyée sur ce que le deuil a de protéiforme pour me l’approprier et faire mienne cette expérience qui s’écrit en miroir.
Propos recueillis par Colombe Calmettes - Décembre 2016
6, rue Pierre-au-Lard 75004 Paris