En 1821, combinant un sujet folklorique, des accents populaires et un orchestre puissamment expressif dans une forme mozartienne, Weber fit de la création du Freischütz un événement national. La forêt nourricière, la solitude, le diable aux aguets, le sentiment contrarié, la faute et le pardon avaient toutes les saveurs du fantastique allemand et touchèrent une société en mal d’identité. Trois ans plus tard, Robin des bois fut proposé aux Parisiens.
Enthousiasmé par la partition, le jeune Berlioz rejeta cette adaptation de Castil-Blaze et tira de l’imposture une conception nouvelle de l’interprétation, d’un respect sourcilleux guère encore de mise. Lorsqu’en 1841, l'Opéra de Paris programma Le Freischütz devenu fameux après la mort de son auteur, Berlioz fut chargé d'en établir la version française transformant le singspiel en opéra. L’intégrité de son travail, accepté après mûre réflexion, éclaire la familiarité de Weber avec notre répertoire d’opéra-comique ainsi que l’extraordinaire postérité de son œuvre en France.
Introduction à l'oeuvre 30 minutes avant chaque représentation.
Opéra romantique en trois actes de Carl Maria von Weber.
Livret de Friedrich Kind.
Créé au Königliches Schauspielhaus de Berlin le 18 juin 1821.
Présenté dans sa version française, avec la traduction d’Emilien Pacini et Hector Berlioz et les récitatifs d’Hector Berlioz, créée à l’Opéra de Paris le 7 juin 1841.
Direction musicale, Sir John Eliot Gardiner.
Avec The Monteverdi Choir et l'Orchestre Révolutionnaire et Romantique.
Après trois saisons anglophiles en compagnie de Britten, Gershwin et Purcell, l'Opéra Comique se tourne vers l’Allemagne où d'autres scènes ont fait jouer ensemble la poésie théâtrale et l’écriture musicale.
Si l'acte de naissance de l'opéra allemand fut la création de La Flûte enchantée en 1791, la mort précoce de Mozart livra ses compatriotes aux séductions des répertoires italien et français. Équivalent germanique de l'opéra-comique, le singspiel s’en inspira beaucoup dans ses procédés, parfois dans ses sujets comme le Fidelio de Beethoven. Mais lorsqu’au XIXe siècle Paris devient la capitale lyrique du continent, le romantisme allemand vint faire souffler sur la création française une inspiration nouvelle. Hoffmann et Goethe, Beethoven et Weber évoquaient un autre rapport de l’être à la nature et de l’individu au monde. L’expression des aspirations de l’âme se faisait plus impérieuse. Tandis que Meyerbeer dictait le goût à l’Opéra, Wagner louait les interprétations de Beethoven données au Conservatoire.
Dans cette effervescence, Berlioz et Weber se croisèrent sans se rencontrer. Mais l’adaptation française du chef-d’œuvre de celui-ci par celui-là témoigne de l’intensité de ces échanges, et de l’existence bien réelle alors d’une Europe de la culture façonnée par les artistes à travers leurs créations.
Dan Jemmett
5, rue Favart 75002 Paris
Entrée du Public Place Boiëldieu