Le Mariage de Figaro

du 23 mars au 6 mai 2012
3 heures avec entracte

Le Mariage de Figaro

Plus grand succès théâtral du XVIIIème siècle, le Mariage est une quête du bonheur et du libertinage novatrice et une charge faussement légère contre la société d’ordres de l’Ancien Régime. Christophe Rauck met en scène à la Comédie-Française « la plus badine des intrigues » et redonne à Beaumarchais toute sa puissance moderne et visionnaire.
  • « La plus badine des intrigues »

« La plus badine des intrigues. Un grand seigneur espagnol, amoureux d’une jeune fille qu’il veut séduire, et les efforts que cette fiancée, celui qu’elle doit épouser, et la femme du seigneur, réunissent pour faire échouer dans son dessein un maître absolu, que son rang, sa fortune et sa prodigalité rendent tout-puissant pour l’accomplir. Voilà tout, rien de plus. ».

Dans sa préface du Mariage, Pierre Augustin Caron de Beaumarchais s’étonne de la polémique déclenchée par cette comédie conçue, à la demande du prince de Conti, comme une suite à la vie de Figaro évoquée dans la préface du Barbier de Séville (1775). Trois ans plus tard, voici donc les héros réunis pour le mariage de Figaro, valet du comte Almaviva, et de Suzanne, camériste de Rosine devenue comtesse. Durant cette folle journée, Figaro remet en cause la relation maître-valet en contrant les projets du comte à l’égard de Suzanne. Grâce à la coalition des femmes, la comtesse et sa suivante, le comte est mis hors d’état de nuire.

  • Le plus grand succès théâtral du XVIIIème siècle

Le plus grand succès théâtral du XVIIIème siècle est celui d’une pièce novatrice, renouvelant l’art dramatique à défaut d’incarner comme le jugeait Napoléon, « la Révolution en action ». En aiguisant sa plume contre la société d’ordres de l’Ancien Régime, Beaumarchais (1732-1799), à la fois auteur, horloger, agent secret de Louis XV, fondateur de la Société des auteurs dramatiques, et homme d’affaires, s’est attiré les foudres de la censure royale et la faveur populaire.

Unanimement acceptée par les Comédiens-Français en 1781, la pièce, pour sa critique de l’administration et des prisons d’État, ne pourra être jouée qu’en 1784. Quête du bonheur et libertinage imprègnent cette oeuvre où la sensualité troublante de Chérubin et la volonté du valet Figaro d’assouvir ses propres ambitions, s’inscrivent dans l’esprit du XVIIIe siècle. La mélancolie de l’oeuvre a inspiré Mozart pour Les Noces de Figaro tandis que, pour Hugo, ses innovations littéraires et scéniques font de Beaumarchais l’un des trois fondateurs de la scène avec Corneille et Molière. Beaumarchais invente une suite à son Mariage, intitulée La Mère coupable. Cent cinquante ans après, Ödön von Horváth signe quant à lui Figaro divorce.

Leur générosité et leur liberté de ton ont fait des mises en scène récentes de Christophe Rauck, Le Dragon de Schwartz ou Le Revizor de Gogol, de grands succès populaires et critiques. Directeur du Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, le metteur en scène renoue ici avec la modernité d’un auteur, à ses yeux visionnaire. Les « questions sociales, notamment celles de la condition féminine et des rapports entre dominants et dominés » l’interpellent. C’est donc dans un espace atemporel que s’expriment pleinement la vivacité et la subtilité des personnages, donnant ainsi au sous-titre la Folle Journée tout son relief.

  • Note d'intention

Les premières images qui me sont venues à la lecture étaient La Règle du jeu de Renoir et la mise en scène de Jean-Pierre Vincent à Chaillot. Puis, très vite, je suis entré dans la pièce. Les discussions avec mes collaborateurs nourrissaient ma lecture du texte, et les images alors naissaient, évoluaient. L’une des forces du théâtre est d’être un art collectif et je ne me lasserai jamais de ces échanges qui nous stimulent et nous enrichissent.

Je voulais qu’on reste dans le théâtre. Anne Alvaro dit que les spectateurs viennent au théâtre pour voir des acteurs travailler à y croire. Pour moi, c’est la chose la plus importante. Je ne voulais pas que l’histoire soit inscrite dans une époque. J’aime, avec une pièce classique dite « historique », tirer une ligne entre hier et aujourd’hui et travailler dans un territoire où ils vont se rencontrer. Par exemple, pour les costumes, on a gardé la liberté de porter une chemise d’aujour d’hui avec une lavallière et de créer ainsi un monde poétique propre à celui du spectacle.

Comme l’enjeu était de faire un décor léger qui ne remplisse pas tout l’espace, nous sommes partis sur l’idée d’immenses vignettes représentant des détails de peintures d’Uccello. La scénographie sert comme appui de jeu pour les acteurs. Je ne voulais pas étouffer le jeu avec des décors signifiants, je voulais qu’ils aient la place de raconter la complexité de cette pièce dans la simplicité et la légèreté d’un espace poétique. Ils peuvent ainsi s’appuyer sur des choses plutôt qu’habiter un décor. Muriel Mayette nous avait proposé, au début, que le plateau morde sur l’orchestre. Finalement, l’idée a été abandonnée mais elle est restée dans nos esprits et nous a fait regarder la salle autrement, du côté de Beaumarchais et
du XVIIIe siècle. C’est pourquoi nous jouons souvent avec la salle. Quant à la musique, on a pris des passages de l’opéra de Mozart et on les a déclinés, modifiés, en changeant notamment l’époque.

Ce qui m’intéressait, c’était que les acteurs aient une image des personnages qu’ils incarnent pour créer des relations vraies d’aujourd’hui. Par exemple, on évoquait souvent les rapports d’entreprise pour parler du château. Ça fonctionnait très bien. On a veillé surtout à ne pas être progressifs. Beaumarchais est un dramaturge extraordinaire qui sait ce qu’est un acteur. Il lui permet de mettre tout de suite le pied sur un plateau. Ensemble, avec les acteurs et les équipes, on s’efforce donc d’être comme lui…

Christophe Rauck, propos recueillis par Florence Thomas

  • La première du Mariage de Figaro en 1784 : une « folle journée »

Onze heures du matin, la représentation aura lieu dans plus de six heures, le monde se presse pourtant déjà aux portes du théâtre pour acheter des billets, les valets des grandes dames font la queue à leur place ; au fur et à mesure que le temps passe, la foule grossit sur la place, à l’entour de ce théâtre encore tout neuf, aujourd’hui l’Odéon, dans lequel les Comédiens-Français se sont installés deux ans plus tôt, un véritable temple à Thalie et à Melpomène. À l’intérieur, dans les coulisses, on s’affaire, dans les loges on ne compte plus les amis d’amis de comédiens qui se sont frayés un passage jusque-là pour être plus près des bureaux de locations et mangent sur le pouce en attendant. Dehors on se bouscule, on joue des coudes, la haute noblesse fend la foule, le trafic de places va bon train. Soudain, vers seize heures, sous la pression, les grilles sont enfoncées, les portes cèdent, les spectateurs s’engouffrent dans le théâtre…

Nous sommes le 27 avril 1784, à dixsept heures trente, c’est la première du Mariage de Figaro de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. L’auteur, homme d’affaires, courtisan, a déjà vu trois de ses pièces jouées à la Comédie-Française, Eugénie, Les Deux Amis et Le Barbier de Séville. Depuis plus de trois ans, on parle de la suite du Barbier, de cette nouvelle comédie où réapparaît l’irrésistible Figaro, les Comédiens-Français l’ont adoptée « par acclamation », mais le roi, mais la censure, mais le lieutenant de police s’opposent à la représentation d’une oeuvre dont la liberté de ton pourrait être dangereuse.

C’est compter sans l’obstination de Beaumarchais qui s’y entend en lutte d’influences – n’a-t-il pas l’oreille de la reine et des frères du roi ? – et réussit à force de lectures privées, d’entreprises de séduction et au prix de quelques réécritures, à faire lever tout obstacle. Le jour de la première est son triomphe. Dans la salle blanc, bleu et or, se côtoient les plus grands noms de l’aristocratie ; on ne saurait dénombrer les princesses, les comtesses, les duchesses. « Tout cela brillait, parlait, se saluait ; c’étaient des bras arrondis, de blanches épaules, des doigts effilés, des cous de cygne, des rivières de diamants, des colliers de perles, des étoffes de Lyon, bleues, roses, blanches, arc-en-ciel, mouvants, jolis, animés, s’agitant, se croisant, papillonnant, tout cela impatient d’applaudir, impatient de dénigrer, tout cela pour Beaumarchais et de par Beaumarchais ! »

Mémoires de Fleury, par Jean-Baptiste-Pierre Lafitte, 1838

  • La presse en parle

« Le monologue du début du dernier acte est bouleversant. L’acteur tient son public avec ce texte qui n’a pas pris une ride. Ce sont tous les précaires, tous ceux qui peuplent la « France d’en bas », qui semblent apparaître en filigrane de cette narration d’une vie passée à tenter de trouver, au propre comme au figuré, « une place ». » Les Trois Coups

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Spectacle terminé depuis le dimanche 6 mai 2012

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