Voici l’épopée mirifiquement loufoque de Carles Magnes (autrement dit Charlemagne) envoyant ses fidèles (autrement dit obéissants) chevaliers, bouter les Sarrasins hors de sa vue. Voici une Chanson de Roland inattendue !!!
Roland, une trilogie. Le héros central en est bien le chevalier qui jouait du cor à Roncevaux, mais attention. Cette version imaginée par Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre, acteur, auteur (accessoirement fan de feuilletons), metteur en scène d’un groupe rassemblé depuis le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (le Théâtre Irruptionnel) tient plus de la BD que du livre de classe. Ce sont pourtant les gravures de Gustave Doré qui, dans un vieux livre familial, l’ont marqué à vie. Il a même travaillé avec un médiéviste.
On le sait, l’histoire se répète. Mais si, en lançant ses fidèles sur Saragosse afin de bouter les Sarrasins hors d’Espagne, Carles Magnes (Charlemagne) déclare qu’il agit en tant qu’élu de Dieu, on ne doit chercher ici nul rapprochement avec ce qui se passe en Irak. D’ailleurs, il est seulement conseillé de savourer l’extravagante logique, la fantaisie quasi surréaliste qui mènent le spectacle. On y trouve bien un conflit, mais au sein de l’Entreprise Montjoie Monde, où se fabriquent des couteaux, dont le Durendal de Roland. Capitaine d’industrie, chevalier blanc ou noir… Le vocabulaire économique rejoint celui des armées.
Episode 1 : la cuisine où se prépare un dîner pour invités de marque. Où il apparaît que Roland tient plus du fou de Dieu que du Robin des Bois, et que donc Aude est une femme potiche. Mais, méfions nous… Sonne à la porte un fantôme furieux, rien ne va plus.
Episode 2 : les invités arrivent. Parce qu’il conteste le bien fondé de la stratégie patronale, Ganelon, le prolo de la bande, est accusé de trahison.
Episode 3 : où se révèle l’intrusion de la religion dans l’entreprise. Restent le fantôme et un Carles Magnes, possédé de colère, ou plutôt du dégoût de soi, et donc des autres, tous les autres. Acte sans paroles ou presque, mais comme les précédents, accompagné en direct de musiques. Ainsi se termine l’épopée foutraque des héros de nos enfances, en totale complicité avec les spectateurs, dont certains sont placés sur scène. Histoire d’apporter si besoin est leur aide aux comédiens. Pour la recette du poulet basquaise, par exemple.
Librement inspiré de La Chanson de Roland.
Place Jean Jaurès 93100 Montreuil