Résumé
Les personnages
La mise en scène
La pièce se situe dans un univers de science-fiction, reliant le mythe de l’apocalypse à l’utopie du meilleur des mondes, confrontant des naufragés d’un rivage éclaté aux hommes d’une cité au modernisme outrancier. Elle interroge le présent sur les menaces qui pèsent sur l’équilibre de notre écosystème, sur les miracles et les dangers opérés par les pratiques génétiques et la substitution du réel par les images de synthèse, sur la disparition des liens de la famille au profit de l’individualisme et sur l’intégrité des lois des hommes. Les héros, inadaptés au monde qui les entoure, par leurs carences, leur sensibilité ou leurs rêves, se frayent un chemin entre la raison et l’amour.
Bien des années auparavant, un microbe se propageant dans l’air détruisait l’atmosphère de la planète, causant des milliards de morts. Les quelques survivants, atteints de maladies ou de difformités, furent condamnés à une mort lente, tandis qu'une élite composée de personnalités puissantes et de savants se réfugiait dans un cité protégée par des parois de verre, appelée par la suite « zone civilisée ».
Dans la zone civilisée, Jenny, internée et droguée dans un hôpital psychiatrique, veut mettre fin à sa vie, poussée par des voix qu’elle entend. Mais surprise par l’infirmière de service, elle change d’avis : elle s’échappe après avoir tué l’intruse. Elle erre alors dans le monde extérieur avec la peur qu’on s’aperçoive de sa différence. Elle rencontre un haut responsable attaché à la sécurité qui possède une autorisation particulière pour sortir des frontières de la cité. Elle l’assassine et se fait passer pour lui afin de quitter la ville et rejoindre la zone dite zone morte, la vaste partie de la planète condamnée à la désuétude.
Le Ministre Ulcan rêve depuis longtemps de trouver les moyens de transformer le métabolisme humain pour que les hommes puissent vivre à nouveau dans la zone morte et permettre au monde civilisé de s’étendre. Il se saisit de cette affaire pour faire voter au conseil planétaire une exploration de la zone morte. Une expédition spéciale y est envoyée.
Pendant ce temps, Jenny rencontre dans les ruines éparses d’une ville détruite deux survivants, Vital et son fils, Damien. Un amour fragile naît entre elle et Damien...
Vital est un survivant de la zone morte. Il traverse dans son enfance les années de terreur du cataclysme écologique, la mort d’une multitude d’individus, la maladie, la peur, puis l’extinction des survivants, la quête de l’espoir dans un monde détruit et l’indifférence de la zone civilisée qui en a réchappé et qui refuse de venir en aide aux rescapés de ce sinistre naufrage. Il connaît Carolle dont il a un enfant, Damien. Celle-ci meurt alors que Damien n’a que trois ans. Atteint lui-même d’un abcès étrange qui croît à l’intérieur de son corps et qui le laisse vivre en sursis, il élève seul son fils dans l'isolement le plus complet au milieu des ruines d’une ville défaite. Il choisit un mode de vie très simple pour Damien et pour lui, se contentant d’une couverture pour dormir à la belle étoile et de la pitance qu’il gagne en chassant. D’un caractère jovial allant parfois jusqu’à l’absurde et au fantasque, il choisit la légèreté pour faire contrepoids au drame de son existence.
Damien est le fils de Vital. Il est de sa génération sans doute l’unique enfant vivant des rescapés de la zone morte et ne présente aucun symptôme de maladie ou de déformation physique. Tandis que Vital voit le bonheur dans le contentement de ce qu’on a, Damien, lui, rêve de rencontrer d’autres êtres pour sortir des sentiers battus et se perpétuer à son tour grâce à l’amour d’une femme. Exemple qu’il prend sur son père bien qu’il affirme avoir ses idées à lui. Obsédé par son passé et son avenir, il cherche à reconstituer l’histoire et à reconstruire le monde qui l’entoure.
Jenny est née d’une couveuse dans une cité d’une zone civilisée et vit une enfance « normale » dans un centre éducatif. Toutefois, elle présente rapidement des troubles de la perception qui se matérialisent par des crises d’angoisses et des désordres cardiaques. Elle est internée à l’âge de treize ans dans un hôpital psychiatrique pour son inaptitude à intégrer la vie sociale. Elle trouve la force de s’évader de sa prison. Mais son besoin d’identité, de découverte de la vie n’arriveront pas à lui faire surmonter le conditionnement des drogues, nourri pendant de nombreuses années, ainsi qu’une certaine accoutumance à se déconsidérer.
Ulcan est un des fondateurs de la zone civilisée, ministre et membre du conseil planétaire. Il est confronté aux parois de verre dans une société où l’idéologie du bonheur, ancré dans chaque citoyen, passe par la réussite matérielle, l’extension et l’accroissement des richesses, le progrès scientifique, les avancées technologiques. Il rêve de voir les hommes de la civilisation franchir la frontière qui les oblige à vivre en autarcie, dans un espace de plus en plus réduit, en transformant le métabolisme humain pour lui permettre de résister au microbe et de se réapproprier les terres de la zone morte. Mais la zone morte suscite dans la pensée des citoyens la peur, le danger et un passé que la conscience collective ne souhaite pas réveiller. Pour faire voter une expédition spéciale dans la zone morte, il va profiter de l’évasion de Jenny et déguiser ses recherches en patrouilles de police, parties pour capturer une renégate dont l’existence menace l’équilibre et la nécessité de la « normalité ».
Les autres personnages représentent différents citoyens de la zone civilisée et forment ainsi plusieurs visages d’un même corps. Leurs paroles et leurs actions dépendent toujours de ce qui leur a été inculqué par la société. Très soucieux du regard des autres, leur conduite, régie par des codes et des règles rigides, bien que basés sur la raison, manque de sincérité. L’apparence du bien ne résulte toutefois pas du bien véritable et crée une certaine malice inconsciente qui pervertit les individus qui croient appartenir à un ordre parfait.
La science-fiction nous plonge dans des espaces imaginaires qui nous projettent dans un autre temps, dans un autre lieu. Elle répond aussi à la nécessité de donner corps à toutes les questions que soulève le présent sur l’avenir. De quoi sera t-il fait ? C’est un genre qui s‘est déjà fait une large place dans la littérature, le cinéma, les arts plastiques et qui pourtant est peu porté au théâtre. Il s’agira ici de lui apporter une dimension honorable.
Plusieurs points seront traités dans la mise en scène :
- Les conséquences désastreuses de l’évolution des hommes dans leur quête de richesses, de savoirs et de pouvoirs par la confrontation des personnages avec ses ravages, ses dépendances, ses poisons. Leurs seules armes sont la nécessité, l’humour, le désir et l’espoir.
- Les grandes possibilités et potentiels apportés par cette même quête de richesses, de savoirs et de pouvoirs, développés par des hommes de pouvoirs, corrompus ou intègres qui instaurent les règles du jeu obligatoires pour maintenir les forces et l’ordre de l’ensemble des rouages de la civilisation. La mise en scène sera amenée à parodier certains faits de notre société actuelle : intrigues et discours politiques et manipulation des médias. L’écran jouera plusieurs rôles : le réflecteur, l’émissaire, mais aussi les yeux qui guettent, et comme un point d’interrogation, le rôle de celui qui plonge les êtres dans le sommeil et la dépendance de l’illusion.
- Différentes conceptions du bonheur.
Avec le personnage de Vital, c’est celle qui abdique et reste en dehors des agitations et des vicissitudes du monde au profit d’un bonheur qui ne se projette pas au-delà de ce qui est possible dans le présent.
Avec Damien, c’est celle qui trouve le bonheur dans la construction de sa vie personnelle et de son avenir tels qu‘il les a idéalisés.
Avec Ulcan, c’est celle qui trouve son compte de bonheur dans l’évolution positive de la civilisation.
La philosophie du bonheur qui passe par le bien-être matériel et sa stabilité est également suggérée à travers la vie des personnages qui représentent la zone civilisée.
Le langage est le reflet de la vie des personnages. Il reflète aussi ce que nous ne disons pas et, dans cette trahison, nous révèle à nous-même. Ceux de la cité ont un langage arrangé, ordonné, codé. Les personnages parlent un langage bien appris, mesuré, enfermé dans des lois. C’est un langage fonctionnel où l’émotion et l’humeur n’apparaissent qu’en filigrane. Au contraire, le langage des survivants de la zone morte est démesuré, éclaté, tantôt absurde, tantôt spirituel, cherchant refuge dans la poésie ou la tendresse. Pourtant au travers de ce débordement apparaît une certaine logique, guide et passerelle des émotions.
Tandis que les rescapés de la zone morte, vêtus de guenilles, vivent en extérieur, soumis aux intempéries, dans un désert aride parsemé de ruines et de débris, ceux de la zone civilisée vivent dans des cellules closes exiguës et confortables, dans des uniformes satinées, non sans quelques extravagances. Les étranges sonorités, conflits de bruits et de musique, viennent appuyer le rythme de la pièce.
J'ai adoré cette pièce qui ma fait rire et pleurer. J'ai trouvé les comédiens admirables et le mélange des genres étonnant. Elle vaut le détour! Allez voir vous serez surpris.
Le Soleil des Renégats est sans aucun doute le meilleur spectacle et le plus original actuellement sur Paris.
Avis partagé : avec un sujet aussi essentiel, ça aurait pu être intello et ennuyeux ; pas du tout, il y a de l'humour, des personnages haut en couleurs, de l'action, on ne s'ennuie pas une seconde ! et puis, quel beau texte...
Je suis d'accord, un bon 9 sur 10 pour cette pièce très imaginative. De la science-fiction, mais peut être pas si éloignée que ça.
J'ai adoré cette pièce qui ma fait rire et pleurer. J'ai trouvé les comédiens admirables et le mélange des genres étonnant. Elle vaut le détour! Allez voir vous serez surpris.
Le Soleil des Renégats est sans aucun doute le meilleur spectacle et le plus original actuellement sur Paris.
Avis partagé : avec un sujet aussi essentiel, ça aurait pu être intello et ennuyeux ; pas du tout, il y a de l'humour, des personnages haut en couleurs, de l'action, on ne s'ennuie pas une seconde ! et puis, quel beau texte...
Je suis d'accord, un bon 9 sur 10 pour cette pièce très imaginative. De la science-fiction, mais peut être pas si éloignée que ça.
Quel plaisir de voir qu'on peut encore trouver de la vraie bonne création à Paris. Le texte est beau et poétique, les comediens et la mise en scène sont superbes. Il y a vraiment beaucoup d'imagination là dedans. Et puis de la science-fiction, vous en avez déjà vu beaucoup au théâtre ?!
5, passage de Thionville 75019 Paris