Et si on était moins intelligent que les autres ? Quitter l’île du cancre à tout prix ? « Désolé professeur, je ne comprends pas ». Le cancre dévale sur son toboggan à la recherche de celui qui voudra bien accepter de comprendre sa différence. On ne naît pas cancre, on le devient, et tout le monde a le droit de s’en sortir.
Nous sommes plongés ici dans ce combat, celui de Daniel Pennac qui a connu l’expérience de l’ignorance, cette douleur, et rencontré un jour la lumière, repêché in extrémis par quelques professeurs attentifs à l’adolescent en péril. Les chagrins glissent sur les rires, les rires sur les chagrins.
D'après Chagrin d'école et Comme un roman de Daniel Pennac.
« Crombey conte la réalité avec une diction précise Finalement, c’est dans son oralité douce et puissante que l’on découvre les racines du plaisir des mots. Parler les choses comme elles sont, voilà un beau remède pour venir en aide aux élèves convaincus de leur nullité, démolis par le système. De l’apparition des problèmes à la tentative de comprendre leurs raisons, (...) ce Cancre œuvre à détruire les clichés en les élevant sur scène. » Hadrien Volle, Sceneweb, 11 avril 2016
Le Cancre est né suite à une rencontre avec Daniel Pennac, venu voir mon précédent spectacle Monsieur Motobécane. Il m’est apparu la vive nécessité de composer un récit théâtral à l’aide de deux de ses oeuvres maîtresses : Chagrin d’école et Comme un roman.
J’avais rencontré un frère des bancs de l’école deux cancres qui n'avaient pas décidé de rechigner à travailler, mais simplement perdus dans leur solitude de ne pas réussir à comprendre dans les temps. Le premier, sauvé par quelques professeurs de français et de mathématiques d’un génie particulièrement attentif envers l'adolescent en péril, et le second par un professeur d'art dramatique dont je buvais les paroles.
Daniel Pennac devenu professeur, confronté à son tour aux élèves défavorisés a pris coeur de leur ouvrir les lumières du savoir : « Dans la société dans laquelle je vis, un adolescent installé dans la conviction de sa nullité est une proie, l'ogre de la délinquance le guette au coin de la rue ». Ces mots résonnent toujours encore un peu plus aujourd'hui et paraissent essentiels sur le chemin de sauver une société qui souvent enlise certains adolescents dans l’extrême repli sur soi et engendre toutes les formes de vengeance…
Dans cette aventure, le pari de l’acteur-concepteur est de communiquer une émotion différente de celle de la lecture… Essayer d'incarner. Si la vie des mots prend forme et corps en direct, on peut alors prétendre ouvrir encore un nouveau chemin mystérieux sur le texte par toutes les émotions que peuvent procurer la simple présence du corps liée à la parole. La mise en scène est dans le même respect de privilégier le mot. L’effet scénique est avant tout la mise en scène du verbe dans la bouche. Il ne peut être ailleurs.
Bernard Crombey,concepteur, adaptateur et acteur
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris