Nicolas Bonneau enquête sur la genèse d’un mythe, celui du match entre Mohamed Ali et Georges Foreman à Kinshasa en 1974. Le fait réel devenu légende représente une source fascinante d’inspiration pour le conteur qui, sur scène, allie récit et documentaire.
Depuis 2010, l’artiste associé du NEST mène un ample travail d’investigation : immersion dans des salles de boxe, voyage au Zaïre, collectage auprès de témoins de la rencontre. Pas à pas, il remonte le fil d’une épopée relayée avec emphase par les médias du monde entier. En effet, derrière le spectacle sportif se cachent des enjeux politiques d’envergure. Mohammed Ali gagne le combat avant tout par la parole, une parole militante aux côtés des mouvements Black Power en lutte pour les droits des Afros-Américains.
Le combat du siècle est le fruit de la recherche du comédien conteur. Il invente un théâtre du réel nourri par une langue à la fois concrète, musicale et poétique pour raconter l’énergie de l’Afrique, l’émotion tragique d’un combat et le vertige de la victoire sur le ring.
C’est un projet que je nourris depuis longtemps. Je le dois à la vue du film documentaire When we were kings réalisé en 1996 par Leon Gast, puis à la lecture du livre de Norman Mailer The Fight , qui relatent tous deux l’incroyable histoire du plus grand combat de boxe du XX° siècle.
Peut-être aussi à mon goût de la boxe depuis le premier Rocky que nous nous racontions dans la cour du collège, après chaque diffusion du dimanche soir.
Peut-être aussi au ralenti noir et blanc de Raging Bull de Martin Scorsese.
Ou à l’image d’Ali, allumant la flamme olympique à Atlanta, la main tremblante de Parkinson.
Ou à mon goût de la politique : Cassius Clay devenu Mohamed Ali, poète et sportif, Don Quichotte de la cause noire, années 60, son amitié avec Malcom X, droits civiques, ségrégation, Kennedy, guerre du Vietnam, retour aux racines du continent africain, musique noire, Seventies...
Au départ, je voulais raconter ce Combat du siècle à la façon d’un ciné concert, devant un mur d’images avec Mikael Plunian à la musique live. Le projet a depuis évolué et s’est séparé en deux.
D’un côté, ALI 74 , ciné récit concert inspiré du Combat et joué devant un écran où sont diffusé les images du combat.
Et de l’autre, Le Combat du siècle, construit comme une épopée contemporaine, où je continue d’explorer ce qui fait ma spécificité depuis plusieurs projets : l’enquête, l’immersion, le côté documentaire mélangé à la fiction. J’ai ainsi fréquenté les salles de boxe et fais le voyage jusqu’à Kinshasa, afin de marcher sur les traces de ce combat mythique, espérant y découvrir les éléments d’une nouvelle histoire à raconter.
Ce n’est finalement pas tant la boxe qui m’intéresse, mais bien de comprendre comment se construit une légende contemporaine, et chose fascinante pour un conteur, comment Ali a réussi à gagner un match de boxe perdu d’avance grâce à la force de la parole.
Nicolas Bonneau
15, route de Manom 57103 Thionville