Le crime de Flo

du 4 au 17 février 2010
2 heures

Le crime de Flo

Comme chaque année, Florence Sénéchal, dite Flo, se rend sur la tombe de son mari Anthelme, et de son fils Aurélien, suicidé. Trente ans plus tôt, Flo avait été condamnée et emprisonnée pour avoir empoisonné son mari. Procès qui fut révisé, l’examen de la terre du cimetière révélant des doses naturellement mortifères d’arsenic... Dès avant l’arrivée de Flo, en ce jour des morts, le lieu est hanté par deux fossoyeurs surnaturels et sulfureux.
  • Une pièce ubuesque et tragique

Après La passion d’Alexis, Cynthia Gava continue d’explorer l’œuvre du poète dramaturge Jean Gillibert.

Toussaint 1980, en Indre-et-Loire, dans le cimetière de Chinon : comme chaque année, Florence Sénéchal, dite Flo, se rend sur la tombe de son mari Anthelme, et de son fils Aurélien, suicidé. Trente ans plus tôt, Flo avait été condamnée et emprisonnée pour avoir empoisonné son mari à l’arsenic. Procès qui fut révisé dix ans plus tard, l’examen de la terre du cimetière révélant des doses naturellement mortifères d’arsenic : Flo fut libérée.

Dès avant l’arrivée de Flo, en ce jour des morts, le lieu est hanté par deux fossoyeurs surnaturels et sulfureux, ceux-là mêmes qui ont enterré le mari et le fils : ces sbires - cousins autant de Jérôme Bosch que des Marx Brothers - vont mener une danse macabre, du magique au religieux, en passant par le burlesque et le fantastique, à travers les méandres de la mémoire du crime. Car la nuit précédente, confusément, le père mort, Anthelme, leur a parlé...

  • Du magique au religieux, des enfers au ciel

"Dans la mesure où se fait plus obscure ou plus faible la réflexion consciente, plus rayonnante et triomphante s’avance la grâce." Kleist

Pour être jouée oniriquement, l’oeuvre doit devenir pour les acteurs une nécessité, au-dela des strates indispensables de ludisme. Il s’agit moins de jouer ou d’être que de devenir, c’est-à-dire être envahis par le devenir de l’oeuvre et ainsi de l’incarner.

Il nous faut explorer les passages secrets entre la vie et le théâtre afin de donner à cette fiction en marche toute sa vérité de destin. Enfin, grâce au travail partagé, retrouver l’esprit véritable de troupe, associant solidarité et singularité, c’est-à-dire persistance de l’individu dans le collectif et émulation de l’un par l’autre. Transgressive, la pièce repose sur une réalité psychique qui sait être tout autant ubuesque que tragique. Elle se veut caricaturale. Bouffonne et existentielle - en cela les sbires fossoyeurs seront à la fois clowns sacrés, fantômes ou fantoches et devront nous donner l’illusion d’un surnaturel de pacotille. Ils pourront nous inquiéter, nous terrifier: démoniaques, carnavalesques, grossiers, fraternels avec les morts, ils parleront une langue oraculaire.

La pièce se déroule dans un cimetière, avant l’arrivée de Flo ; ce lieu est d’avantage un lieu de profanation, de magie dans lequel les sbires-fossoyeurs rient et pleurent la longue vie des morts, jouent pour eux une démonologie. Nous devrons également trouver accès dans un « brûlé vif » pour que le langage soit véritable. Avec l’arrivée de Flo, femme simple, populaire (jeu plus proche du cinéma) le cimetière s’anime : l’humus des âmes défuntes et dans le lointain l’obscure voix du mort (son mari) se déchire et demande vengeance. Flo veut se châtier elle-même, mourir d’elle-même, la société ne doit pas s’en mêler- mourir en grâce-! Par l’évocation menée par les sbires du mort d’Anthelme, c’est Aurélien qui apparaîtra, le fils suicidé, sacrifié; on entrera alors dans le religieux (dans le sens d’être relié aux humains). Le tragique est très proche, simple et dru.

Nous avancerons dans notre travail sur le plateau à la lueur de ces réflexions : mourir de grâce ! Encore un instant M. le bourreau ! La grâce mystique, la grâce présidentielle, grâce à la mort... qu’obtient-on ? Et enfin, « la mort, grâce des grâces, c’est là le crime ». Décor, lumière, musique: une conjonction des 3 et non une addition.

Cynthia Gava

  • Note du compositeur

La musique est une partie intégrante de la narration, elle accompagne le crime de Flo, dans son va et vient entre un monde rabelaisien et le monde contemporain traversé par les guerres et caractérisé par les premières exterminations de masse : Auschwitz et Hiroshima. Les voix souterraines des morts articulent le contre point musical, comme la musique occidentale commence dans les cryptes pour émerger à la fin du Moyen âge et de la Renaissance dans les grands vaisseaux : cathédrales, basiliques, pour exprimer une grâce lumineuse, reflet de l’humanisme.

Berry Hayward

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Spectacle terminé depuis le mercredi 17 février 2010

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