Le dindon

Attention changement de distribution : 
A partir de début juin Jean-Luc Moreau est remplacé par Olivier Lejeune
A partir du 16 juin Françis Perrin est remplacé par Jean-Paul Bordes

Molières 2002 - Meilleur créateur de costumes : Pascale Bordet

• A propos du Dindon…

Lucienne est poursuivie jusque dans son salon par Pontagnac, séducteur invétéré. Elle appelle à son secours Vatelin, son mari, qui reconnaît en Pontagnac un vieil ami et qui s’amuse de la situation. Survient Rédillon, amoureux transi de Lucienne qui le tient à distance. Si Pontagnac n’avait pas menti en affirmant que son épouse demeurait à Pau (dans le Béarn) paralysée par ses rhumatismes. Si Vatelin n’avait pas fauté à Londres avec Maggy Soldignac, une fougueuse anglaise.  Si celle-ci n’avait pas accompagné son mari à Paris.
Si ce dernier ne retrouvait pas Armandine, adorable cocotte, à chacun de ses voyages « d’affaire » . Si Monsieur et Madame Pinchard n’étaient pas venus fêter leur anniversaire de mariage (25 ans !). Si Rédillon avait une meilleure résistance après une nuit d’amour… Si ce petit monde (et bien d’autres !…) ne se retrouvaient pas par une « feydelienne » fatalité dans la chambre 39 de l’hôtel Ultimus. Si Georges Feydeau n’avait pas le génie des situations qui s’enchaînent et s’entremêlent inéluctablement agrémentées d’un dialogue irrésistible et percutant, Le Dindon serait resté dans sa basse-cour et n’aurait jamais joué dans la cour des grands pour le régal partagé des comédiens et des spectateurs. Le Dindon est un chef d’œuvre qui nous met en présence d’un prestigieux « face à farce » nous conduisant tout droit à la grande comédie.

Francis Perrin

• Georges Feydeau par Sacha Guitry

Je pense qu’aucun homme, jamais, ne fut plus favorisé que lui par le Destin. Il avait dans son jeu, tous les atouts : la beauté, la distinction, le charme, le goût, le talent, la fortune et l’esprit. Puis, le Destin voulant parachever son œuvre, il eut ce pouvoir prodigieux de faire rire des personnes assemblées dans ce but. D’autres me direz-vous, l’avaient eu avant lui et d’autres l’ont encore, ce pouvoir. Eh bien, non !
Ce que d’autres ont eu, ce que d’autres ont encore, c’est le don de faire rire, cela en est la possibilité - et ce n’est pas moi qui vais contester à Courteline son génie ou à bien d’autres leur talent ou leurs trouvailles – mais lui, Georges Feydeau, ce qu’il avait en outre, ce qu’il avait en chef et sans partage, c’était le pouvoir de faire rire infailliblement, mathématiquement, à tel instant choisi par lui et pendant un nombre défini de secondes. Ses pièces étaient conçues, construites, écrites, mises en scène et jouées à une cadence particulière et que vingt ans après sa mort, on est tenu de respecter.
Ses vaudevilles, puisque c’est ainsi que l’on appelle ses œuvres, portent sa marque indélébile. D’autres vaudevilles ressemblent aux siens, mais les siens ne ressemblent pas aux vaudevilles des autres. Faites sauter le boîtier d’une montre et penchez-vous sur ses organes : roues dentelées, petits ressorts et propulseurs – mystère charmant, prodige ! C’est une pièce de Feydeau qu’on observe de la coulisse. Remettez le boîtier et retournez la montre : c’est une pièce de Feydeau vue de la salle – les heures passent naturelles, rapides, exquises…