Un soir, dans la banlieue de Londres, vers 1950. Un jeune homme recueille chez lui un marginal qu’il a sauvé d’une bagarre mal engagée dans un bar.
Très vite, et malgré les explications embrumées de ce dernier sur sa situation et son passé, le jeune homme lui propose de passer la nuit chez lui, puis de s’installer dans son appartement en devenant le Gardien de l’immeuble.
Davies reçoit alors la visite « musclée » de Mick, un homme instable et violent qui se présente comme le frère d’Aston.
Ainsi se met en place la spirale infernale…
On retrouve dans Le Gardien tous les ingrédients des pièces de Pinter de l’époque : l’action se déroule dans un environnement clos, où les êtres sont livrés à eux-mêmes. Les personnages révèlent une faille dans leur identité, trace visible d’un insaisissable passé qu’ils tentent vainement de reconstituer à travers des récits flous et contradictoires. Les conversations les plus banales se révèlent être l’espace privilégié de stratégies de domination physique, psychologique, voire sexuelle.
Harold Pinter montre ses personnages sous leurs facettes les moins glorieuses, semblant décortiquer les germes du fascisme à l’échelle de l’individu. Le rapport à l’autre ne fait que renforcer le sentiment de solitude et de violence. Pinter y met en exergue le côté irrationnel du dialogue et la vacuité du langage.
Pinter est un héritier du théâtre de l’absurde. Il y a une chose très intéressante dans ses pièces : le décalage entre la légèreté apparente de ce qui est dit et la profondeur des non-dits. Ce décalage laisse une grande part à l’imagination, c’est un terrain de jeu incroyablement excitant pour un metteur en scène, pour un comédien, mais aussi pour chaque spectateur.
Ma vision de l’histoire que j'ai essayé de ne jamais imposer au spectateur, c’est une étude, une dissection du « trio ». L’arrivée d’une troisième personne dans un duo, quel qu’il soit, c’est toujours une révolution. Dans mon approche du Gardien, je n’ai pas cherché à présenter une histoire « vraisemblable ». Ce que j’ai souhaité mettre en avant, c’est justement la beauté absurde de cette histoire. J’essaie en permanence de stimuler l’imagination du spectateur, de l’amener à se poser toutes les questions auxquelles le texte ne répond pas, en les laissant libre de décider quelles seront ses réponses.
Je n’ai aucune réponse à apporter, chaque spectateur repartira avec sa propre histoire, son propre Gardien.
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