En pleine représentation, un personnage se révolte contre son auteur. Il refuse le destin qui lui a été tracé. S'engage alors un rapport de force entre l'écrivain et sa créature.
« Arnaud Denis est intelligent et [...] il est en perpétuel déséquilibre entre toutes les conventions du théâtre » Télérama
« Très intéressant... » Figaro
« Une pièce originale, profonde, indispensable. » De la cour à jardin
« Une écriture toute en trompe-œil qui happe le spectateur, impeccablement servie par les comédiens. A voir. » Théâtr'elle
« Pièce à voir et à revoir tant chaque phrase, chaque mot, incarnés avec brio, exaltent et ont du sens. Bravo ! » Patricia Lacan-Martin, Reg'arts
« Arnaud Denis est metteur en scène de son oeuvre et il s’entoure d’une équipe brillante. Le décor d’Erwan Creff crée l’illusion de la perspective infinie, tandis que les lumières de Laurent Béal installent les apparences. Marcel Philippot interprète admirablement le père revêche, tyrannique, incompris, qui se sent « trop vieux pour avoir des illusions », comme Faust « trop vieux pour être sans regrets. » Face à lui, Audran Cattin, joue la fragilité avant de devenir révolté puis autoritaire et cynique. Belle évolution du personnage ! Grégoire Bourbier donne au régisseur des accents protestataires. Mais on convient enfin de l'importance du public car : « C'est celui qui est dans la salle qui a le pouvoir. » Voilà la vérité vraie... » Ddumasenmargedutheatre
En pleine représentation, un personnage s'arrête dans sa trajectoire. Il ne sait plus où il est, il ne sait plus quoi dire, comme figé dans un état de panique. La voix de l'auteur résonne dans la salle. Il parle doucement à sa créature, afin de la guider. Il demande à son personnage de reprendre le cours des choses. Il use de douceur et d'autorité pour que la représentation reprenne coûte que coûte. Mais le personnage se révolte. Il refuse de dire les mots de son créateur, qu'il juge pauvres et sans intérêt. L'auteur lui signifie que son destin est déjà tracé : dans quelques répliques il va se suicider en se tirant une balle dans la tête. Le personnage refuse son destin, argumente qu'il n'aurait aucune raison de commettre un tel acte, qu'il est heureux dans la vie. Le rapport de force va s'intensifier jusqu'a ce que l'auteur pousse sa créature au geste fatidique. En effet, à la fin de la représentation, le personnage accompli son destin : il se suicide.
Au deuxième acte, lors de la représentation du lendemain, le personnage refuse à nouveau son destin tragique. Il refuse de recommencer tous les soirs. Il n'arrive pas à dire les phrases de l'auteur, et lui demande de monter sur scène pour lui montrer comment il faut dire son texte. L'auteur accepte cette idée, et dès lors les rapports s'inversent progressivement, inexorablement. Le personnage prend possession de son créateur, lui pose des questions sur sa vie intime, sur les rapports avec son fils qui sont compliqués, il lui fait douter de la qualité de son écriture. L'auteur sombre de plus en plus sans s'en rendre compte. A la fin de la deuxième représentation, poussé par son personnage, il commet à son tour un suicide sur scène. Un vrai. Il ne pourra pas recommencer le lendemain comme son personnage qui, quant à lui, reprend sa liberté.
Ce texte se veut être une réflexion sur l'art du théâtre, ses codes et ses conventions. Le théâtre comme métaphore de la création du monde. L'auteur est tout-puissant, tel un Dieu vengeur qui a tous les pouvoirs sur son sujet. Il s'ouvre ici comme un portail entre deux mondes, où le personnage fictif devient de plus en plus réel, et on ne sait plus trop ce qui est " pour de vrai " . Il s'agit aussi d'une réflexion sur le destin, le libre arbitre. Peut-on échapper à ce qui a été écrit, à ce qui correspond à notre caractère, à notre génétique, à nos états d'âme ? La vie est une immense scène, et chaque personnage a son créateur, qu'il peut décider d'affronter, de remettre en question. Les thèmes de la paternité, de la filiation sont aussi abordés. Comment un parent (l'auteur a un fils, image qu'il a transposée chez son personnage) peut mal aimer son enfant au point de ne jamais lui accorder sa chance de réussite, de ne jamais croire en lui. Le personnage affronte son auteur comme on affronte un père dangereux et toxique. Comme on affronte une entité religieuse, un gourou. Il trouve sa liberté par la mort de son créateur.
Arnaud Denis
23, rue de la Huchette 75005 Paris