Elle rompt. Annie, la quarantaine, vient chercher ses affaires. Deux adolescents bacheliers, son fils et sa fille, l’interrogent, la jugent ou la soutiennent. Écrivain, ses cinquante ans scotchés à son canapé, Alban conteste et se contient. Homme tassé, cassé, il fait des phrases pour retrouver un semblant de dignité. Mais Annie part, quitte le salon huppé et le confort acquis.
Elle affronte ses enfants et son mari, choisit le plaisir, la légèreté, une nouvelle vie l’attend ailleurs. Et les ados bûchent entre deux engueulades sur un autre problème posé par le prof de philo : la conscience est-elle compatible avec le bonheur ?
Le metteur en scène Arnaud Meunier s’est emparé jusqu’ici des écritures les plus contrastées et singulières : Pasolini, Hirata ou Vinaver. Avec Le Problème de François Bégaudeau, il opte pour un nouveau parti pris formaliste : l’ultraréalisme. Tout se joue en un temps réel, unique. Un seul espace familier occupe la scène : le plateau. Chacun parle sa langue ordinaire, domestique.
Paroles d’ados ou de parents. Dans ce théâtre immédiat, essentiel, l’humanité telle qu’elle est apparaît engluée dans ses convenances bourgeoises et sa morale étriquée : une femme n’abandonne pas son mari et ses enfants. Annie, figure à la fois flamboyante et banale d’une libération féminine, quitte le foyer. Plus grave, elle remet en cause la nature même du drame : au final, en quoi est-ce un problème ?
Auteur de la palme d’or cannoise Entre les murs, François Bégaudeau livre une première pièce antithéâtrale, objet d’orfèvre radical où le réel plus vrai que nature taille dans le vif des conventions et de la bienséance. Un quatuor où, au bout du compte, la famille semble devenir une agora possible, un drôle de lieu de parole juste et libre.
« Ce joli texte subtil-fragile (...) revêt une force singulière dans la mise en scène habitée d'Arnaud Meunier (...). Son travail très fin, presque musical - une note pour chaque mot -, met en relief tous les possibles. (...) L'étonnant décor signé Damien Caille-Perret (...) crée un monde singulier, presque flottant. Les comédiens s'y déploient avec une rare sensibilité. (...) Pour son entrée en scène, Bégaudeau est vraiment bien servi.» Les Echos, Philippe Chevilley
« Si le dramaturge est habile en ses effets verbaux, si Arnaud Meunier est sobrement efficace dans sa mise en scène, si Jacques Bonnaffe, Anais Demoustier et Alexandre Lecroc sont authentiquement justes dans leurs personnages, c'est à Emmanuelle Devos que reviennent les lauriers les plus mérités En effet, la comédienne,(...) réussit une composition sincère et émouvante qui offre a cette heure de décision une intensité décisive.» La Terrasse, Catherine Robert
« (...) François Begaudeau possède un don il sait " choper " le langage d'aujourd hui Sa piece est a prendre pour ce qu elle est du " théâtre Polaroid " . » Le Monde, Brigitte Salino
« (...) Mis en scène avec subtilité par Arnaud Meunier, très bien joué par Jacques Bonnaffé, Emmanuel Devos et deux jeunes acteurs éblouissants de vérité (...), ce petit chef d'oeuvre pose une question déplaisant mais cruciale : y a-t-ul encore en nous, hyper-civilisés, la force d'aimer ? » Le Nouvel Observateur, Jacques Nerson
« Pour sa première pièce, François Bégaudeau bénéficie d'interprètes éblouissants, les parents, Emmanuelle Devos et Jacques Bonnaffé, mais aussi les deux enfants.(...) La pièce de François Bégaudeau est épurée, linéaire : du théâtre documentaire, furtif et indiscret comme une émission de télé-réalité, avec ce qu'il faut d'humour pour faire passer l'inévitable pathos.» L'Express, Philippe Alexandre
« (...) Les silences sont pesants, mais si bien soutenus. Tout se joue en temps réel, c'est la grande force du texte. On y est. (...) » Elles, Marion Ruggieri
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