Le procès

Qui aborde Bruno Netter - comédien aveugle, initiateur du projet - et lui demande de ses nouvelles, s’entend répondre immanquablement : « Ça va… malgré tout. » Cette parole n’est pas sans évoquer à la fois l’intrépidité de Joseph K. et le courage magnifique de ces comédiens « différents » qui composent pour majorité la distribution du Procès. Une pièce belle, étrange, drôle et envoûtante.

Un « cauchemar hilarant »
Quel procès ?

La presse

Le Procès de Kafka vient à la suite du Malade imaginaire joué naguère par une troupe composée pour majorité de comédiens handicapés avec, à leur tête, Bruno Netter, lui-même aveugle. Il nous a semblé aller de soi de reconduire exactement la même équipe, tout d’abord par fidélité mais aussi parce que Le Procès, au même titre que Le Malade imaginaire, peut être considéré comme la fantasmagorie du personnage central.

Ma relation avec Kafka est passée par la mise au jour de l’aspect onirique de son œuvre. On se souvient, peut-être, du spectacle Rêves que j’ai mis en scène en 1984. Une étrange rencontre s’est effectuée dans mon esprit entre ces comédiens qui ont joué Le Malade imaginaire et l’univers insolite de Kafka.

L’adjectif « kafkaïen » est le signe d’un malentendu sur l’œuvre de l’écrivain pragois s’il désigne l’aspect d’administration inhumaine qui se trouve dans Le Procès n’être qu’un thème parmi d’autres : Kafka ou la bureaucratie ! Ce cliché masque les singularités bien réelles, ainsi que la dynamique proprement délirante du récit.

Tout d’abord, le personnage de Josef K. : on se le représente toujours littéralement accablé. Au contraire, K. passe son temps à réagir avec courage, avec entrain et je dirais même, avec naïveté. C’est un ressort très important : chaque rencontre lui redonne espoir, le relance dans sa quête d’une improbable rédemption; au fil même du dialogue, il ne cesse de courir après sa chance et d’y croire. Certes, son affaire est d’une complexité et d’une absurdité diaboliques, mais il ne renonce jamais à tenter d’en venir à bout. Nous mettrons en scène un K. plus proche de Tintin que de Job.

Distinguons les hommes et les femmes dans les rencontres que fait Josef K. et commençons par celles-ci : madame Grubach, mademoiselle Bürstner, la femme de l’huissier, et Léni. Je me souviens d’un court récit dialogué que nous avions illustré dans Rêves.

Il se termine par cette réplique : « C’est très étrange, tu sais, quand on voyage seul la nuit sur un bateau, et que subitement il y a une femme. » Voilà, chez Kafka, toujours une femme survient et chaque fois, c’est pour le héros la charmante occurrence de s’abandonner un peu, juste un peu, à l’érotisme puis de se retenir comme au bord d’un gouffre.

Les hommes : les deux gardes, l’inspecteur, le directeur adjoint, l’huissier, le juge d’instruction, l’oncle Albert, l’avocat… Quelle que soit leur fonction, ou leur prétendu pouvoir, ils se révèlent à l’usage des pantins effrayés, drolatiques ou grotesques. Leurs discours avèrent à loisir l’inconséquence et la sottise : pitoyable et impitoyable tableau de la gestion des affaires humaines, une véritable pétaudière !

Kafka, je dirais que c’est « bringuebalant » : mais concrètement, son univers chaotique se présente comme un dédale que Josef K. ne cesse de parcourir en tout sens, d’une niche à l’autre. Une petite machinerie célibataire aberrante en sera la traduction scénique.

Comme souvent, je vois du noir : un escalier branlant avec une rampe en fer, un plumard douteux, une porte trop basse ou trop étroite, une ampoule nue qui éclaire vaguement… une vraie misère pour une histoire de fous, haletante, cruelle mais pardessus tout drôle.

Philippe Adrien

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En 1980, j’ai assisté à la représentation de Une Visite - adapté de L’Amérique de Kafka - et j’ai été enthousiasmé. L’intelligence, la sensibilité et la simplicité de la mise en scène de Philippe Adrien correspondaient à ce que je ressentais de Kafka. Quelques mois plus tard je suis devenu aveugle, mais ce spectacle reste gravé en moi, de façon magique.

Quant au Procès : quelle est la loi de ce tribunal si dérisoire en apparence, si implacable en vérité, dont la logique nous échappe et qui conduit le prévenu à l’inexorable de la mort ? La vie est l’enjeu - non pas la vie que propose la société, ou la famille ou même le rêve de l’amour, mais le feu intérieur qui mène l’homme, cette lueur qui brille au loin à travers la porte de la Loi…

Bruno Netter

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« Philippe Adrien embarque le public dans un Procès aux allures de cauchemar surréaliste… Un manège où se succèdent les situations les plus loufoques… Une ode au courage qu’offre cette troupe résolument à part. » L’Express

« La force de ce Procès est de même nature que celle du Malade imaginaire : des êtres qui ont une force très particulière et un engagement fascinant… Un cauchemar hilarant qui glace le sang et fait rire d’un même mouvement. » Armelle Héliot, Le Figaro

« Dans une ambiance en clair-obscur, des silhouettes furtives hantent le plateau, suivant Monsieur K comme l’ombre de ses mauvais rêves. Pour incarner quelques-uns des personnages fantasques que croise Joseph dans son épopée, le metteur en scène a également engagé des comédiens handicapés. (...) Leur présence, remarquable, souligne le problème de la différence inscrite dans cette pièce. Pourtant, il faut vous préparer à rire de ce procès. Car il n’y a absolument rien de sinistre dans ce « cauchemar hilarant », comme le qualifie Philippe Adrien. (...) Belle, étrange et drôle, cette pièce vous envoûtera. » Julie Rambal, Theatreonline, 31 janvier 2005

"(...) L’adaptation du Procès au théâtre ne pose donc pas de difficultés de construction. Philippe Adrien fait défiler les entretiens du héros avec, entre autres, les deux gardiens, la logeuse, un procureur, des employés de la banque où Joseph K. est fondé de pouvoir, son oncle Karl, un étudiant, un avocat et son amie Leni, un industriel, un peintre, un négociant, l’aumônier des prisons... L’adaptateur ne change pas l’ordre des rencontres, il pratique seulement des coupes dans ces dialogues. En état d’arrestation mais libre d’aller et venir à son gré, Joseph K. tient tête à ses accusateurs, dont il ne rencontre d’ailleurs pas les vrais responsables. Ce ne sont que des comparses. K. tourne en rond, ne peut rien débrouiller puisqu’il ne voit pas de quoi il est accusé. Il est accusé, c’est tout. Ses faits et gestes, et ceux des interlocuteurs, sont précisément décrits, mais tout cela reste irréel, sans raison ni objet. Philippe Adrien fait tenir plusieurs rôles par des handicapés. Un malvoyant, Bruno Netter, remarquable acteur, joue le rôle de Joseph K. Il donne le sentiment de se mouvoir dans un vide, comme l’arrêté de Kafka." Michel Cournot, Le Monde

"(...) Il y a quelque chose de naturellement grinçant dans la représentation, quelque chose de grotesque donné par les costumes, les maquillages, les paroles échangées, et quelque chose de sourdement angoissant et de déchirant, qui appartient à Kafka et que les interprètes nous rendent sensibles. On les salue, tous, qu’ils aient de longues partitions ou qu’ils apparaissent en plusieurs figures cocasses ou inquiétantes. Une troupe unie et qui laisse chacun s’exprimer personnellement. Pour rire de ce rire qui dit la férocité du monde avec des hommes et des femmes qui nous donnent, en plus, une superbe leçon de dignité et de courage." Armelle Héliot, Le quotidien du médecin

"(...) Le théâtre s’invite souvent dans les textes de Kafka, Adrien en sait quelque chose. Moyennant quoi, le dispositif de son Procès est un tourniquet : une lanterne magique, un manège de l’inconscient, une ruelle vrillée, une tour de Babel dont la construction se serait arrêtée au premier étage parce que le mécène qui la finançait a été victime d’un règlement de comptes commandité en haut lieu. Costumes, éclairages et corps clignotent du côté des distorsions, des lignes de fuite chères à ce qu’on appelait naguère outre-Rhin le « réalisme fantastique ». Bruno Netter interprète Joseph K. en modeste qui cherche à comprendre le monde, même si ce dernier est grimé d’incompréhension et doué pour le trompe-l’oeil. Entre le théâtre du bunraku et le Cabinet du docteur Caligari, Le Procès est à sa place. Tous les arbres de la Cartoucherie vous le diront." Jean-Pierre Thibaudat, Libération

"Le metteur en scène a poussé l’oeuvre vers l’extravagance, multipliant les aspects insolites, la part de mystère, un onirisme puissant. Monde de l’illusion et du cauchemar, situations comiques et noires, le spectacle est une chimère inquiétante, une réussite rigolarde et dantesque." Jean-Claude Rongéras, L'Humanité

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Sélection d’avis du public

RE: Le procès Le 11 février 2005 à 22h05

Pour se qi est du metteur en scene l'an dernier il avait joué dans ce theatre cadaves esquis qui etait une piece avec un athmosphere tres cochemardesque comme celui ci mais la c'est une des plus belle piece que j'ai vu. De plus il faut savoir que la troupe est composée de personnes handicapées, le role principal est tenu par un aveugle. La mise enscene est bouleversante d'emotion, elle m'a transpercé tout me faisait peur j'etais dans mon propre cauchemard. Je crois que une des plus belles images est la premiere qui montre que l'on est la dans un cauchemard et le voisin du dessu avec sa barbe rousse qui rigole qaund le decord tourne.

Le procès Le 16 janvier 2005 à 18h32

ravie d'etre la premiere a donner mon avis, mais a la fois décue! que font les spectateurs? la mise en scene est absolument géniale et le jeu des acteurs est vraiment fabuleux. le décors agit comme la spirale de l'esprit, celui du spectateur et du personnage principal que nous finissons par devenir... le fond sonore est aussi magnifique et complete parfaitement l'ambiance visuelle. je sens que je reviendrais ;) merci. (dites, le metteur en scene pratique-t-il l'hypnose?) Bouh!

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RE: Le procès Le 11 février 2005 à 22h05

Pour se qi est du metteur en scene l'an dernier il avait joué dans ce theatre cadaves esquis qui etait une piece avec un athmosphere tres cochemardesque comme celui ci mais la c'est une des plus belle piece que j'ai vu. De plus il faut savoir que la troupe est composée de personnes handicapées, le role principal est tenu par un aveugle. La mise enscene est bouleversante d'emotion, elle m'a transpercé tout me faisait peur j'etais dans mon propre cauchemard. Je crois que une des plus belles images est la premiere qui montre que l'on est la dans un cauchemard et le voisin du dessu avec sa barbe rousse qui rigole qaund le decord tourne.

Le procès Le 16 janvier 2005 à 18h32

ravie d'etre la premiere a donner mon avis, mais a la fois décue! que font les spectateurs? la mise en scene est absolument géniale et le jeu des acteurs est vraiment fabuleux. le décors agit comme la spirale de l'esprit, celui du spectateur et du personnage principal que nous finissons par devenir... le fond sonore est aussi magnifique et complete parfaitement l'ambiance visuelle. je sens que je reviendrais ;) merci. (dites, le metteur en scene pratique-t-il l'hypnose?) Bouh!

Informations pratiques

Théâtre Victor Hugo à Bagneux

14, avenue Victor Hugo 92220 Bagneux

Accès handicapé (sous conditions) Bar Grand Paris Hauts-de-Seine Restaurant
  • Métro : Bagneux - Lucie Aubrac à 328 m
  • RER : Arcueil - Cachan à 753 m
  • Bus : Gustave Courbet à 71 m, Jean-Marin Naudin à 157 m, Croix d'Arcueil à 308 m, Grange Ory à 317 m, Martyrs de Chateaubriant - Métro à 336 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

Théâtre Victor Hugo à Bagneux
14, avenue Victor Hugo 92220 Bagneux
Spectacle terminé depuis le samedi 9 avril 2005

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