Le récit de la servante Zerline

du 12 au 28 mai 2011
1h30

Le récit de la servante Zerline

Dans l’Autriche décadente et pré-nazie, une servante se raconte : ses amours secrètes avec les maîtres, la rivalité avec sa maîtresse, la circulation du désir et de l’érotisme, les rapports de classe… Il fallait une actrice comme Marilù Marini pour porter le personnage. Et il fallait un maître comme Hermann Broch pour inventer une servante comme Zerline. Il déroule une lente et inexorable histoire où s’affrontent mépris et désir, sagesse et violence.

Une histoire pleine de mensonges et de sombres secrets
Note d'intention
La presse en parle

  • Une histoire pleine de mensonges et de sombres secrets

C’est l’affaire de toute une vie que va raconter la vieille domestique à un locataire de passage. Comment elle fut captivée et trahie, manipulatrice et défaite, comment elle fut instruite. Une étrange affaire, qui se déplace d’un salon à un pavillon de chasse, pour se terminer en cour d’assises…

Une histoire pleine de mensonges et de sombres secrets, qui sembleront peu de chose au regard des mensonges dévoilés du désir, de l’amour et de la haine. Réfugié aux États-Unis au début de la Seconde Guerre mondiale, le Viennois Hermann Broch écrivit en 1950 Les Irresponsables, une suite de nouvelles où l’indifférence, la paresse et la lubricité révèlent le pourrissement étourdi de la société qui va porter bientôt Hitler au pouvoir.

En y convoquant une servante Zerline, une baronne Elvire et un veule séducteur nommé “Von Juna”, il ramène le mythe aux sentiments les plus crus : ici, pas de rédemption, et pas d’autre enfer que la nature humaine… Créatrice du rôle à la scène, Jeanne Moreau avait offert à Zerline les souvenirs du Journal d’une femme de chambre, où elle campait une Célestine canaille et corsetée.

Autre reflet, autre spectre : Marilù Marini s’empare de l’héroïne de Broch avec la servitude enragée des Bonnes de Jean Genet, qu’elle interpréta à l’Athénée en 2001 dans la mise en scène d’Alfredo Arias.

D’après Les Irresponsables d’Hermann Broch. Texte français et adaptation Marion Bernède et Yves Beaunesne.

  • Note d'intention

Elle aurait sans doute voulu être marin. Mais l’amère rêverie qui a bercé ses océans n’a développé en elle que les maisons closes du souci. « L’homme est solitaire, et les solitaires deviennent facilement fous » (Le Sortilège).

Cette Zerline, c’est une poule de Bresse, la gauloise blanche à crête pâle comme la paume de la main, les pattes bleues très fines, la peau comme du papier à cigarette, l’œil sombre. Elle ne liquidera pas l’animal en elle. Elle se fait joie de son existence. « Chaque jour, je dégringole pour que vous sachiez votre mensonge… »

Elle semble dire : on peut être inculte en matière culinaire et néanmoins apprendre comment devenir gourmand du monde. Ce monde-ci est déjà le vrai. Il faut vouloir vivre. Il se peut qu’il existe un endroit qui nous convienne pour une raison que nous ne comprenons pas. C’est peut-être l’air, ou le niveau au-dessus de la mer, le seul niveau convenable, un niveau idéal, où tu peux vivre heureux et libre, et dont tous rêvent. Il ne faut pas attendre d’être vainqueur pour devenir humain, ce sera trop tard.

Depuis que Zerline écoute Mozart, elle n’existe plus que par les oreilles, par ce sens du dehors et par ce sens de l’événement. Depuis Mozart, la musique est autant une révolte qu’une prière. Broch révèle la parole prophétique des femmes, ces « créatures à utérus » (Ibsen) qui disent non au pouvoir.

On gardait les canaris dans les mines. Quand les oiseaux mouraient, c’était signe qu’il n’y avait plus d’oxygène et qu’il fallait se dépêcher de fuir.

Yves Beaunesne

  • La presse en parle

 " Marilù Marini est magistrale.Pendant une heure et demie, elle tient avec une intelligence infaillible la ligne musicale tendue d'un texte où les mots dévoilent autant qu'ils dissimulent. [...] Sous son plaisir pervers, on devine son désir de revanche sociale et son trouble devant les mystères de sa conduite. Broch explore des abîmes où Marilù Marini règne. " Odile Quirot, Le Nouvel Observateur, 5 mai 2011

 " La comédienne campe un monstre humain, brisé par la mesquinerie d'une société pré-hitlérienne. La mise en scène sobre de Beaunesne permet à Marilù d'exprimer tout son talent : atroce, désirable, pathétique... Elle est magistrale. " Les Echos - Philippe Chevilley

 " Avec sa voix si particulière, sa manière d'articuler, Marilù Marini donne une couleur très mélancolique au récit de Zerline [...] qui, telle qu'elle la fait vivre, émeut profondément. " blog lefigaro.fr - Armelle Héliot

 " Incarnée par l'irrésistible Marilù Marini et mise en scène avec tact par Yves Beaunesne [...] Magistral. " toutelaculture.com - par Yael

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